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sammael world

8 mars 2013

art guerrier.....

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Le terme de "samouraï" ou "samurai" renvoie à un individu, appartenant à la classe des guerriers, au service d’un seigneur auquel il a prêté allégeance.

L’avènement des samouraïs est le résultat d’une longue gestation de l’histoire japonaise (du VIIIème siècle au XVIIème siècle). Le temps des samouraïs fut d'une durée plus modeste (du début du XVIIème siècle à 1878).

Avant même la naissance de la classe des samouraïs existait celle des guerriers (bushi 武士). C’est cette dernière qui forma, avec sa prise du pouvoir, ses valeurs morales et sa culture militaire, le terreau nécessaire à la constitution de ce corps d’élite.

Les guerriers japonais ont été successivement désignés par les termes  « mono no fu » jusqu’au VIIème siècle avant que ne soit utilisé le terme de  « bushi » (武士) à partir du VIIIème siècle. Bien que, vers le VIIIème siècle, le terme de « bushi » regroupe l’ensemble des guerriers, ce terme évoluera par la suite (vers le XVIIème siècle)  pour ne désigner que les individus appartenant à une classe sociale supérieure (excluant ainsi les samouraïs). Le terme de samouraïs désigne alors (vers le XVIIème siècle) les guerriers au service du Shôgun , d’un daimyô ou d’un chef militaire.

 

 

 

 

 

 

japon_satsuma_samurai_guerre_boshin_small

Photographie n°1: Samouraïs de Satsuma pendant la guerre de Boshin (1868). Les personnages situés à gauche présentent la célèbre coiffure "Chon-Mage".

 

armure-guerrier

Nuinobedo Tosei Gusoku (armure 2 pièces avec plaques se chevauchant légèrement) datant de la fin de l'ère Azuchi-momoyama (armure) et de l'ère Edo (masque).

Histoire.

La caste des guerriers, formation et prise du pouvoir.

L’origine des Samouraïs n’est pas clairement déterminée. Plusieurs théories s’affrontent pour expliquer l’avènement de cette classe de guerriers (population nomade, migration en provenance de la péninsule coréenne, constitution en 792 d’un corps d’élite professionnel suite à l’abandon de la conscription …).

Les premiers corps de guerriers (vers le VIIIème siècle) furent constitués sous l’impulsion de grandes familles cherchant à protéger leur terre. La puissance accumulée par certains clans fut telle, qu'au Xème siècle, un vent de sédition fit trembler le pouvoir central impérial. Le pouvoir impérial prit alors l’habitude de faire appel a de grandes familles de guerriers Minamoto (源), Tachibana, Taira (平)… afin d’assurer, la sécurité de ses membres, la stabilité les régions séditieuses et continuer la conquête des territoires du nord (Hokkaidô).

Le mot alors employé pour désigner cette garde rapprochée au service de la noblesse impériale était celui de « Saburai ». Il semble que le terme de « Samourai »,  qui fait son apparition plus tardivement, soit dérivé de ce terme.

Au XIIème siècle, tout change. En 1180 le Japon traverse une période de guerre civile nommée guerre de Gempei (源平合戦). De puissants clans de guerriers s’affrontent pour s’assurer le contrôle de la cour impériale. Chaque clan en présence les Minamoto (源) et les Taira (平) soutient un candidat différent au trône. Le 25 avril 1185, les Minamoto (源) emportent une victoire définitive sur le clan des Taira lors de la bataille navale « Dan-no-Ura ». Au moment même ou les Taira sont défaits, s’ouvre au japon une nouvelle ère nommée ère de Kamakura (1185 à 1333). Cette date, 1185, est éminemment importante dans l’histoire du Japon. Pour la première fois la caste des guerriers au Japon est suffisamment forte pour prendre le pouvoir et imposer un gouvernement militaire (bafuku). Le pouvoir restera entre les mains de cette caste guerrière jusqu’en 1868 (restauration). 

Le Japon est complètement réorganisé au profit de ces familles de guerriers. Une noblesse militaire et héréditaire (buke) est créée en parallèle à la noblesse de robe (kuge). Cette nouvelle noblesse réorganise complètement la carte politique et économique du japon qui se trouve unifié sous la tutelle d’un Shôgun . L’empereur continue d’exister mais ne conserve qu’une position symbolique.

Au XVème siècle le pouvoir central du Shôgun  est largement diminué suite à d’incessantes guerres de succession au sein de la famille des Ashikaga assumant alors cette position.  Chaque seigneur (daimyô) à la tête d’une terre suffisamment vaste se lance alors dans des guerres de conquête à l’encontre de ses voisins. Bientôt des alliances vont se nouer. Elles seront à l’origine de la constitution de grand corps de troupe très structurés pouvant réunir plusieurs centaines de milliers de combattants. Cette période de trouble, qui marque l’apogée de la domination de la classe guerrière, se poursuivra jusqu’au XVIIème siècle. A partir de cette date, le japon unifié sous les canonnades de Tokugawa Ieyasu lors de la bataille de Sekigahara (20 Octobre 1600), va connaître une longue période de paix. C’est dans cette période de paix que va prendre naissance et s’épanouir la classe des samouraïs.

l'avénement de la classe des samourais

Les Samouraïs sont au service d’un daimyô ou du Shôgun . Ils ont un rôle de protection et de police. Ils reçoivent en contrepartie de leur service une pension directement versée par leur seigneur auquel ils ont juré fidélité. Contrairement à la période antérieure ces guerriers se déplacent en kimono et non caparaçonné dans une armure. Ils formeront une élite militaire « respectant » des règles de vie et d’éthique très strictes. Ces règles, qui puisent leur source dans l’ancien code oral des « bushi » nommé Kyûba no Michi (voie de l’arc et du cheval), fut réformé couché par écrit dans un texte intitulé « Bushidô ».

Les samouraïs se distinguaient du commun par le port du chon-mage (coiffure particulière caractérisée par la tonsure d’une partie du crane) et du Daishô. Le daishô, privilège des samouraïs, est un ensemble de 2 sabres (un long (katana) et un petit).

La fleur de cerisier, fragile et éphémère, comme la vie d’un samouraï fut choisie comme le symbole de leur classe.

La classe des samouraïs subsista jusqu’aux premières années de la restauration Meiji en 1868. A cette date, partisans du Shôgun  et de l’empereur s’affrontent et à travers eux ainsi que du système d’allégeance formulé à leur seigneurs (daimyô), les samouraïs. La victoire des partisans de l’Empereur Meiji marque le glas de la classe des samouraïs.

Dès 1869, le pouvoir impérial redessine la carte sociale du japon en instaurant 4 classes. La famille impériale (kôzoku), l’ancienne noblesse (kazoku), l’ancienne classe des samouraïs (shizoku) et le peuple (heimin).

En 1876 interdiction est faite de porter le double sabre et d’arborer le chon-mage (coiffure) privilège de la classe des samouraïs. En 1878 une grande réforme vient bouleverser l’organisation militaire. La conscription est mise en place mettant définitivement à mal la classe des samouraïs. Après quelques révoltes, ceux-ci, pour survivre, sont obligés de s’intégrer au système mis en place, en entrant dans la fonction public (police, armée…). Ils formeront la colonne vertébrale d’un japon en plein renouveau ayant besoin d’une élite disponible et éduquée. La classe des shizoku (士族) est donc progressivement assimilée au commun avant d’être abolie en 1947 lors de la promulgation de la constitution japonaise.

 

la vie privée des samourais

Le statut de samouraï étant héréditaire, les fils de samouraï sont soumis à un enseignement et une discipline très stricte. Au cour de son apprentissage pétri des dogmes bouddhiste et zen, le jeune samouraï s’exerce aux arts de la guerre (équitation, maniement su sabre, tir à l’arc, lutte …), à l’écriture et à la lecture ainsi qu’à la maîtrise et au dépassement de soi.

Les samouraïs sont autorisés à se marier avec des femmes d’un rang égal ou supérieur et avec des roturières pour les samouraïs de naissance plus humble. Une dote est apportée par l’épouse au moment du mariage. Dans l’hypothèse où celle-ci est une roturière le samouraï payait une certaine somme ou donnait une exemption de taxe à la famille de la future épouse. Il était admis qu’un samouraï puisse avoir une maitresse. Bien que possible les divorces soient rares au sein de la classe des samouraïs, ils sont toujours possible aussi bien du côté de l’homme que de la femme (très rarement). Un divorce est néanmoins souvent mal venu et peut rapidement mettre dans l’embarras la personne ayant arrangé le mariage ou présenté les époux. Une des raisons possible au divorce était l’impossibilité d’avoir des enfants. Mais même dans cette hypothèse d’adoption est préférée.

Les fils issus du couple, seront samouraïs. Le nom donné au fils est souvent issu de l’association de plusieurs Kanji. Un Kanji provenant du père ou du grand-père et un nouveau kanji spécialement choisi.

Le samouraï étant souvent en « service », on attend de l’épouse d’un samouraï qu’elle ait la force et la connaissance nécessaire au maintien du domaine et qu’elle puisse assurer sa défense. A ce titre elle se doit d’être une bonne gestionnaire et de savoir manier les armes ( un long manche surmonté d'une lame: « Naginata » (なぎなた), long couteau : « kaiken ».

Sur le plan privé elle devait s’occuper des enfants et des parents et être tout à la fois humble, loyale et soumise. En dépit  de cette « idéal » féminin cela n’empêchait nullement certaine femme de posséder influence et pouvoir.

A noter que les samouraïs se livraient à la pratique du shudō (衆道) (homosexualité). Cette pratique était encouragée au sein de la classe des samouraïs. Afin que ceux-ci conserve virilité et vertus.

La vie publique du samouraï

La vie du samouraï est entièrement tournée vers les arts de la guerre et sa relation envers son maître. Il devait dans ses actes obéir à un code moral très strict nommé « Bushidō » (la voie du guerrier - 武士道). Ce code est tourné vers la loyauté, l’honneur, le sens du devoir et du service, l’endurance et la persévérance. Si jamais un samouraï venait à perdre la face il pouvait retrouver son honneur au travers du seppuku (切腹) (suicide rituel).

La relation maître/serviteur revêt une telle importance qu’un samouraï sans seigneur est appelé « Rônin » (浪人). Cette situation pouvait subvenir lors du décès de leur seigneur, ou lorsque celui-ci avait commis une faute. Devenant « Rônin » le samouraï n’a plus de raison d’être, il n’appartient plus à sa classe, et est considéré comme un paria. Il se retrouve souvent démuni ou avec des moyens très modestes.

Les samouraïs se distinguaient du commun par le port du daishô. Le daishō (大小) est le nom donné au couple de katana :« tachi » (太刀) et wakizashi (脇差). Le premier est un  sabre à longue lame l’autre possède une lame plus courte. La lame du « tachi » était originellement droite. Ce n'est qu'avec le temps qu'elle prit sa forme courbe que nous lui connaissons aujourd'hui. L’association de ces deux sabres était le privilège et le signe distinctif d’appartenance à la classe des samouraïs.

Les samouraïs utilisaient bien d’autres armes de jets et de points comme l’arc « Yumi » (弓), le sabre « tachi » (太刀), une sorte de faux « naginata », la lance « yari » (槍)… Au total plusieurs dizaines d’armes différentes étaient utilisées par le samouraï.

les casques

 

casque-samourai

Sujibachi Kabuto (casque à lamelles), œuvre de Myochin Nobuie (kao), période Muromachi, 1539

Le kabuto correspond au “casque”. Il fait parti intégrante de l’équipement des guerriers japonais. Les premiers casques ont été largement influencés par les modes et techniques de l’empire chinois tout proche. La kabuto est un bon indicateur de la société japonaise au travers les âges. Il a en permanence évolué au gré des guerres, des périodes de paix, des évolutions techniques et des modes. Les kabuto sont aujourd’hui très prisés des collectionneurs. On les classe en fonction de leur forme et époque («Sujikabuto», « Mononari», «  Boshi Kabuto », « Kawari Kabuto »…

Composition.

Le casque est avant tout un simple bol de métal (hachi) percé d’un trou (tehen) afin d’assurer une ventilation. A l’origine ce trou n’avait pour objectif que celui de laisser passer la longue chevelure des guerriers japonais. Sur ce bol se trouve fixé 4 clous matérialisant les horizons, et une visière (maebashi). La forme du casque a évolué au fils du temps. La forme ronde des débuts est progressivement abandonnée. Le casque de type «akodanari» de forme potelée et bombée , évoquant un melon, apparu vers la fin du XVème siècle. Vers la fin du XVIème siècle la mode est aux casques de formes élaborées, hautes et parfois très originales appelés «kawari kabuto».

Le casque était composé de 3 à plus d’une centaine de plaques métalliques rivetées entres elles. Ce sont ces plaques articulées qui constituaient le protège nuque (shikoro). Pour des raisons de coût et de temps, les modèles les plus récents ont eu tendance à n'être composés que d'un nombre limité de plaques de métal (voir que d'une seule plaque).

 
 

Protections.

La fonction première du casque était de protéger son hôte. Pour ce faire, un certain nombre d’éléments sont venus se fixer sur ce dernier. En premier lieu le protège nuque (shikoro). Celui-ci était constitué de plaque de métal rivetée entre elles. Le protège nuque est particulièrement imposant à partir de l’ère de kamakura (1185 à 1333 ap. J.-C.) au point de recouvrir le haut du dos. Les rivets (Hoshi) ont évolué avec le temps avant de disparaître sous l’ère de Muromachi (1333 à 1582 ap. J.-C.) allégeant et solidifiant ainsi la structure.

En sus de la visière, destinée à protéger les yeux, existaient des ailettes (fukigaeshi) ou des cornes (kuwagata) situées sur les côtés destinées à parer les coûts latéraux.

Pour protéger la face, un masque total (somen) ou partiel (menpô - moitié basse du visage) pouvait être ajouté. De même, le nez, pouvait faire l’objet d’une protection spécifique à l’aide d’une petite pièce de métal amovible. Ces protections, embarrassantes, seront abandonnées pendant l’ère Azuchi-momoyama (1582 à 1603 ap. J.-C.) avant d’être à nouveau utilisée, pour leur caractère décoratif, sous l’ère Edo (1603 à 1868 ap. J.-C.).

Photographie ci-contre: Sujibachi Kabuto (casque à lamelles) et Menpo (demi-masque), signé Echizen no kuni Toyohara ju Bamen Sadao (Sadao, de l'école Bamen, habitant Toyohara, province d'Echizen) fin période Muromachi (casque) à période Momoyama (masque), fin 16ème siècle.

 
 

Ornement.

Passé le faste de la période de kamakura (1185 à 1333 ap. J.-C.) où les casques étaient ornés, par exemple, de cornes imposantes, Muromachi (1333 à 1582 ap. J.-C.) est une période plus austère. La sobriété apparente des casques durant cette période s’explique par les changements s’opérant sur le théâtre des champs de bataille. La guerre devient plus mobile, les groupes de combat plus petits et la nécessité de se singulariser pour diriger de grand mouvement de troupe perd de son intérêt.

Sous l’ère Azuchi-momoyama (1582 à 1603 ap. J.-C.) la démesure est de rigueur. Sous se florilège de création, qui  n’a d’autre objectif que celui d’affirmer sa puissance, tous les thèmes son abordés (animaux, mythologie, éléments naturels…). Il est entendu que ce type de casque était réservé aux seigneurs (daimyô) et généraux. La piétaille (soldats à pied) n’avait pas l’autorisation de revêtir ce type de casque. Le simple soldat ne portait qu’un chapeau plat nommé « jingasa ».

L’ornementation latérale des casques porte le nom de « wakidate, sur le dessus « maedate », au sommet « kashiradate » et à l’arrière « ushirodate ». Le « mon », symbole de la famille ou du clan, était souvent frappé sur le casque.

Sous  l’ère Edo, alors même que le Japon traverse une relative stabilité, les casques continuent à être produits. La rivalité entre puissants ne se faisant plus sur les champs de bataille, elle trouve à travers des décors ostentatoires des kabuto un nouveau moyen d’expression.

Dès le début de l’ère Meiji (1868 à 1912 ap. J.-C), les grandes réformes sociétales mises en place par l’empereur, la « révolution » technique et scientifique transformant le pays, l’interdiction du port du sabre (1876), la conscription obligatoire, font tomber l’armure en désuétude.

Photographie ci-dessus: le casque représenté est constitué d'une coiffe de fer surmontée d'une structure en papier-mâché qui représente une coquille Saint-Jacques géante. Toutefois, si l’on observe attentivement ce casque, la forme peut prendre un aspect différent. Ce qui paraissait correspondre à la charnière de la coquille semble représenter des nageoires de poisson et un corps avec une queue frappant l'eau énergiquement

kabuto-casque

Sujibachi Kabuto (casque à lamelles)

casque-japonais

Oitaragainari kawari kabuto

(casque en forme de coquillage)
Début de l'époque Edo, 17ème siècle
Fer, lacets, papier-mâché

 

les masques

 

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Somen (masque complet), œuvre de Myochin Ki no Munenaga, 1710.

Le guerrier japonais (bushi - 武士) se protégeait le corps lors des combats à l’aide d’une armure constituée de multiples lamelles.

Cette armure était composée de 8 éléments essentiels: une cuirasse (do), une protection des épaules (sode), des brassards (kote), une jupe (kusazuri) et une sous jupe (haidate), des jambières (suneate), un casque (kabuto) et... un masque (mengu) qui complétait l’armure et finissait le système de protection du guerrier.

Le masque est en lui-même une petite œuvre d’art aujourd’hui très prisé de certains collectionneurs.

Le masque était maintenu en place grâce au cordage (Shinobi-no-o) du casque noué sous le menton. L'ensemble était sécurisé par 2 petits crochets (Ori-kugi) ou 2 petites pointes (Odome) se trouvant sur le haut des pommettes du masque.

Un petit trou (Ase nagashi no ana) situé sous le menton faisait office de ventilation et permettait d'évacuer les "liquides". Une pièce de tissu était souvent placé au niveau de menton. Celle-ci servait à la fois de calle, absorbait la sueur et évité l'abrasion de la peau.

Sur certaines pièces le nez se trouve être détachable. Ceci permettait au porteur dudit masque de pouvoir se moucher sans intégralement retirer sa protection.

Si les masques offraient une certaine protection lors des combats, ils gênaient en revanche la respiration, la vision et les mouvement de la bouche de ceux qui les revêtaient.

demi-masque-japonais-samourai

Menpo - demi-masque

Composé de cuir (Nerigawa) et/ou de fer. Ils étaient ensuite laqués à l'extérieur comme à l'intérieur (pour éviter que la peau ne se trouve être trop irritée). Le masque reprenait les traits d’un visage humain, d’un esprit (kami) ou d’un démon de manière parfois très réalise. Chaque école de forge avait son style, sa pate… L’apparence du masque n’est pas anodine. L’effet recherché était le plus souvent celui de terroriser ou pour le moins impressionner son adversaire. A titre d’exemple, sur certains modèles, les dents, saillantes à dessin, étaient accentuées à l’aide d’or ou d’argent.

Il existe plusieurs types de masques. Ils sont catégorisés en fonction des parties protégées du visage.

Certains couvrent le visage dans son ensemble, ils sont alors nommés « Sômen ». Lorsque des ouvertures sont effectuées au niveau des yeux et de la bouche, on préfère alors utiliser le terme de « Happuri ». Les « Me no shita men » sont des maques ne couvrant que la moitié du visage (nez compris). Les maques dits « Menpō" (面頬) couvre la moitié basse du visage de l'arête du nez jusqu'au menton. Toujours considérés comme des masques de protection, les « Hôate » recouvrent la gorge, le menton et les pommettes. Enfin, le plus simple de la famille des masques, le «Hanbo» ne protège que le menton et la gorge.

A chaque masque pouvait être attaché un gorgerin (Nodowa). Prenant la forme d'un « U », composé de métal et de cuir cet accessoire visé à protéger le cou du guerrier.

En fonction du système d'attache du gorgerin, il est attribué un nom différent. Le terme de «Nodawa» n'est utilisé que pour les gorgerins se nouant à l'arrière du cou. Lorsqu'il est fait usage d'une boucle on utilise le terme de «Eriwa». Enfin en présence de crochet on préfère utiliser le terme de «Meguriwa». Certains gorgerins cerclaient complètement le cou du combattant. Ce type de protection étaient nommé «Guruwa».

 

le katana

Le katana (刀) est un sabre japonais (nihontô- 日本刀) en acier forgé (tama-hagane), d’une longueur supérieure à 60 cm, d’un seul tranchant côté convexe.

Il se porte côté gauche, glissé à la ceinture (obi), tranchant vers le haut. Il est souvent  accompagné d’un autre sabre d’une taille plus courte (60 cm maximum) nommé Wakizashi (脇差). L’ensemble wakizashi et katana forme un tout nommé « daishō » (大小).  Seuls les samouraïs avaient le privilège du port des 2 sabres (daishō).

Le sabre japonais à travers l’histoire

Les premières armes proches du sabre ou de l’épée sont apparues sur l’archipel avec les premières techniques de forge en provenance de chine entre 300 av. J.-C. et 250 ap. J.-C.

Les lames alors forgées étaient de piètre qualité. Les forgerons ne maîtrisaient pas la trempe, le pliage et la sélection du minerai. Les épées étaient souvent droites, d’estoc et à double tranchant. L’ensemble de ces armes sont indifféremment regroupées sous le terme de « jôkotô ». A partir de l’ère Heian (794 -1185) jusqu’à l’ère de Muromachi (1336 et 1573) c’est la naissance du sabre japonais. Les lames fabriquées durant cette période portent le nom de koto (古刀). C’est durant cette période que, poussé par les guerres, le sabre va  se courber, des écoles de forge vont s’organiser. A partir de 1185 jusqu’en 1392 les lames vont avoir tendance à s’allonger (jusqu’à 150 cm) et à perdre le côté esthétique qu’elles pouvaient avoir lors de la période antérieure. Entre 1336 et 1573 (ère Muromachi)  la taille des sabres reprend ses dimensions traditionnelles (environ 70 cm). Durant cette période les sabres produits en masse sont souvent de moins bonne facture.

Durant l’ère Azuchi Momoyama (1573 à 1603) les lames continuent d’être produites en grande quantité. L’intensification des échanges commerciaux et la mise en place de routes commerciales permettent de satisfaire l’insatiable demande de sabre. En revanche, en dépit de la diffusion des savoirs des techniques de forge (donc une dilution des techniques jusque ici maitrisées par certaines écoles) et un meilleur approvisionnement en minerai de fer, la qualité des lames n’est pas satisfaisante. Le fer utilisé n’est pas de bonne qualité et la forge moins soignée. L’esthétique des sabres arriva en même temps que la paix au début de l’ère Edo. Les sabres fabriqués entre 1573 et environ 1800 sont nommés « shintô » (新刀) (nouveaux sabres). A partir de 1800 jusqu’à la seconde guerre mondiale, l’ensemble des sabres créés portent le nom de shin-shintô (新々刀). L’interdiction du port du sabre au début  de l’ère Meiji, la paix, l’avènement d’une classe bourgeoise sont autant d’éléments qui vont faire du sabre un objet d’ornement plus qu’une arme de guerre. L’accent est donc mis sur le raffinement de celui-ci.

Pendant la seconde guerre mondiale, un grand nombre de sabres sont fabriqués. Il ne respecte guére les traditions de forge et sont produits industriellement. Ces sabres sont désignés par le terme de showatô.

Il existe encore aujourd’hui des forgerons produisant des katana d’une grande valeur esthétique. Ces sabres sont nommés « gendaitô » (現代刀).

 

les différentes parties d'un sabre

partie_katana_small

 

La poignée.

La poignée (tsuka) est constituée en bois de magnolia recouverte d’une peau de requin ou de raie (same).

 

Elle est souvent agrémentée de « menuki » (petits ornements de métal aidant aussi à la prise) entrelacés dans des cordelettes de soie ou de coton (tsuka ito / tsuka maki). Le pommeau (kashira), en métal, est souvent rehaussé de décoration.

 

Le « menuki » est à ne pas confondre avec le « mekugi », une petite pièce de bambou qui traverse de part en part la tsuka et la soie de la lame (nakago) afin de les maintenir l’une à l’autre. Une boucle de cuivre (fuchi) maintient le tout. La soie d’un sabre est la partie pénétrant à l’intérieur de la poignée. L’orifice par lequel passe le « mekugi » se nomme « mekugiana ».

 

Certaines poignées sont perforées de 2 trous (ude-nûki-ana) permettant de faire passer une lanière (ude-nuki) sécurisant la prise en main du sabre.

 

La poignée est séparée de la lame par la garde (tsuba). Le « seppa » situé entre la garde et la lame solidarise la lame et la garde et sert aussi à guider la lame lors de son introduction dans la poignée.

 

Non loin de la garde se trouve un autre élément nommé « habaki ». Cette pièce est une sorte de sécurité évitant que, lorsque le sabre se trouve dans son fourreau (saya), celui-ci ne tombe.

 

La Lame.

 

Le tranchant de la lame se nomme « hassaki ». La partie plus épaisse de la lame est désignée sous le terme de « yokote ».

 

Le dos de la lame comporte 2 parties : la soie (hitoe) et la lame proprement dite (mune). Une petite encoche (mune machi)  située sur le dos de la lame permet de différencier la soie et la lame. La soie de la lame peut-être éventuellement signée (mei) par son facteur.

 

A angle droit ou arrondies, les arêtes de la lame portent le nom de « shinogiji ». Elles se rejoignent au niveau de la pointe (kissaki) dont l’extrémité est nommée « mitsukado ». Le triangle que forme la pointe et dont le « mitsukado » est le sommet se nomme « mono-uchi ».

 

Au niveau des flancs la partie trempée (bôshi) forme une ligne nommée ligne de trempe (hamon), la gorge (bohi) est présente pour alléger la lame.

 

Le fourreau.

 

Le fourreau (saya) est fabriqué en bois de magnolia. Il est souvent recouvert de laque et richement orné. L’extrémité du fourreau est protégée d’un capuchon de métal (kojiri). De multiples anneaux se trouvent fixés sur le fourreau. L’un de ces anneaux sert à renforcer l’entrée du fourreau (Kuchi-gane),  un second empêche le fourreau, glissé dans la ceinture, de tomber au sol (origane), un autre enfin (kuri-gata) permet de faire passer un cordon (sageo) servant à sécuriser l’ensemble.

 

 

 

Les différentes tailles de sabres.

 

La longueur des katana n’est pas réglementée. En revanche il est de tradition de regrouper sous ce terme l’ensemble des lames d’une longueur variant de 70 et 76 cm.

 

Longueur de la lame

Nom du sabre

De 8 à 15 cm

Kwaiken

De 23 à 30 cm

Yoroi toshi

De 28 à 41 cm

Tantô

De 55 à 58 cm

Wakizashi

De 60 à 66 cm

Chisakatana

De 70 à 76 cm

Katana

De 80 to 90 cm

Nodachi

Plus de 84 cm

Jin taichi

 

Avertissement: Noms et longueurs de lame correspondantes peuvent se recouper et varier d’un ouvrage à l’autre.

 

les écoles de forges

Ces écoles (gokaden - 五ヶ伝) sont classiquement regroupées en fonction de leur dispersion géographique et de la technique employée. Cette classification ne s’applique qu’aux sabres fabriqués jusqu’au début du XVIIémesiècle. Passé cette date, les traditions de forges ont tendance à se disperser. On distingue ainsi 5 centres de forge de sabre pouvant regrouper plusieurs écoles. Afin de limiter la dissémination des secrets de fabrication des sabres, les écoles de forges sont souvent tenues par les membres d’une même famille. Les 5 centres (style ou tradition) de forge sont: Bizen, Mino, Sôchu, Yamashiro et Yamato.

La  forge.

La forge d’une lame est un processus assez long. La première étape consiste à collecter suffisamment de minerai afin de pouvoir forger la lame. Cette étape de collecte semble aujourd’hui chose aisée mais à l’époque du japon médiéval cela pouvait être une vraie gageure. Le développement du commerce notamment avec le monde occidental va fluidifier l’approvisionnement en minerai. L’acier récolté est ensuite trié en fonction de sa dureté.

La lame est constituée d’acier tendre en son cœur, dur en extérieur.

L’acier est ensuite purifié par concassage à haute température. L’acier est ensuite fondu sous forme de lingot. Il est ensuite plié et replié de multiple fois. Plus le métal est plié plus il gagne en résistance. L’objectif recherché n’est pas d’obtenir la lame la plus résistante possible, car celle-ci perdrait alors en souplesse. Les différentes couches d’acier ainsi pliées vont donner le grain de la lame. Le grain de la lame est spécifique à chaque école de forge qui a sa propre technique de forge. L’observation du grain permet donc d’identifier une école, donc une provenance et éventuellement un forgeron. La lame ainsi forgée, étirée, martelée est ensuite trempée. Ce processus permet de solidifier le tranchant de la lame. En effet le choc thermique provoqué par la trempe fait changer les propriétés de l’acier en le durcissant. Le dos de la lame est protégé de la trempe afin que cette partie du sabre conserve sa souplesse. La lame est ensuite légèrement poli.

Respecter le sabre.

Un sabre est une œuvre d’art fragile mais c’est aussi une arme qui doit être maniée avec précaution. Il est impératif de l’entretenir régulièrement. Une lame ne se conserve pas dans son fourreau. Elle est entreposée sur un petit présentoir, tranchant vers le haut. Il ne faut jamais toucher une lame avec ses mains. L’acidité du corps endommage la lame. Pour des raisons de sécurité, en dehors d’une observation approfondie, la lame ne doit jamais être sortie complètement de son fourreau. Pour entretenir la lame des kits sont vendus dans le commerce. Dans ce kit vous trouverez, une huile (qui ne tache pas), du papier de riz pour nettoyer la lame, un tampon de soie rempli de poudre (uchiko), un chasse mekugi (mekugi-nuki). Le « mekugi » est une petite pièce de bambou traversant la poignée afin de la solidariser à la lame. 

 

analyse d'un sabre

L’étude de la lame est une source intarissable d’informations la concernant. Mais cette étude est assez difficile pour un néophyte et peut prendre plusieurs heures. Certains professionnels dressent une véritable carte d’identité de la lame en produisant une sorte de calque sur papier de riz de la lame (oshigata) en y notant tous les incidents.

A partir de cette analyse, il possible de déterminer la provenance de celle-ci, de lui attribuer une école de forge, un forgeron, une date et donc une valeur.

Pour être dans des conditions optimales d’observation la lame doit être polie et regardée en pleine lumière. Pour une bonne observation nous vous conseillons de vous munir de lampe de poche afin d’observer la lame à la lumière rasante et de toujours commencer par l’aspect général avant de vous pencher sur les détails du sabre.

Pour vous aider dans vos démarches nous vous proposons de passer en revue les points essentiels pour une bonne analyse.

 

 

 

 
 

 

 
 

L’aspect général.

L’observation porte sur 4 points : la courbure,  la structure, le dos et la pointe de la lame.

La courbure(反り) du sabre.

Le degré de la courbure (sori) et son positionnement sur la lame permet d’identifier l’école à l’origine de la fabrication du sabre et de dater la lame. On distingue ainsi les sabres du type saki-zori (先反り) dont la courbure est située proche de l’extrémité du sabre, les sabres koshi-zori (腰反り) dont la courbure se trouve non loin de la garde, et enfin les sabres dont la courbe se dessine au milieu de la lame (torii-zori - 華表反).

Les défauts à repérer : Une lame à la courbure trop accentuée peut indiquer que celle-ci a été retrempée. Retremper une lame revient à lui faire perdre toutes ses propriétés originelles et la dévalue complètement.

La structure (造込み)

Observer la structure de la lame c’est observer si celle-ci est plate ou non, si son arête est située près du centre (moroha-zukuri - 両刃造), si cette même arête est courbe (shinogi-zukur - 鎬造), proche du dos de la lame (moroha-zukuri - 両刃造)... On distingue environ 9 structures de lames différentes.

Les défauts à repérer : aucune fissure ou ridule (mukade shinae) ne doit apparaître au niveau du plat de la lame. Au niveau des arêtes de la lame la couleur doit être parfaitement uniforme. Si des petits effets brumeux apparaissent cela traduit une faiblesse au niveau du métal utilisé. On nomme ces défauts « utsuri ».  De même une attention particulière doit être portée afin de déceler des éventuelles poches d’air. Ces poches d’air (fukure yabure - 脹撓) sont considérées comme des erreurs de forge dévaluant le sabre. Elles peuvent être réparées (comblées) en utilisant le métal de la soie (partie de lame située à l’intérieur de la poignée). Si cette réparation utilise un autre métal, celle-ci est alors considérée comme un défaut supplémentaire (umegane).

Le dos (棟) de la lame.

On rencontre 4 types de dos (mune) possible. Le dos de la lame est soit arrondi (maru-mune - 丸棟),  soit plat (kaku-mune - 角棟), avec une arête (iori-mune - 庵棟) ou deux (mitsu-mune - 三棟).

Les défauts à repérer : les fissures ou imperfections, mêmes minimes, au niveau du dos de la lame (mune Shinae, mune Ware …) sont considérées comme des défauts non acceptables.

La pointe (切先).

Il n’existe que 3 types de pointe (hissaki). Celle-ci est soit petite (ko-kissaki), moyenne (chu-kissaki) ou grande (o-kissaki).

Les défauts à repérer : Une fissure peut parfois apparaître au niveau de la pointe. Ce défaut faisant perdre une grande partie de la valeur de la lame porte le nom de « karasuguchi ». L’existence d’une pointe bien proportionnée avec un boshi (ligne de trempe de la pointe) indique que le sabre n’a pas été trafiqué (coupé).

  

La structure de la lame.

Une fois l’analyse de l’aspect général de la lame menée, il est possible de se pencher sur les détails de celle-ci. Afin d’approfondir vos investigations et de connaître précisément le pédigrée du sabre, certains points doivent être scrupuleusement étudiés. 6 points sont souvent passés au crible : le grain, la trempe, la ligne de trempe, l’activité, la gorge, les inscriptions éventuelles.

Le grain.

Le grain va dépendre de la nature, de la qualité et de la juxtaposition des lamelles de métal employé. Cette association de lamelles prend alors certaines formes caractéristiques (vaguelettes, lignes parallèles…) propre à identifier certaines écoles et certains forgerons. Chacune de ces formes prend un nom particulier (Ayasugi hada, Chirimen hada, Uzumaki hada…).

La composition de la lame varie d’une forge à l’autre. La formule ayant permise sa fabrication était tenue secrète et transmise de père en fils. A partir de la seconde guerre mondiale la formule employée est restée constante. Il est ainsi utilisé :

Matériaux :

Proportion en pourcentage :

Fer

98,12% à 95,22%

Carbone 

3,00% à 0,10%

Cuivre 

1,54%

Manganèse

0,11%

Tungstène

0,05%

Molybdène

0,04%

Titane 

0,02%

Silicium 

traces

Chrome 

Pouvant atteindre 13%

La Trempe.

C’est une étape cruciale dans la forge d’un sabre. Cette technique consistant en un refroidissement rapide de la lame permet de solidifier la partie trempée. La partie objet de ce traitement thermique était le tranchant de la lame. En changeant ainsi les propriétés du métal un effet de cristallisation apparaît en surface. C’est cet effet qui doit être observé.

Les défauts à repérer : Les fissures au niveau du tranchant. Ces fissures sont inacceptables. Elles peuvent être perpendiculaire au tranchant (hagire) ou oblique (hagarami). Ces fissures doivent être distinguées des chocs provenant de combats (kirikomi) qui, tout en étant préjudiciable à la solidité de la lame et à sa valeur, peuvent être acceptables. Il est nécessaire de s’assurer que la lame n’a pas fait l’objet de plusieurs trempages (sai ha). Ce défaut est particulièrement difficile à détecter. Il se traduit souvent par la présence prés du « munemachi » (près de la garde) d’un petit halo brumeux formant un angle aigu (mizukage) ou la présence de l’ancienne ligne de trempe.

Afin de conserver à la lame une certaine flexibilité, la trempe n’était pas opérée sur l’ensemble de la lame. Le dos et la partie épaisse de la lame étaient protégés par un mélange à base d’argile. A la frontière entre la zone protégée et la zone objet de la trempe se créé une sorte de ligne nommée « hamon » (ligne de trempe).

La ligne de trempe.

Elle s’observe sur l’ensemble de la lame. C’est à dire le long du tranchant jusqu’à la pointe. Le ligne de trempe située au niveau de la pointe porte un nom particulier : « bôshi » (帽子).

Cette ligne est l’objet de beaucoup d’attention de la part des amateurs et est vraiment la marque de fabrique d’un forgeron. On trouve des lignes de trempe en forme de vague, d’arc de cercle, de droite…

Les défauts à repérer : Les fissures au niveau du hamon (hagarami), un éclaircissement (ha jimi), une discontinuité (kakedashi) ou disparition (nioi gire) de la ligne de trempe sont autant de défaut faisant perdre quasiment toute valeur au sabre.

L’activité.

Alors que la lame du sabre fait l’objet d’une trempe partielle (la partie supérieure de la lame étant protégée de la trempe), Il est néanmoins possible que des incidents puissent subvenir. Tout ces « accidents » sont autant d’informations permettant d’identifier un sabre et de dresser sa « carte d’identité ».

La gorge.

Elément plutôt récent, les premiers sabres ne disposaient pas de gorge. Les gorges ont été crées au départ afin d’alléger et d’augmenter la résistance de la lame. Elles sont vite devenues un ornement de la lame et de ce fait prennent des formes très diverses.

Les inscriptions.

Votives ou décoratives, elles donnent à la lame un relief et une histoire toute particulière qui sont autant d’élément permettant de tracer ses origines.

 

La soie (nakago - 茎).

La soie est la partie invisible de la lame, la partie située à l’intérieur de la poignée. La soie est tout aussi importante que la lame. A ce titre, elle doit faire l’objet d’une attention toute particulière.

4 éléments forment les caractéristiques essentielles de la soie : la forme et la taille de la soie dans sa longueur, dans son extrémité, ses tries et sa signature éventuelle. 

La forme et la taille de la soie dans sa longueur.

On compte 8 formes possibles de soie : Elles sont toutes courbées mais l’intensité de la courbure peut être plus ou moins prononcée voire s’inverser. L’épaisseur peut se réduire progressivement ou rapidement (kijimomo-gata - 雉子股) à partir d’un certain niveau…

 

L’extrémité de la soie.

L’extrémité de la soie (Nakagojiri) peut être de forme triangulaire (kengyo - 劍形), perpendiculaire aux côtés (kiri - 切), perpendiculaire au dos (iriyama-gata - 入山形), ou de forme arrondie (il en existe de 2 sortes).

Les stries.

Leur présence, leur intensité et leur direction donnent une indication sur la possible école de forge à l’origine de la création de la lame.

La signature (mei - 銘).

Eventuellement gravée sur le côté de la soie, elle indique l’école ou le forgeron qui a créé la lame. Elle n’apparaît plus sur les lames qui ont été raccourcies. En revanche elle peut avoir été ajoutée par la main d’un autre. Ces contrefaçons historiques portent le nom de gimei (偽名).

 

Le "tsuba" désigne la garde du sabre permettant le passage de la lame par un interstice de forme plus ou moins triangulaire dénommé Nakago-ana. Le Nakago-ana se trouvait souvent flanqué de deux autres trous permettant le passage du Kôgaiet du Kozuka (voir Fig. n°1). Il vise tout à la fois à protéger et empêcher la main de glisser sur le tranchant du sabre ainsi que d'assurer l'équilibre de celui-ci en contrebalançant le poids de la lame.

A partir du XVIIe siècle au delà de la fonction purement utilitaire vient se juxtaposer une recherche de l'esthétisme, le tsuba devient une œuvre d'art à part entière. Il sert dès lors  à marquer l'appartenance sociale de son possesseur ainsi que d'exprimer ses idéaux et convictions. Il est ainsi possible de trouver des symboles chrétiens sur certains tsuba alors même que la religion chrétienne était proscrite sous Toyotomi Hideyoshi et totalement interdite à partir de 1613 sous Tokugawa Ieyasu.

Les tsubas sont fabriqués à partir d'une grande variété de métaux notamment en  fer, cuivre (rouge) et ses dérivés tels que  le cuivre jaune, bronze, shibuichi, shakudô, rogin mais aussi en or et/ou argent.

Chaque tsuba a une taille (5 à 10 cm), une tranche (Rim) et une forme particulière. Il est cependant possible d'identifier une dizaine de formes différentes: ronde (Marugata), "carrée" à angles arrondies (Kaku gata, Yuko Ito gata), quadrilobée (Moko gata, Tate Ito gata), rectangulaire (Aori gata)...

Il semble que les premier tsubas remontent au VIe siècle (Shitogi). De forme beaucoup plus simple (en forme de goutte d'eau) ils étaient généralement composés d'un alliage de cuivre ou de fer. Avant cette date certains tsubas devaient être importés (Hôju).  Il est encore possible aujourd'hui de trouver des artisans spécialisés dans la fabrication de tsubas.

Il est possible de classer les tsubas en fonction de leur "style" permettant d'identifier l'appartenance à une école, une période et/ou un facteur particulier. Certains tsubas étant signés il devient "aisé" d'en retracer l'histoire ou plutôt celle du facteur.

Il est possible de citer parmi les écoles les plus célèbres notamment celles de:

Asakusa: de la province d'Asakusa durant la période Edo;

Chôshû, Ônin, Tachikanagoshi, tôcho: écoles du XVIe siècle, respectivement caractérisées par (i) ses tsubas en fer (ii) ses décors de reliefs en appliqué (iii) l'utilisation de métal tendre avec des incrustations (iv) tusba en fer découpé pour les sabres de parade;

Gomoku-zôgan, Kaneie (fushimi), Shingen, Shôami : fin du XVIe siècle;

Gotô: école fondée par Gotô Yujô (1453-1512) caractérisé par un fond constitué de point en relief;

Heian-jô, Hôan, Kaga, Sukashi: début du XVIIe siècle. La dernière école citée étant "spécialisée" dans les tsubas en fer découpé;

Higo: fondée dans la province du même non par Hayashi Matashichi;

Jajushi kisaemon de la ville de Nagasaki et dont les tsuba ont une touche chinoise tout comme les tsubas de l'école de Sôten;

Kamakura de la ville de Kamakura dont les tsubas en fer sont influencés par l'art chinois, sculptés et laqués;

Kinai: en fer découpé; Ko-Kinko en métal tendre et aux décors chargés; Myochin: école créée au XVIIe siècle utilisant le fer forgé; Ôtuki (Tôkyô), Tanaka: écoles du XIXe siècle...

Chaque école a sa propre personnalité avec ses facteurs célèbres (Shimuzu Jingô, Kanô Matsuo...) et ses propres techniques de réalisation. Le  classement exposé ci-dessus n'est absolument pas exhaustif nous pourrions citer l'école de kamayama qui débuta sous la période Muromachi caractérisée pour ses tsubas en fer proche d'un autre style, celui d'Owari.

 

 

les armures

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Armure d'un nouveau type avec des lamelles rivetées Okegawado Tosei Gusoku

 

Les armures Japonaises

Éléments composant une armure de samouraï.

Les armures sont généralement constituées de plaques ou de lamelles reliées entre elles par un laçage coloré et des cordons. Une armure complète porte le nom de "gusoku."

Il était d'usage d'incorporer dans une armure des éléments d'armures plus anciennes. Il est donc assez rare de trouver une armure assemblée avec tous ses éléments d'origine.

Une armure de Samouraï se compose de huit éléments essentiels:
• le casque - kabuto
• le masque - mengu (protection de visage)
• la cuirasse – do
• les protections d'épaules - sode
• les brassards - kote
• la jupe – kusazuri
• la sous-jupe – haidate
• les jambières - suneate

Types d'armures de samouraï.

Il existait de nombreux types d’armures. L’armure à structure simple plus légère, composée de moins de plaques, était utilisée quotidiennement. Elle était plus facile à porter et à maintenir propre, ce qui était important pour la préservation des lacets.

Comme pour tout vêtement, les armures officielles étaient plus raffinées, ornées d’une multitude d’éléments décoratifs. Ces principes s’appliquaient également au kabuto (casque). Se différenciant des casques plus anciens (comportant jusqu'à une centaine de plaques rivetées), les modèles les plus récents ne possèdent qu'un nombre limité de plaques. Il n'est par ailleurs pas rare que le casque ne soit composé que d'une seule plaque métallique.

Ces casques étaient réalisés différemment selon les besoins du propriétaire (apparat, campagne militaire,...), le coût de fabrication pouvant varier considérablement.  Certains casques prirent une forme extrêmement travaillée, tels les kabuto kawari (casques à forme recherchée) pouvant prendre la forme d'animaux, d'esprits,....

Premières armures japonaises (1185-1603)

Les armures les plus anciennes qui datent de l'époque Yayoi (vers 300 av. J-C. / vers 250 ap. J.-C.), étaient constituées de bandes de fer lacées ou rivées les unes aux autres, ou formées de plusieurs petites plaques. L'armure multi-plaques, sans doute d'origine coréenne, a subi quelques évolutions pour devenir l’armure japonaise la plus courante. Les armures de ce type furent portées jusqu'au 9e siècle.

A l'époque Heian (794-1185), un système de conscription militaire fut institué. Quand celui-ci prit fin, l'armée fut remplacée par des troupes de seigneurs provinciaux, ce qui marqua l'émergence de la classe des samouraïs. L’armure de type oyoroi, plus élégante, apparut à cette époque.

Les règles qui encadraient alors le statut du samouraï avaient été formalisées à la création du shogunat, gouvernement de type militaire. Les armures évoluaient pour s’adapter aux besoins des fantassins, qui assistaient les Samouraïs de haut rang.

Au cours des époques Muromachi (1392-1573) et Momoyama (1573-1603), la guerre civile ravageait le pays. Le pouvoir passait des mains d'un daimyo à un autre. C'est à cette époque que les premiers Occidentaux arrivèrent au Japon. La structure de l'armure fut alors modifiée pour protéger les samouraïs des nouveaux types d’armes introduits par les étrangers.

Epoques Kamakura (1185-1333) et Nanbokucho (1333-1392)

Le premier gouvernement militaire du Japon fut établi au cours de l'époque Kamakura par le clan Minamoto lors de la guerre de Genpei (1180-1185). L'armure oyoroi connut son apogée à cette époque, lors de laquelle les batailles étaient principalement menées par des archers à cheval. Les armures étaient grandes et imposantes. Les casques, très ronds, étaient constitués de lamelles rivetées les unes aux autres.

L'époque Nanbokucho (1333-1392) fut une période marquée par la guerre. Deux cours impériales se partageaient le pouvoir. Deux types de cuirasses similaires virent le jour : l'haramaki et le domaru. Les deux enveloppent le tronc mais, la première se ferme dans le dos, la seconde sur le flanc droit. Toutes deux étaient composées de bandes de cuir et d'écailles de fer laqué indépendantes et entièrement tressées.

L'époque Muromachi (1392-1573)

Le Japon fut unifié sous le shogunat des Ashikagas à Kyoto, au début de l’époque Muromachi. Toutefois, la guerre civile éclata peu de temps après et le pays fut plongé dans « l'Âge des Provinces en Guerre » (Sengoku jidai), période qui dura plus d'un siècle (1467-1603). Les fantassins continuèrent à porter l'armure domaru. Le casque de type akodanari de forme bombée et potelée, évoquant un melon, fut conçu à cette époque et couramment utilisé.

En 1543, des marins portugais arrivèrent au sud du Japon, apportant avec eux des fusils à mèche. Les armuriers japonais commencèrent à produire une arme similaire, le teppo. Ils créèrent alors des cuirasses constituées de plaques de métal plus épaisses et d’un seul tenant pour résister à l’épreuve des balles.

L'époque Momoyama (1573-1603)

En 1582, le daimyo Toyotomi Hideyoshi assiégea le château de Momoyama (à Kyoto). Il tenta par deux fois d'envahir la Corée en vain. Ces invasions mobilisaient un nombre important de soldats et d’armures. Les armuriers cherchèrent donc des moyens pour simplifier la fabrication de l’armure. Ils remplacèrent les écailles par une structure en métal d’un seul tenant, découpée pour simuler l'aspect des écailles individuelles et supprimèrent ainsi une technique de fabrication longue et onéreuse.

Cette période flamboyante dans les arts se traduisit par des armures aux formes variées loin des canons esthétiques habituels. Les casques, appelés kawari kabuto, prirent une multitude de formes hautes. Avec l'arrivée des premiers Occidentaux et des armes à feu, la fabrication des cuirasses en métal se généralisa afin d’assurer une protection contre les balles. L’impact du nanban (influence étrangère) contribua à modifier les formes de l’armure, et ce jusqu’à la fin de l’époque Edo (1603-1868).

Les armes à feu jouèrent un rôle déterminant dans la grande bataille de Sekigahara (1600), où la victoire de Tokugawa Ieyasu marqua un tournant crucial dans l'histoire du Japon, menant à son unification.

L'époque Edo – Ere des Tokugawa (1603-1868)

En 1603, Tokugawa Ieyasu, premier shogun de la dynastie Tokugawa établit sa cour dans la ville d’Edo (aujourd'hui Tokyo). En 1615, la ville d’Osaka tomba et l'unification du Japon par le shogunat fut complète.

Le Japon resta unifié pendant les règnes successifs de la dynastie Tokugawa, soit près de trois siècles. Pendant cette période de paix relative, l'armure devint progressivement à usage cérémoniel.

Sa fabrication fit alors l'objet d'un plus grand raffinement artistique. A cette époque, le système appelé Sakin Kotai fut mis en place : il exigeait que les daimyo aient une résidence à Edo, qu'ils devaient occuper une année sur deux. À leur départ, comme à leur arrivée, de grandes processions cérémonielles avaient lieu, ce qui leur permettait d’exhiber leur armure comme signe extérieur de leur richesse.

Pendant cette période, l'influence du christianisme importé par les missionnaires portugais devint trop pressante pour le gouvernement japonais. En 1635, les frontières du Japon furent fermées et la pratique de cette religion interdite.

En l'absence de guerre et de nouvelle influence étrangère, les armuriers s'inspirèrent de styles anciens. L'oyoroi ainsi que l'armure domaru revinrent à la mode. En 1853, le Commodore américain, Matthew Perry, entra dans la baie d'Edo et fit, par pression, signer un accord historique sur les relations commerciales entre le Japon et les États-Unis. Ceci a, par la suite, conduit à la réouverture des frontières japonaises et permit le développement du japonisme en Occident. En 1868, la restauration de Meiji eut lieu et le Japon fut de nouveau dirigé par un empereur. La loi de 1876 qui interdit la porte du sabre marque la fin de l’époque des Samouraïs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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30 janvier 2013

les moines dansant....

 

 

 

http://videos.france5.fr/video/iLyROoafYZUm.html


adresse de la video et du reportage....

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Chef opérateur son : L.MALAN - VIA DECOUVERTES Production - www.viadecouvertes.fr" />

 

 

Sur une mappemonde, c'est la plus grande île fluviale de la planète. De visu, Majuli a surtout des allures de bastion assiégé. Plantée au beau milieu du Brahmapoutre, dans l'État indien de l'Assam, elle se présente au voyageur comme une fragile bande de terre, ceinturée de blocs de ciment et de maigres échafaudages en bambou, lignes Maginot dérisoires, censées la protéger des assauts du fleuve.

Depuis qu'un séisme a relevé le niveau des eaux en 1950, les crues emportent à chaque mousson des pans entiers de l'île. À une vitesse alarmante : près des deux tiers de sa surface ont été engloutis. Elle n'est plus aujourd'hui que de 400 km2. En jeu, plus qu'un bout de terre perdu aux confins orientaux de la péninsule indienne.

Car Majuli constitue le berceau d'une tradition religieuse unique en Inde : les satras, des monastères hindous vénérant le dieu Vishnou, et son principal avatar, Krishna. Là vivent les bhakats, des moines paysans et artistes, qui célèbrent leur dieu par le chant, la musique, la danse et le théâtre, dans des drames qui mettent en scène le Mahabharata et le Ramayana, les deux grandes épopées de l'hindouisme.

Apparu sur les rives de Majuli au XVe siècle, l'ordre a été fondé par un poète, musicien et dramaturge, Sankaradeva. L'homme avait compris le pouvoir de l'image, et mis le théâtre et la danse au service de l'éveil spirituel d'une population qui, majoritairement analphabète, n'avait pas accès aux grands textes religieux.

L'île compte aujourd'hui vingt-deux monastères, dont celui d'Uttar Kamalabari, où vivent près de deux cents moines. Tous y sont entrés au seuil de l'enfance, confiés par des parents trop pauvres pour pouvoir les nourrir et les éduquer, mais aussi parfois par des familles plus aisées, qui voyaient là un moyen de s'attirer les bonnes grâces de Vishnou. Les plus jeunes moines sont âgés de 5 ans. A leur arrivée, ils intègrent une sorte de cellule familiale reconstituée, cohabitant sous le même toit avec plusieurs moines de générations différentes. Quand ils atteindront l'âge adulte, ils devront à leur tour s'occuper d'un novice et veiller sur les moines plus âgés qui les ont élevés. Il faut une quinzaine d'années aux novices pour maîtriser les arts enseignés au satra.

À 12 ans, Rajan n'en est déjà plus un. Le corps du garçonnet se plie avec l'élasticité d'un contorsionniste. Chaque jour obéit à un rituel immuable. Après l'école, Rajan s'entraîne, répétant inlassablement des exercices d'assouplissement, travaillant ses pas de danse, les positions de ses mains et de ses jambes, habité par une grande intransigeance perfectionniste. Vêtus de blanc, cheveux longs ramenés en chignon, visage et torse imberbes, les moines cultivent tous une apparence androgyne, dans un saisissant mimétisme avec Krishna, divin musicien traditionnellement représenté sous des traits féminins, qui séduisait les vachères au son de sa flûte.

Au-delà d'une simple ressemblance avec Krishna, l'allure des moines tient aussi à une certaine conception de la foi. Elle repose sur la bhakti, l'amour dévotionnel, qui fait d'eux les épouses du dieu. D'où leur voeu de célibat. Un engagement toutefois moins contraignant que sous les latitudes occidentales. Il ne lie pas les moines à vie, ces derniers étant libres d'y renoncer s'ils souhaitent un jour quitter le monastère et se marier.

Le fondateur de l'ordre, Sankaradeva, avait d'ailleurs lui-même pris une épouse, voyant dans le célibat imposé une exigence par trop difficile. C'est son plus proche disciple, Madhavadeva, qui en fit une règle. Aujourd'hui, deux traditions coexistent sur l'île, celle des satras composés d'hommes célibataires, et celles des satras habités par des familles, dont chaque membre, hommes, femmes et enfants, ont le statut de moine.

Le temps infuse lentement dans le satra d'Uttar Kamalabari, au rythme des travaux des champs, de la pratique artistique quotidienne, et des parties de cricket improvisées entre novices à la tombée du jour. De la musique avant toute chose. Chaque geste, jusqu'au plus trivial, est emprunt d'une grâce devenue une seconde nature dans ces corps façonnés par la danse dès le plus jeune âge, chaque tâche est accompagnée de chants fredonnés presque inconsciemment.

Une profonde quiétude enveloppe l'existence des moines, au demeurant spartiate. Largement autosuffisante, elle repose sur la culture de quelques rizières possédées par le monastère et sur l'exploitation d'un bassin de poissons, assorti de potagers plantés derrière les cellules. Le calme des lieux est à peine troublé par le bruit de quelques postes de télévision ou les sonneries des téléphones portables.

Grand exercice d'équilibrisme en terre monacale : prendre pied dans la modernité, sans rien abdiquer des traditions ancestrales. "J'appartiens à la fois au passé et au présent", résume Jadumoni, accroupi au coin du feu, faisant chauffer le thé tout en jouant avec son téléphone. Pour l'heure, le pari est réussi.

L'art des satras est resté longtemps inconnu hors des frontières de l'Assam. Rattaché à l'Inde depuis 1948, ce bout de territoire enclavé aux frontières de la Chine, de la Birmanie et du Bhoutan, relié au reste du pays seulement par un étroit corridor de terre, est resté un État peu développé, oublié de Delhi, la capitale, pourtant à trois heures de vol seulement. À l'exception de quelques grandes villes comme Guwahati, le chef-lieu, métropole polluée et surpeuplée, à l'urbanisme anarchique et lépreux, l'Assam se déploie en vastes campagnes, tapissées de rizières et de plantations de thé à perte de vue, héritées des Anglais, qui firent de ces contrées lointaines leur grenier à thé au temps de l'empire des Indes.

Depuis quelques années toutefois, les satras, reconnus en 2001 par le gouvernement indien comme les dépositaires de l'un des grands arts du spectacle traditionnel indien, ont vu leur renommée dépasser le cadre de l'Assam et même franchir les mers. Les moines d'Uttar Kamalabari se produisent lors de festivals religieux à travers toute l'Inde, quant ils ne voient pas débarquer des touristes étrangers dans leur monastère.

Pour eux, les bhakats exécutent un aperçu de leur répertoire, le Gayan Bayan, un mélange de danse, de chant, et de percussions. Il est joué traditionnellement en prélude à la représentation des drames, pour enflammer l'audience. Les moines, aux atours d'ordinaire si simples, se muent alors en baladins magnifiques, le temps d'une partition aux accents entêtants, où pas aériens sont combinés aux mudras, un répertoire gestuel complexe, au son des tambours et des cymbales.

Au-delà de ses manifestations artistiques, la portée des satras dépasse le cadre d'un simple dogme religieux. Philosophe humaniste et visionnaire, Sankaradeva développa une doctrine professant le rejet du système de castes, l'égalité entre les hommes, et entre hommes et femmes, la non-violence et la tolérance religieuse. Un programme révolutionnaire pour le XVe siècle, qui reste un exemple édifiant dans le sous-continent indien du XXIe siècle, plus habitué aux violences religieuses et aux poussées de fièvres inter-ethniques.

La doctrine progressiste de Sankaradeva connut une popularité immédiate. Elle parut à l'époque si dangereuse aux souverains Ahom, la dynastie d'origine birmane qui régna sur l'Assam du XIIIe au XIXe siècle, qu'ils l'escamotèrent prestement. Ils récupérèrent le mouvement en finançant la construction de nombreux satras, qui, sous leur patronage, gommèrent les idées subversives de Sankaradeva. Le néo-vishnouisme connut alors un schisme, une branche restant fidèle aux idéaux de Sankaradeva, l'autre renouant avec l'orthodoxie brahmanique, fondée sur le système des castes.

Aujourd'hui encore, ces deux courants coexistent à Majuli. Dans le satra d'Uttar Kamalabari, qui obéit à la doctrine du sage, le namghar, le temple où les moines prient et jouent leurs spectacles, est ouvert à tous, hindous, musulmans, chrétiens, animistes, jusqu'aux parias de la société indienne, les intouchables.

L'Assam compte 665 monastères, mais c'est Majuli qui conserve leur tradition sous sa forme la plus rigoureuse. Lieu saint du vishnouisme, l'île accueille chaque année des dizaines de milliers de pèlerins venus de toute l'Inde. Mais alors qu'elle se réduit comme peau de chagrin, plusieurs satras sont menacés de disparition. Malgré la reconnaissance officielle dont jouissent les monastères, ils restent bien loin des priorités de Delhi.

Au manque de volonté politique se mêle la corruption des édiles locaux, entre les mains desquels se sont évaporés les quelques crédits alloués à la protection des rives de Majuli. Les habitants de l'île, eux, voient avec une impuissance résignée leur île sombrer. Et avec elle, un pan unique de la culture indienne

L'Assam

L'écrivain indien Sanjoy Hazarika a pu définir l'Assam comme "un rêve pour un anthropologue, et un cauchemar pour un administrateur". Plus de trente-cinq ethnies y cohabitent dans un équilibre précaire. Depuis une trentaine d'années, les guérillas indépendantistes prospèrent, leurs revendications identitaires sont attisées par la crainte de voir leur culture disparaître sous la pression d'une immigration massive venue du Bangladesh, attirée par la fertilité des terres.

Vishnou L'une des trois grandes divinités du panthéon hindou, il est le deuxième dieu de la trimurti – la trinité hindoue – avec Brahma, le créateur, et Shiva, le destructeur. Vishnou représente la conservation, les forces par lesquelles se maintient et évolue l'univers. C'est une divinité de vie-mort-renaissance.

 

 

 

 

 

 

 

30 janvier 2013

premier serial killer....

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H. H. Holmes

 

H.H. Holmes
Information
Nom de naissance Herman Webster Mudgett
Surnom H.H. Holmes, Docteur Henry Howard Holmes
Naissance 16 mai 1860
Gilmanton, New Hampshire, (États-Unis)
Décès 7 mai 1896 (à 35 ans)
Prison de Moyamensing, Philadelphie, Pennsylvanie, (États-Unis)
Cause du décès Pendaison
Sentence Peine capitale
Meurtres
Nombre de victimes Entre 27 et 100 (probablement 200)
Période 1888 - 1894
Pays États-Unis, Canada
États Chicago, Illinois, Irvington, Indiana, Philadelphie, Pennsylvanie et Toronto, Ontario
Arrestation 17 novembre 1894

Herman Webster Mudgett ou H. H. Holmes (16 mai 1860 - 7 mai 1896), plus connu sous le pseudonyme de Docteur Henry Howard Holmes, est un tueur en série américain. Holmes captura et tua probablement une centaine de clients à son hôtel de Chicago, qu'il avait ouvert à l'occasion de l'Exposition universelle de 1893. Il avoua vingt-sept meurtres, bien que seulement neuf aient été confirmés, mais on pense tout de même qu'il en aurait en réalité commis plus d'une centaine. Holmes est souvent considéré comme le premier tueur en série américain.

L'affaire était célèbre en son temps, et reçut beaucoup de publicité grâce à une série d'article du journal de William Randolph Hearst. L'intérêt pour les crimes de Holmes fut ravivé en 2003 par le best-seller The Devil in the White City (sorti en France en 2011 sous le titre Le Diable dans la ville blanche aux éditions du Cherche Midi), qui juxtapose les évènements de l'Exposition universelle de 1893 avec l'histoire de Holmes. En 2004, le cinéaste John Borowski réalisa le premier film documentaire centré sur la vie entière du Docteur torture, intitulé H. H. Holmes: America's first serial killer et un livre intitulé The strange case of Dr H.H. Holmes, qui contient Holmes' Own Story (« la propre histoire de Holmes ») et The Holmes-Pitezel Case (« l'affaire Holmes-Pitezel »), ainsi que d'autres histoires vraies contemporaines de l'affaire. En plus, l'histoire de Mudgett a été très récemment racontée dans une biographie de Harold Schechter intitulée Pervers : L'histoire vraie définitive de H.H. Holmes, dont les crimes grotesques ont bouleversé le tournant du siècle de Chicago.

 

Biographie

Jeunesse et vie privée

Mudgett est né à Gilmanton dans l’état du New Hampshire Ses parents, Levi Horton Mudgett et Theodate Page Price, étaient tout deux descendants des premiers pionniers de cette région. D’après le profil "Most Evil" de Holmes de 2007, son père était un alcoolique violent et sa mère une fervente méthodiste qui lisait la bible à Herman. Il prétend que, lors de son enfance, des camarades de classe l’ont forcé à voir et toucher un squelette humain après avoir appris sa peur du docteur local. Les tyrans l’amenèrent là initialement pour lui faire peur, mais Mudgett fut plutôt fasciné, et devint rapidement obsédé par la mort.

Mudgett eut un diplôme d'assistant pharmacien et fabriqua par la suite un faux diplôme du département de médecine de l’Université du Michigan en 1884 pour pouvoir exercer en tant que médecin. Alors qu’il y étudiait, Mudgett volait des corps du laboratoire et les défigurait, pour ensuite prétendre que les gens avaient été tués accidentellement dans le but d’obtenir de l’argent des assurances sur des polices qu’il avait prises sur chacune des personnes décédées. Après son diplôme, il déménagea à Chicago afin de poursuivre une carrière en pharmaceutique. Dès sa jeunesse, il prit le nom de H. H. Holmes. C’est d’ailleurs sous ce nom qu’il étudia et s’engagea également dans plusieurs compagnies nébuleuses, dans l’immobilier et des affaires promotionnelles.

Le 4 juillet 1878, Holmes épousa Clara Lovering à Alton dans le New Hampshire ; leur fils, Robert Lovering Mudgett, vit le jour le 3 février 1880 à Loudon dans le New Hampshire. Il est à noter qu'à l'âge adulte, Robert devint expert-comptable et fut le directeur général d’Orlando en Floride.

Le 28 janvier 1887, alors qu'il était encore marié à Clara, Holmes épousa Myrta Belknap à Minneapolis au Minnesota ; ils eurent une fille, Lucy Theodate Holmes, qui vit le jour le 4 juillet 1889 à Englewood dans l’Illinois6. Elle devint par la suite enseignante.

Holmes vivait avec Myrta et Lucy à Wilmette dans l’Illinois, et passait la majorité de son temps à Chicago pour son travail. Il fit la demande pour obtenir le divorce de Clara après s’être marié avec Myrta, mais le divorce ne fut finalisé qu’en 1891, soit plus de quatre ans après son deuxième mariage. Le 9 janvier 1894, il épousa Georgiana Yoke à Denver au Colorado alors qu’il était encore marié à Myrta. Il entretint également une relation avec Julia Smythe, la femme d’un de ses anciens employés ; Julia devint plus tard une des victimes de Holmes. Polygame et continuant ses escroqueries à l'assurance, il a jusqu'à sept identités différentes.

Chicago et le « Château des meurtres »

Alors qu’il était à Chicago lors de l’été 1886, Holmes passait devant la pharmacie de Dr. E.S. Holton, au coin des rues S. Wallace et W. 63rd, dans le voisinage de Englewood. Holton étant atteint d'un cancer, c’est sa femme qui s’occupe du commerce.

De plus en plus occupée, la femme du Dr. Holton engage Holmes comme assistant. Après quelques mois à peine, Holmes apparaît comme le parfait assistant et plaît énormément à Mme Holton, dont le commerce ne cesse de s’élargir et qui en fait son gérant. En 1887, après la mort de son mari, Mme Holton vend le commerce à Holmes. Lorsque Mme Holton engage un avocat pour poursuivre Holmes qui ne paye pas ses traites, elle disparaît mystérieusement4. Alors que les gens s'interrogent sur le retour éventuel de l’ancienne propriétaire, Holmes ne fait que mentionner que cette dernière est partie en Californie et qu’elle n’a laissé aucune adresse ou numéro de téléphone.

Par la suite, Holmes acheta un terrain en face de la pharmacie, où il construisit un immense édifice de trois étages que les gens du voisinage qualifieront de « château ». Cet édifice ouvrit comme hôtel pour l’exposition universelle de 1893, avec une partie de la structure utilisée à des fins commerciales. Le rez-de-chaussée du Château comprenait la pharmacie relocalisée de Holmes et une variété de magasins, alors que les deux étages du dessus comprenaient le bureau de Holmes ainsi que plus de 100 chambres sans fenêtres avec des portes s’ouvrant sur des murs de briques, des couloirs avec des angles étranges, des escaliers ne menant nulle part, des trappes, des portes s’ouvrant seulement de l’extérieur, des tuyaux d'arrivée de gaz ainsi qu’une foule de constructions étranges et labyrinthique. Holmes changea de constructeur à plusieurs reprises afin d'être le seul à comprendre pleinement la disposition de la maison, et ainsi affaiblir les chances d’être signalé à la police.

Après la fin de construction de l’hôtel, Holmes choisit ses victimes, principalement des femmes, parmi ses employés. Plusieurs d’entre eux avaient d’ailleurs été obligés de sortir leurs polices d’assurance-vie pour lesquels Holmes allait payer la prime et ainsi devenir le bénéficiaire. Ses victimes incluaient aussi des amies de cœur ainsi que des touristes qui venaient trouver refuge dans l’hôtel. Il les torturait, puis les tuait. Certaines des victimes étaient enfermées dans des chambres insonorisées munies de lignes de gaz qui lui permettait de les asphyxier à n’importe quel moment. D’autres victimes étaient enfermées dans un énorme coffre-fort insonorisé près de son bureau où elles étaient laissées à suffoquer.

Les corps des victimes étaient jetés par une chute secrète vers le sous-sol où certains étaient méticuleusement disséqués, écorchés, puis transformés en modèles de squelettes pour ensuite être vendus à des écoles de médecine. Holmes pratiquait aussi la crémation de certains corps, ou les plaçait à des endroits servant à produire le cuir pour destruction. Holmes avait également deux fournaises géantes ainsi que des bacs remplis d’acide, des bouteilles de différents poisons, et même un appareil de torture servant à étirer le corps humain. Via les connexions qu’il s’était faites durant ses études en médecine, il vendait les squelettes et organes sans difficulté.

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Capture et arrestation

Le 17 novembre 1894 Holmes est arrêté à Chicago après avoir été traqué depuis Philadelphie par la Pinkerton National Detective Agency. Il est détenu à ce moment-là sur mandat pour vol de chevaux, sous le nom d'Howard. Libéré, il est dénoncé par Marion Hedgepeth, un compagnon de cellule qui n'a pas touché sa part dans une escroquerie, et révèle à la police son vrai nom.

Par la suite, le gardien au château informe la police qu'il n'a jamais été autorisé à nettoyer les étages supérieurs. Les enquêteurs commencent à mener des investigations pour finalement découvrir les méthodes d'exécution de Holmes et sa façon de faire disparaître les corps.

Le 19 août 1895, un incendie d'origine inconnue ravage le bâtiment. Actuellement, le site est occupé par l'United States Post Office.

Le nombre des victimes de Holmes a été estimé entre 20 et 100, avec une possibilité de 200. Sur la base des rapports de l'époque sur les personnes disparues, les témoins interrogés, qui étaient les voisins de Holmes, ont déclaré avoir vu Holmes plusieurs fois accompagné de jeunes femmes, sans jamais voir ces dernières ressortir de chez lui.

L'écart entre les chiffres concernant les victimes sont attribués à L'Exposition universelle de 1893 à laquelle un grand nombre de personnes sont venues assister, mais pour certaines ne sont jamais reparties. Selon la police, le nombre exact est de 27 victimes, bien que les corps retrouvés étaient dans un tel état de démembrement et de décomposition qu'il était difficile de dire combien de victimes il y avait exactement. Parmi les victimes, il y avait en majorité des femmes blondes, mais aussi des hommes et des enfants.

Procès et exécution

Holmes a avoué après sa condamnation 27 meurtres à Chicago, Indianapolis et Toronto, ainsi que 6 tentatives de meurtres. Holmes a été payé 7500 dollars de l'époque (197 340 dollars aujourd'hui) par Les Journaux de Hearst en échange de sa confession. Holmes donna divers récits contradictoires sur sa vie, affirmant d'abord être innocent, puis qu'il était possédé par Satan. La facilité avec laquelle Holmes mentait mettait en difficulté les chercheurs pour savoir la vérité sur ses déclarations.

Le 7 mai 1896 Holmes est pendu à la Prison de Moyamensing, également connue comme étant la Prison du Comté de Philadelphi. Au moment d'être pendu, Holmes ne montre aucun signe de peur, d'anxiété ou de dépression. Lors de la pendaison, le cou de Holmes ne cassa pas immédiatement. Il mit plus de quinze minutes à mourir, et fut déclaré mort vingt minutes après avoir été pendu.

Les dernières volontés de Holmes étaient que son corps soit enterré dans le béton pour que personne ne puisse venir le mutiler comme il l'avait fait avec ses victimes. La demande a été accordée.

En 2011, Jeff Mudgett, l'arrière petit-fils d'Holmes écrit le livre Bloodstains se disant inspiré de journaux intimes transmis de génération en génération dans la famille. Dans cet ouvrage, il affabule, prétendant qu'H.H. Holmes serait également Jack l'Éventreur

 

Anatomistes et résurrectionnistes

Personne ne contestera le fait que la recherche médicale est une discipline nécessaire qui permet de sauver de nombreuses vies humaines. Néanmoins son histoire est peuplée de zones sombres qui ont marqué les esprits. Ainsi, au 19ème siècle, l'avancée des connaissances anatomiques s'est-t-elle faite au détriment de quelques vies humaines. Se procurer des sujets d'étude était, en effet, devenue un véritable casse-tête, d'autant que le système de réfrigération que nous connaissons aujourd'hui était inexistant. Mais pour les ressurectionnistes, la mort est devenu une entreprise très lucrative. Parmi ces pourvoyeurs de cadavres, certains n'ont pas hésité à commettre des meurtres pour répondre à la demande de leurs clients anatomistes.

 

En 1543, André Vésale (1514-1564) publie un ouvrage monumental, De humani corporis fabrica (Sur le fonctionnement du corps humain), qui souligne l’importance de la dissection. Ce travail novateur révolutionne l'anatomie humaine et entraîne une résurgence de la dissection à vocation scientifique. En Europe du Sud, apparaissent les premiers théâtres anatomiques, conçus d'abord comme des structures démontables. Les dissections publiques attirent un large public qui s'étend bien au-delà des seuls médecins et étudiants. Les théâtres se pérennisent et des structures permanentes apparaissent dans toute l'Europe (Copenhague en 1640, Madrid vers 1689, Amsterdam en 1691, Berlin en 1720...) et jusqu'aux États-Unis. Les connaissances anatomiques progressent au même rythme, si bien qu'à la fin du 18ème siècle, les médecins ont finalisé la description du corps humain et établi les bases de l'histologie. Cette évolution des sciences médicales entraîne un accroissement de la demande en corps humains.
Jusqu'au 19ème siècle, les dissections sont réalisées essentiellement sur les cadavres de condamnés à mort. Or, la peine capitale n'est pas si fréquente et ce système ne permet pas de répondre à la demande croissante des écoles de médecine. En Angleterre, par exemple, il faut attendre l'Anatomy Act de 1832 pour voir s'étendre légalement les dons de cadavres aux personnes décédées dont les corps n'ont pas été réclamés par des proches ou aux personnes n'ayant pas les moyens de se payer une sépulture décente. Par ailleurs, la pratique de l'anatomie est désormais soumise à l'obtention d'une licence émanant du Home Secretary (le ministère de l'intérieur). Cette loi a été votée en réponse à un scandale sans précédent, l'affaire Burke & Hare qui devait ruiner la carrière de leur renommé client, le Dr. Robert Knox, professeur d'anatomie à la Barclay's Anatomy School à Édimbourg.

William Burke et William Hare, sont deux immigrants irlandais venus d'Ulster à Edimbourg pour se faire embaucher comme journaliers à New Union Canal. Ils trouvent un logement chez Maggie Laird et Nell Macdougal, deux femmes de petite vertue, installées dans le sordide quartier de West Port. La journée, les deux associés se donnent l'apparence d'honnêtes ouvriers, tandis que la nuit, ils se livrent à des activités bien plus sinistres et profitables: la profantion de tombes, le vol de cadavres et le meurtre. Leur méthode est si méticuleuse et innovante, qu'elle s'inscrira plus tard dans les archives sous le label de Burking.
Burke et Hare choisissent leurs victimes parmi les déshérités qui errent dans la vieille ville d'Édimbourg. Afin de ne pas endommager les cadavres, les deux complices mettent au point leur propre technique d'étouffement qui consiste à comprimer la cage thoracique de leurs victimes. Au cours de l'année 1828, ils assassinent au moins 16 personnes et revendent les corps au docteur Knox qui les payent entre 8 et 14£ (9 et 16 euros environ). Les autorités sont finalement alertées par les étudiants de l'école de médecine après l'assassinat d'une certaine Mme Docherty. Ils ont, en effet, reconnu l'une des résidentes du quartier gisant sur leur table de dissection. Burke, qui connaissait la victime, est seul convaincu de meurtre. Par ailleurs, ses complices, William Hare et Maggie Laird, ont témoigné contre lui. Il est pendu le 28 janvier 1829 et, ironie de l'histoire, son corps est donné à une école d'anatomie puis exposé à l'Université de Médecine.

Dans la plupart des cas, fort heureusement, la ressurectionistes se contentaient de déterrer les cadavres dans les cimetières. Cette pratique existe dès le 18ème siècle mais au 19ème siècle un intense trafic de contrebande se développe, notamment entre l'Irlande, la Grande-Bretagne et l'Écosse. Selon le professeur Sylvio Leblond (1901-1990), spécialiste de l'histoire de la médecine, les écoles d'anatomie payent les corps entre deux et 14 guinés à Londres. Il évoque, par exemple, le témoignage du professeur James Macartney (1770-1843), professeur d'anatomie au Trinity Collège à Dublin. En 1828, il comparait devant la Chambre des Communes à Londres et raconte comment les étudiants irlandais se procurent du matériel de dissection. Déguisés de haillons et équipés d'un cercueil remplis de pierres, ils se rendent dans les cimetières, se mêlent aux cortèges funéraires et se débrouillent pour échanger les bières.
Le vol de cadavres a été pratiqué dans de nombreux autres pays comme la France (où les ressurectionnistes étaient appelés des Corbeaux) ou le Canada, et notamment dans la ville et la Province de Québec, ainsi qu'à Montréal. Dans un article intitulé Anatomistes et résurrectionnistes au Canada, le docteur Leblond a écrit : « Le Canadien du 10 février 1840 raconte qu'un cadavre en état de nudité complète, a l'exception d'un sac ou il était renfermé, a été trouvé ce matin dans une allée près du marché St-Paul. II paraît qu'il avait été enlevé au cimetière de l'Hôpital de la Marine et des Émigrés par des gens qui font métier de vendre des corps aux étudiants en médecine. On dit qu'il a été commis depuis quelque temps, un grand nombre des ces violations de sépulture dans différents cimetières de la ville et nous apprenons avec plaisir que Messieurs les marguillers ainsi que la police, offrent des récompenses pour l'appréhension de ceux qui exercent une industrie si révoltante. Le même journal annonce le 18 février 1843:"Avis aux étudiants en médecine: Après huit heures, au cimetière, on tire!".

 

On pourrait multiplier ainsi les exemples de médecins, étudiants, fossoyeurs, gangs et autres particuliers qui se sont livrés à ces macabres exactions. Le phénomène finit néanmoins par alerter le législateur et des mesures sont prises par les différents gouvernements pour y mettre fin (mais avec plus ou moins de succès). On a vu qu'à Londres, le 1er août 1832, la Chambre des Communes vote l'Anatomy Act, qui sera ensuite ratifié par la Chambre des Lords. Au Canada, le Medical Act ratifié en 1788, est complété en 1843 par une loi visant à réguler et faciliter l'étude de l'anatomie mais qui n'est pas appliquée. L'Acte d'Anatomie de 1883 oblige finalement les hôpitaux et hospices à remettre leurs morts non réclamés aux salles de dissection des écoles de médecine. Cependant, il faut encore attendre l'intervention du Cardinal Taschereaux pour que les vols de cadavres cessent au Québec. Aux États-Unis, la première loi régissant la pratique de l'Anatomie date de 1831. Elle est votée dans le Massachussets. En 1878, après l'Affaire Harrison (dont le tombeau a été profané), les autorités de l'Ohio aux États-Unis, sont inondées de pétitions qui les forcent à présenter un édit de régulation de l'étude anatomique. Il faut toutefois attendre 1881 pour que l'acte soit approuvé par une commission de révision au sénat.

 

 

 

 

10 janvier 2013

le bohémian club.............

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Bohemian Club

Le Bohemian Club, créé en 1872 par cinq journalistes du San Francisco Examiner (qui en furent exclus par la suite) et situé à San Francisco en Californie, est l'un des clubs les plus fermés du monde. Véritable club néo-conservateur de l'élite et des personnes d'influence, il regroupe quelque 2 000 membres (uniquement des hommes, pour la plupart des Américains, mais aussi quelques Européens et Asiatiques) qui se réunissent tous les ans lors des deux dernières semaines du mois de juillet au Bohemian Grove. La cotisation est de 25 000 $ et la liste d'attente est de 21 ans au minimum. Le nom du club est inspiré du mouvement culturel « Bohème ».

 

Le Bohemian Grove

Le Bohemian Grove est une propriété privée de 11 km² appartenant au club, située à Monte Rio en Californie. Les membres du club s'y réunissent chaque année, les deux dernières semaines de juillet.

La Cremation of care

Lors de l'été 2000, le théoricien du complot Alex Jones aurait infiltré le Bohemian Grove et filmé la cérémonie pour réaliser son documentaire Dark secrets inside Bohemian Grove. Le reportage montre que des cérémonies païennes d'inspiration druidique s'y dérouleraient. La cérémonie du Cremation of care, qui ouvre les deux semaines annuelles de séminaire au Bohemian Grove reprend des rites druidiques et babyloniens au bord d'un lac artificiel et au pied d'une statue de hibou en ciment de 12 mètres (le hibou est le symbole du club, que l'on retrouve sur son logo). Durant la cérémonie, des haut-parleurs sont posés à côté du hibou, donnant l'illusion qu'il parle, agissant ainsi en tant que maître de cérémonie. La voix enregistrée de l'ancien-journaliste Walter Cronkite, un membre du Bohemian Club, est utilisée comme voix du hibou pendant la cérémonie. Les parties du manuscrit peuvent contenir des allusions aux prisonniers prétendus des druides représentant les tribus ennemies. À la fin de la cérémonie, une barque contenant un cercueil dérive jusqu'au pied du hibou. Le cercueil contient une effigie d'enfant, qui est alors brûlée sur un bûcher. L'incinération symbolise la disparition des soucis pour les membres du club.

Références notables au Bohemian Club

Le 26 octobre 2007, à Minneapolis, Bill Clinton fut abordé durant un discours par un homme prétendant que les attentats du 11 septembre étaient une imposture et mentionnant le Bohemian Club. Clinton infirma l'imposture du 11 septembre mais ajouta sarcastiquement « Avez-vous dit le Bohemian Club ? C'est là que tous ces riches républicains vont et posent nus devant des arbres, pas vrai ? Je n'ai jamais été au Bohemian Club mais vous devriez. Cela vous ferait du bien, vous y prendriez du bon air. »
La personne fut escortée dehors par la sécurité durant la remarque de Clinton.

Analyses

Le sociologue G. William Domhoff pense que le Bohemian Club fait partie d'une culture de cohésion de la classe sociale dominante américaine. Il dénie toute intention complotiste au BC, expliquant que ce club n'est là que pour le délassement des élites et leur cohésion

Le Bohemian Club (Bohemian Grove)

 

Chouette Molech, Moloch au Bohemian Club
 

 

Le Bohemian Club est situé au 20601 Bohemian Avenue à Monte Rio dans un vaste domaine de 1500 hectares de nature sauvage, de forêts de séquoias et de lacs en Californie.


Tous les juillets le Bohemian Club organise un meeting où les personnes les plus puissantes du monde se rencontrent pendant 2 semaines. Ils se réunissent pour parler du monde, faire des rituels satanique, des sacrifices, des orgies et beaucoup d'autres choses bizarre que les chefs du monde devraient se dispenser de faire du fait de leur statuts et importance qu'ils ont dans la société.

Le Bohemian Club à été fondé en 1872 par 5 journalistes du San Francisco Examiner et c'est l'un des club les plus fermés au monde. Pour plusieurs années, les membres du club se réunissaient dans ce qui est aujourd'hui Muir Woods et Samuel P. Taylor State Park. Les campements réguliers de Juillet ont véritablement commencés en 1899. Les participants sont exclusivement masculins, ils sont aussi en majorité Américain bien qu'il y ait des Européens invités comme Michel Rocard l'ancien premier ministre français et Valery Giscard d'Estaing le fondateur de la constitution Européenne et ancien Président de la République Française.

 

Introduction au Bohemian Club

Bohemian Club Logo

Les membres du club sont majoritairement des politiciens, chanceliers, musiciens, directeurs de médias, des chefs d'entreprise etc... Hollywood, London, Paris Fever, New York, y sont tous là...

Après 40 ans d'appartenance et de loyauté au club, les membres deviennent des ''Vieux Gardes''. Les membres peuvent aussi inviter d'autres personnes au club, bien que ces personnes sont souvent sujet à des observations rigoureuses et des contrôles de sécurité. La plupart de ces invités sont limités à se réunir en Juin pour le ''Spring Jinks'', bien avant le campement officiel qui se déroule le 15 Juillet. L'initiation coute 25,000$ en plus d'un paiement annuel, et la liste d'attente est de plus de 25 ans.

Le slogan du club est 'Weaving Spiders Come Not Here' = 'Araignées Tisseuses Ne Venez Pas Ici', faisant référence aux propositions de business par des personnes venant de l'extérieur du club. Bien qu'il existe des évidences dénonçant des activités politique et économique à l'intérieur du Club.

Le Club est fameux pour avoir développé le Projet Manhattan lors d'un meeting en Septembre 1942 qui amena subséquemment à la bombe atomique. Les personnes présentes à cette réunion furent: Ernest Lawrence, quelques Officiers Militaire, le président de Harvard, et les représentants de Standard Oil et General Electric.

La majorité des membres du BC sont fier du développement du Projet Manhattan dans leur Club, et aiment raconter cette histoire aux nouveaux membres.

BC Slogan

Le côté occulte et obscur du Bohemian Club

Le Bohemian club possède un hibou taillée dans la roche de 12 mètres de haut, symbolisant Moloch, une divinité Cananéenne du 3ème millénaire Avant Jésus Christ, c'est aussi une divinité sumérienne et de Lilith.

Outre les discours, arrangements, repas et spectacles, beaucoup de rituels à caractère druidique et païen y ont lieu. La plus grosse cérémonie est celle du ''Cremation of Care'' qui se passe au pied de la statue Moloch.

Autres représentations de Moloch:

Moloch, Molech le Taureaux

Moloch d'aujourd'hui au Bohemian Club

Bohemian Club 1990

 

Les puissants qui nous gouvernent, sont censés être des exemples sur tous les points de vue par rapport à la mentalité de la société. Mais la réalité est différente. Ils participent à des rituels druidiques, sataniques, babyloniens et aussi à des rituels à caractère sexuelle comme des orgies. Il faut réalisé la gravité de la situation ici, il est strictement interdit que nos chefs participent à ce genre de démence.

Les membres participent aussi à des sacrifices humains, comme le montre la photo ci-dessous. Personne n'est vraiment certain si les sacrifices ont toujours lieu. Les sumériens eux aussi participaient dans des sacrifices macabres où des parents offraient leurs enfants au dieu Moloch.

 

Squelette Bohemian Club

Squelette d'un enfant (regardez la taille des mains comparées au reste du corps) lors d'un rituel au BC

 

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Pochette Original du ''Cremation of Care'', un des rituels du Bohemian club.

 

L'infiltration d'Alex Jones dans le Bohemian Grove

Informations provenant de InfoWars.com: Infiltration in the Bohemian Grove.

Depuis l'été 2000, la vidéo d'Alex Jones 'Dark Secrets Inside Bohemian Grove' est le seul document, grace à une parfaite infiltration, parlant et dénonçant les activités sataniques à l'intérieur du Bohemian Club.

Il a réussit à s'infiltrer dans le Bohemian Club avec l'aide d'un journaliste de la chaine news CBS. Ils ont passé 4 heures à l'intérieur du Grove. Avec l'aide d'une caméra caché planquée dans un sac, ils ont pu filmer la cérémonie, les symboles du club et certains membres. On peut aussi voir sur les vidéos combien l'endroit est beau! Mais... Beau quand il n'y a plus personne bien entendu ...

Quelques Vidéos de Youtube sur le Bohemian Club

Rituel du ''Cremation of Care''.

Il n'y a pas beaucoup de ressource vidéo en français, si vous parlez anglais et que vous êtes français c'est plutôt chanceux. Faites une recherche sur Youtube pour Bohemian Grove et Bohemian Club, et autres sortes de mots clés.

Quelques membres du Bohemian Club

David Rockefeller: Banquier, et membre du Groupe Bilderberg, du CFR et de la Commission Trilatérale
Nelson Rockefeller: Banquier, et membre du CFR, et de MAJI-MJ12. Très lié au lobby militaro-industriel américain, c'est lui qui a placé au pouvoir Nixon et Kissinger.
Henry Kissinger: Ancien ministre des affaires étrangères sous la présidence de Nixon, membre du Groupe Bilderberg, du CFR, de la Commission Trilatérale, et de MAJI-MJ12.
Herbert Hoover: Président des Etats-Unis de 1929 à 1933
Dwight Einsenhower Chef de guerre durant la seconde guerre mondiale et président des Etats-Unis de 1953 à 1961
Richard Nixon: Président des Etats-Unis de 1969 à 1974
Gerald Ford: Président des Etats-Unis de 1974 à 1976
Ronald Reagan: Président des Etats-Unis de 1981 à 1988
George H.W. Bush: président des Etats-Unis de 1989 à 1992, père de George W. Bush, ex-directeur de la CIA, membre des Skull and Bones, du CFR, de MAJI, entre autres
George W. Bush: Président des Etats-Unis de 2000 à 2008, membre des Skull and Bones
Jeb Bush: Le frère de George W. Bush, et gouverneur de Floride
Dick Cheney: Vice-président des Etats-Unis de 2001 à 2008, ministre de la défense de 1989 à 1992
Colin Powell: Ancien ministre de la défense de Bush
Caspar Weinberger: Ancien ministre de la défense Américaine
Eliott Richardson Ancien ministre de la défense Américaine
William Casey: Ancien directeur de la CIA
William Webster: Ancien directeur du FBI
George Schulz: Ancien ministre des affaires étrangères sous Reagan, ancien ministre de la défense de H. Walker Bush, membre du CFR
Malcom Forbes: Milliardaire américain
James Baker: Ancien ministre des affaires étrangères de H. Walker Bush
Arnold Schwarzenegger: gouverneur de Californie
Alan Greenspan: Président de la banque centrale américaine la FED
Charles Schwab: Président de Charles Schwab & Co, l'une des plus grosses sociétés de gestion financière et d'investissements boursiers du monde
Vernon Walters: Ancien chef d'état major de l'Armée américaine
David Packard: Fondateur de la société Hewlett-Packard
Lou Gerstner: Président d'IBM
Alex Mandl: Vice-président d'AT&T
Antonin Scala: Juge à la Cour Suprême américaine
Joseph Califano: Ancien ministre de la Justice sous Nixon et Reagan
Pete Wilson: Ancien gouverneur de Californie
Helmut Schmidt: Ancien premier ministre allemand
Valery Giscard d'Estaing: Ancien président français, membre du Groupe de Bilderberg, concepteur de la Constitution Européenne.
Michel Rocard: Ancien premier ministre français, membre du Groupe de Bilderberg
Tony Blair: Ex premier ministre britannique, également membre du Groupe de Bilderberg
Ferdinando Salleo: Dernier gouverneur de Hong-Kong
Miguel de la Madrid: Ancien président du Mexique
Edward Teller: Père de la bombe atomique américaine
Walter Cronkite: Journaliste vedette de la chaine CBS
Francis Ford Coppola: Cinéaste, il a réalisé le film Le Parrain qui reste un chef d'oeuvre encore aujourd'hui.
Franck Borman: Astronaute
Alexander Shulgin: Chimiste moléculaire, inventeur de l'Ecstasy et de plus de 200 autres substances "psychédéliques" (génératrices d'états modifiés de la conscience)
Charlton Heston: Acteur, et président le la NRA (National Rifle Association), le lobby américain des propriétaires d'armes à feu
Bono: Chanteur du groupe U2
Et beaucoup d'autres...

Quelques Photos

Reagan & Nixon Bohemian Club 23 Juillet 1967
Réunion au Bohemian Club le 23 Juillet 1967. On peut voir à gauche Reagan et a droite Nixon Président des USA a l'époque. C'est durant ce meeting que Nixon cédera la place a Reagan pour etre le candidat du parti républicain en novembre 1967.

 

Alan Greenspan Bohemian Club
Alan Greenspan sur la gauche président de la banque centrale des USA

 

George H Walker Bush Bohemian Club 1993
George H. Walker Bush sortant de son avion en juillet 1993

 

Kissinger Lewis Bohemian Club 1986
Kissinger se dirigeant au meeting en 1986

 

Dick Cheney Bohemian Club Profil
Dick Cheney au centre vue de profil

 

Bush Pere et Fils Bohemian club
Bush Père et fils lors d'un meeting au Bohemian Club

 

Eisenhower Bohemian Club
Einsenhower ancien Président des USA au Bohemian Club

 

 

 

Source : http://www.nouvelordremondial.cc

 

1 novembre 2012

magie chinoise.....

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par Georges Charles

   

Rares sont les ouvrages sur le Feng Shui qui évoquent les rituels magiques de purification. En Chine, ils font pourtant partie intégrante de toute intervention dans ce domaine particulier.

 

Les Cinq Éléments et le Salut rituel comme purification symbolique.

La notion de “Salut”, donc, étymologiquement, de protection rituelle ou magique ne date pas d’aujourd’hui puisqu’on retrouve de nombreuses descriptions de rituels de purification par le salut dans le “Livre des Rites” (Liji ou Li Ki) attribué à Kongzi (Confucius) ainsi que dans divers textes classiques anciens.

L’un des plus caractéristiques est, par exemple, décrit dans le 19ème chapitre du Traité du Maître Transcendant de Nan Hoa attribué à Zhuangzi... ou Tchouang Tseu... auteur que de nombreux intellectuels se prétendant taoïstes aiment à citer. Il s’agit tout simplement d’un Duc qui lors d’une chasse près d’un marais froid et humide, se croit agressé par un spectre (... ou une “énergie perverse” (Xie Qi) très caractèristique du Feng Shui...). Par la suite le duc se mit à divaguer et se prétendit malade. Son ministre lui expliqua : “Un spectre (Gui ou Kouei = entité malfaisante, énergie perverse) ne peut pas nuire à un personnage tel que vous.
Si l’esprit vital (l’énergie) accumulé se disperse hors du corps de l’homme (extérieur (Wai) = énergie du métal) et n’y revient pas, celui ci devient débile (faible physiquement et psychiquement).
Si il monte dans le haut du corps (excès de Yang en haut = énergie du feu) et ne peut redescendre, l’homme devient irascible.
Si il descend et s’accumule dans le bas du corps (excès de Yin en bas = énergie de l’eau) sans pouvoir remonter l’homme devient oublieux.
Si il se fixe au milieu du corps et s’accumule dans le centre (énergie de terre) sans pouvoir ni monter ni descendre, cela le rend malade. C’est là votre cas. Trop de soucis et de concentration : régénérez vous et distrayez vous (énergie de bois) !
”.

Il s’agit là d’un cycle particulier dit de “violation” (Wu), aussi nommé cycle d’assaut, d’attaque ou d’insulte qui n’a pas échappé aux acupuncteurs traditionnels tels que Chamfrault (Tome 5 du Traité de Médecine Chinoise - chapitre IV paragraphe sur le “répartition des énergies Yang et Yin de l’homme” Editions Coquemard), Lavier (Histoire, pratique et doctrine de l’acupuncture traditionnelle. Editions Henry Veyrier) ou, plus récemment, Eyssalet ( Les Cinq Chemins du clair et de l’obscur - chapitre sur les Cinq Mouvements ou Cinq modalités P. 147 - Editions Guy Trédaniel)... en effet si on suit attentivement le texte on trouve dans l’ordre les énergies du Métal, du Feu, de l’Eau, de la Terre et du Bois...
Le métal est fondu par le feu; le feu est éteint par l’eau; l’eau est absorbée par la terre; la terre est consommée par le bois et le bois, à son tour est tranché par le métal.
Il s’agit donc d’une purification symbolique qualifiée de barbare (Wei). Cela représente, en quelque sorte, l’attaque donc la “purification” par “violation”, du métal (hache, sabre, lance, flèche...) suivie du feu (incendie du campement adverse) puis de l’eau (inondation et désolation) aboutissant à la terre (occupation du lieu et délimitation de nouvelles frontières...) puis à la conquête de nouveaux territoires (bois et vent).

Ce que l’on sait moins est que ce fameux cycle de violation est utilisé comme purification symbolique précédant le salut qui, lui-même, ouvre le rituel de pratique à proprement parler. Zhuangzi donne ensuite une description des principaux spectres (Gui) habitant les égouts, les chaufferies, les fosses à fumier, les endroits humides, les steppes, les régions montagneuses... Le but de la purification magique utilisée dans le cadre du Feng Shui classique est justement de se débarrasser de ces éventuels spectres... donc des énergies perturbatrices ayant pu envahir un lieu. Ce faisant, le praticien en Feng Shui purifie le lieu qu’il souhaite étudier et rééquilibrer mais également se protéger. En effet, intervenir successivement de nombreuses fois dans des lieux à problèmes peut, à la longue, générer des perturbations énergétiques bien compréhensibles... car il est rare qu’on fasse venir un expert de Feng Shui lorsqu’il n’existe aucune raison à son intervention.

 

La purification par le Métal et l’épée magique (Ling Jian) de “monnaies de soumission et de triomphe” :

Dans l’ordre nous retrouverons donc le Métal avec l’épée magique (Ling Jian) constitué d’une ligature de multiples pièces chinoises (sapèques), parfois nommées Yasheng Qian - monnaies de soumission et de triomphe - percées d’un carré.
Il convient donc avec le son du Métal (Hé) - reproduisant le son de l’éclair ou celui de la soie déchirée par le métal - de trancher d’abord verticalement dans les “Quatre Directions” fondamentales (Nord, Ouest, Sud, Est) donc dans le sens des aiguilles d’une montre (Shun). Puis de trancher horizontalement dans le sens contraire des aiguilles d’une montre (Ni) en tournant sur soi-même enfin de trancher d’une manière oblique de la gauche en haut (Yang) vers la droite en bas (Yin) en visualisant la couleur blanche.
Certains officiants utilisent également une “épée aux Sept Etoiles du Nord” qui comporte sept points de cuivre inclus dans une lame d’acier forgé rituellement et se réunissant pour former l’image symbolique de la Grande Ourse ou une épée magique en bois de pêcher teinte en rouge... Jadis on utilisait aussi, dans certaines cérémonies officielles, un sceptre de jade (Yu Ji ou Jou I) souvent représenté comme instrument de pouvoir.

Il est également possible, dans certaines conditions, d’utiliser simplement la main, doigts réunis en “forme d’épée magique” ou “d’immortel montrant le chemin”. Dans ce cas index et majeur sont réunis et étendus tandis que le pouce recouvre les ongles de l’annulaire et de l’auriculaire. Ces trois derniers doigts joints forment un cercle. Le geste consiste simplement à trancher comme avec une épée. Cette position particulière de la main est également utilisée dans la pratique de l’épée droite (Jian) que l’on retrouve dans les formes armées (Wutao, Doan... ) du “Kung-fu Wushu” (Art chevaleresque chinois classique ou traditionnel ) ou des Arts Internes comme le Taijiquan, le Baguazhang, le Xingyiquan. Cette purification symbolique a pour but de “trancher ce qui s’attache au lieu”.
Ce rite particulier, lié au métal, se retrouve dans bon nombre d’inaugurations puisqu’il convient de couper un ruban symbolique... ce que fait souvent même le Président de la République sans pour autant passer pour un attardé notoire. Bien que l’épée de sapèques soit l’objet le plus utilisé en Feng Shui, avant même la fameuse boussole géomantique (luoban ou Luo Pan) elle est rarement montrée ou décrite et moins encore démontrée quant à son utilisation rituelle. Celle-ci fait probablement un peu peur.
On préfère donc souvent aseptiser la vérité que de purifier le lieu. Il faut dire qu’en Chine, les acupuncteurs chinois étudient également des pratiques purificatrices qui ne seront jamais montrées aux acupuncteurs occidentaux venus étudier l’acupuncture traditionnelle car la tradition fait parfois un peu peur à ceux qui ne la pratiquent pas dans son contexte originel. Par la suite, ces mêmes acupuncteurs occidentaux se plaignent d’être quelque peu fatigués, sinon vampirisés, par leurs propres patients. Il y a quelques chances que les praticiens occidentaux en Feng Shui, n’ayant pas forcément toutes les données du problème oriental et particulièrement chinois, se sentent peu à peu quelque peu fatigués, sinon vampirisés, par les lieux qu’ils traitent sans le moindre rituel de purification ni de protection... Ils auraient du lire Zhuangzi !

 

La purification par le Feu... et l’encens... sans oublier les indispensables pétards.

Après le métal vient le feu. Après avoir “tranché - donc séparé - ce qui s’accroche au lieu” encore faut-il se débarrasser de ce qui est produit. On utilise, tout simplement, l’incinération.
Cela consistait jadis à faire un feu puis à jeter sur les braises des substances aromatiques comme le benjoin, le santal, la myrrhe, la myrte, l’ambre, le sang dragon...
Par la suite on utilisa, plus simplement, des charbons ardents sur lesquels on lançait des résines désignées globalement sous la dénomination d’encens. Puis vint le tour des cônes et des baguettes parfumés naturellement... ou synthétiquement... sinon des diffuseurs d’essences essentielles ou aromatiques qui sont censées purifier l’atmosphère. Pour aboutir, ou peu s’en faut, à l’ionisateur électronique d’ambiance.
Certains prévoient même des peintures odoriférantes. Jusqu’à se demander si le remède, la diffusion d’un parfum chimique, n’est pas pire que le mal : la destruction d’odeurs naturelles.
Les asiatiques utilisent très volontiers des bâtons ou des spirales d’encens dans les rituels publics (temples... ) et ouverts à tous mais continuent à utiliser des encens en grains dans les rites purificateurs plus spécifiques ou dans les espaces à consacrer par une cérémonie. Il est donc possible de distinguer simplement l’encens de purification initiale, utilisé pour nettoyer un lieu en profondeur, des encens d’entretien qui agissent plus superficiellement.
Dans le premier cas il est toujours préférable de continuer à utiliser des charbons ardents et des résines. Ces dernières, considérées comme des “encens d’église” sont utilisées dans la plupart des temples d’orient et d’extrême-orient ainsi que dans certains rites particuliers des églises occidentales. On peut en trouver dans les boutiques plus ou moins liées aux divers cultes sous la dénomination d’encens de Jérusalem, d’encens sacré du Tibet... Par la suite il sera tout à fait possible de conseiller l’utilisations de cônes ou de baguettes ou, ce qui est très pratique et efficace, de papier d’Arménie. Celui-ci a au moins l’intérêt d’être confectionné avec des essences naturelles et fort agréables à l’odorat, ce qui n’est pas toujours le cas des encens bon marché !
Pour le rituel de purification initial il est traditionnel de disposer le brûle-encens face au Sud et de procéder à trois fumigations successives. Pour le rituel d’entretien il convient de tourner autour du lieu à nettoyer dans le sens des aiguilles d’une montre (Shun) en effectuant un nombre de tours impair (Yang)... Un, trois, cinq, sept ou neuf. Ce rituel de purification ou de nettoyage s’effectue avec le son Ha - celui du brasier dans lequel on jette les substances aromatiques -
Les purifications extérieures peuvent s’effectuer avec des huiles produisant une fumée plus abondante. Concernant le Feng Shui populaire il existe un autre moyen de purification très utilisé en Chine, ainsi que dans la plupart des pays d’Extrême-Orient puisqu’il s’agit simplement des pétards nécessaires à toute cérémonie d’inauguration et nécessairement de couleur rouge, la couleur du Feu. On inaugure la nouvelle année par des pétards, on inaugure le mariage par des pétards, on inaugure un nouveau restaurant, une nouvelle boutique, un nouveau building, un nouvel aéroport ou un nouveau président... par des kyrielles de pétards. Plus il y en a plus l’inauguration est jugée comme faste, donc bénéfique. Une fête chinoise sans pétard n’est pas une fête chinoise et encore moins une fête. Une inauguration sans pétard est un enterrement de pauvre.
Le pétard (Pao) de par son bruit éloigne les mauvais esprits et les influences pernicieuses et fait, littéralement, exploser les revenants (Gui ou Kouei). Ce qui explique, pour de nombreux chinois, que les occidentaux - les Guilo ou Kwei Lo (types fantômes, individus perturbateurs...) - aient justement horreur des pétards. Pao signifie exploser, mais également sublimer... et proclamer. En Chine on “proclame” (Pao) une nouvelle loi. A l’origine il s’agissait de lancer des bambous verts dans le feu et ceux-ci éclataient dans un grand vacarme en projetant des cendres incandescentes, ce qui était de très bon augure.

La tradition se perpétue donc et, particulièrement à l’extérieur on se saurait réellement sanctifier un lieu sans quelques pétards bien sentis. On laisse faire les enfants qui s’en donnent à coeur joie, mais il existe encore quelques vieux maîtres taoïstes qui ne dédaignent pas allumer eux-mêmes la mèche à l’improviste surtout si il y a des Kweilo dans l’assistance. En occident on évite ce genre de débordement sonore surtout si on souhaite passer pour quelqu’un de sérieux et on se prive ainsi d’une bonne purification à peu de frais. La poudre a originellement été créée pour cet usage qui vaut bien celui, plus guerrier et beaucoup plus désagréable, qu’en ont fait, par la suite, les militaires occidentaux.

 

La purification lustrale par l’eau et le sel...

Après vient la purification par l’eau car il convient de limiter les effets en chaîne et excessifs du feu impérial. Il s’agit, encore très simplement, de procéder soit à des ablutions rituelles, que l’on retrouve dans le rite du baptême, avec de l’eau lustrale soit de projeter cet eau, et parfois du sel, sur le lieu à consacrer et à purifier.
A l’origine après avoir jeté de l’huile sur le feu, d’où une expression encore très utilisée dans un sens populaire, on jetait du sel sur le brasier, ce qui le faisait crépiter et ravivait la flamme, puis de l’eau salée ce qui produisait un son particulier (Shiii) qui, justement est le son de l’Eau (Sii - pluie glacée de l’hiver sur des ardoises) et une intense vapeur.
Désormais on se contente souvent, ne serait-ce que dans le baptême, d’une aspersion symbolique d’eau dite bénite et du dépôt de quelques grains de sel sur la langue.
Cette saveur (sapor) salée amenait la “sapience” donc la sagesse. Eau et sel sont donc toujours utilisés pour purifier un lieu ou pour se purifier symboliquement en se frottant les mains de sel avant de procéder à un rituel.

Ceux qui acceptent de faire baptiser un enfant trouvent pourtant étrange que l’on puisse baptiser un lieu avec les mêmes ingrédients. Dans une certaine mesure, pourtant, la bouteille de champagne utilisée pour baptiser un nouveau bateau procède de la même intention... et est devenue indissociable de la victoire sportive. On évacue ainsi le mauvais sort et on baptise le succès, donc le nouveau champion, au vu et au su de tous... mais on passe pour étrange si on procède de même, officiellement, avec un appartement, une nouvelle boutique ou, à plus forte raison, une société. On dissimule alors le rite sous la pratique festive. Pourquoi se cacher et risquer de bâcler un moment essentiel puisque l’on sait par ailleurs que ce “baptême” est important pour le succès futur de l’entreprise. Dans la tradition sacrée japonaise les divinités primitives Izanagi No Kami et Izanami No Kami agitent l’eau salée avec la lance jusqu’à ce qu’elle devienne solide et engendre l’archipel principal du Soleil Levant. Les gouttes d’eau salée qui tombent de la lance magique, également symboliquement attachée à l’élément Eau, deviennent les multiples îles. L’eau salée et la lance ornée de pierres sombres sont, de ce fait, toujours utilisées dans certains rituels Shintô.

 

La sanctification du lieu par la terre...

Il n’est pas question de laisser l’eau s’installer sur le lieu que l’on souhaite utiliser et on utilise, ensuite, la terre pour absorber l’excèdent de celle-ci. Cela consiste symboliquement à délimiter le lieu consacré donc à en situer les limites.
Cela se faisait jadis avec l’usage d’un carré magique (Lo Shu) à partir duquel on définissait un centre (Terre) et une périphérie ainsi que, bien souvent, une circulation symbolique. En Chine cela était représenté par l’Empereur (Wang) qui se voulait à la jonction entre terre et ciel et qui évoluait, suivant un ordre particulier, en fonction des saisons et des périodes de la journée, dans son “Palais du Ming Tang” ( Ming = illumination, clarté, connaissance globale ). En Occident on retrouve ce rite dans le fait de déposer une première pierre... la “pierre angulaire” ou “pierre d’achoppement” qui symbolise le point de départ de l’édifice... donc de l’oeuvre.
Dans le rite de purification traditionnel cela consiste à délimiter l’endroit consacré au rituel... qui se trouve ainsi au “centre” de la pratique. Cette délimitation peut être formalisée par une marche rituelle, procession ou circumambulation (marche circulaire), généralement effectuée avec de l’encens (feu) ou des instruments de musique (cymbales, tambours, flûtes... ). Cet espace sacré peut également être constitué de plusieurs enceintes protectrices dont les limites sont définies par le rituel.
Celui qui officie se tourne généralement vers le Nord, suivant l’orientation chinoise, ce qui lui permet d’avoir la lumière de l’Est, donc le jeune Yang ou Yang naissant, du coté gauche et, par conséquence, le Yin à droite. De ce coté se tiennent les armes (métal).
Ce fait est attesté par Laozi (Lao Tseu) dans le chapitre 31 du Daodejing (Tao Te King) : “L’homme noble dans sa vie ordinaire tient sa gauche pour place d’honneur. Elle est à droite lorsqu’il porte les armes”. Or les objets rituels sont considérés comme des armes destinées à combattre les influences pernicieuses. Le lieu consacré est protégé non seulement par une entrée bien disposée et une porte solide sur laquelle, ou de part et d’autre de laquelle, on dispose des symboles représentant des gardiens.

Les Shintoïstes entourent leurs maisons, au jour de l’an, de cordes de paille. Le lieu privé ou sacré est ainsi séparé du monde extérieur par une enceinte subtile. Cette enceinte délimite donc un “centre” intérieur par rapport à la périphérie. Ce “centre interne” représente l’endroit privilégié où se situe l’esprit (Shen) du lieu. En pénétrant dans le lieu c’est cet endroit qu’il convient alors de saluer. Enfin, la Terre représente le séjour initial des défunts ou, au moins de leur dépouille.
Une prière antique permet de comprendre quelle importance donnaient les anciens à cette Terre : “Va sous cette Terre, ta mère aux vaste séjours et aux bonnes faveurs. Douce comme la laine et la soie à qui sut la respecter. Qu’elle te garde du néant. Terre, forme voûte pour lui et ne l’écrase point mais reçois le et accueille le doucement. Couvre le d’un pan de ta robe comme une mère protège son fils”.
Symboliquement le passage par la Terre représente donc la “mort du disciple” (Hexagramme 36 Ming Yi - obscurcissement de la lumière - du Yijing) préfigurant “l’éveil du Maître” (Hexagramme 37 Kia Jen - le retour au Clan familial - du Yijing).
Cet “éveil” sera symbolisé par le Bois (printemps, résurrection, renouveau de l’aube)... et le Salut initial.

 

La régénération du lieu par le bois.

Cet élément Bois peut s’entendre au propre et au figuré. Il représente, en effet, la régénération, le renouveau, la renaissance, la germination donc le début d’un nouveau cycle lié à la jeunesse, au printemps, au matin.
Pratiquement il s’agit donc de l’énergie vitale que représentent les plantes. Il est fort possible d’utiliser ces plantes vivaces comme une plante verte ou un arbre miniature (Bonsaï) pour régénérer un lieu comme il est possible d’utiliser une composition florale de plantes fraîches ou même séchées.
Les compositions japonaises issues de l’Ikebana ont toujours été disposées dans ce but à la place d’honneur (Shinza).

Dans certains cas des objets décoratifs ou des cloisons de bois peuvent également apporter cette énergie régénératrice. L’éventail, producteur de vent ou de brise est également lié à l’élément Bois. Symboliquement le bois correspond également au Salut (salutation rituelle). Ce salut se situe généralement lorsque les purifications rituelles par le Métal, le Feu, l’Eau et la Terre ont été effectuées et correspond à l’ouverture vers autre chose... donc un renouveau. Le salut est donc un élément essentiel du rituel puisqu’il se situe à la fin de celui-ci mais également au début de ce qui va se passer ensuite.
On retrouve donc ce salut dans bon nombre de pratiques traditionnelles et particulièrement dans les arts chevaleresques, ou “arts martiaux” où il a pour but tant de purifier le lieu de pratique que ceux qui y sont présents. Ce salut peut s’effectuer debout ou, plus rituellement, en forme agenouillée et suivant des axes et des orientations très spécifiques.
Dans les pratiques japonaises on salue le plus souvent un emplacement symbolique, le Shinza (littéralement Coeur/Esprit (Shin) assis (Za)... endroit où est présent (assis) l’Esprit du lieu)... lui même entouré du Kamiza ( où s’assoient (Za) les Esprits du Feu (Ka) et de l’Eau (Mi)...) et du Shimoza (endroit ou se tiennent les Esprits des Ancêtres).
L’ensemble Shimoza/Shinza/Kamiza représente également la trilogie Terre/Homme/ Ciel donc le matériel, l’émotionnel, et le spirituel du lieu consacré.
Le Kamiza comporte souvent au autel dans lequel on dispose des objets symboliques (éventail, sabres, flûte, cloches musicales...) une calligraphie, un portrait, une composition florale ou un bonsaï. Lorsque le salut a été effectué l’essentiel a été dit et a été fait et les choses peuvent, enfin, suivre leur cours normal. En fait, le reste n’est plus que formalité. Dans le rituel de purification par les Eléments, le salut, correspondant au Bois (conquête) prépare un autre cycle beaucoup plus paisible qui est celui de l’engendrement (Xiang Sheng).

Ce salut peut également être remplacé par une onction utilisant une huile consacrée. Dans la tradition chinoise l’huile végétale est, en effet, rattachée à l’élément Bois car elle est issue d’une plante et sert, lorsqu’on l’utilise dans une lampe, à engendrer la lumière. Dans ce cas le Yin du Bois engendre le Yang du Feu. On utilise des huiles parfumées comme l’huile de santal, l’huile de Ylang Ylang, l’huile de camphre. Ces huiles sont considérées comme d’excellents remèdes contre les plaies et bosses et servent également à oindre les défunts avant leur mise en cercueil. Dans certains cas il était également possible de brûler de l’huile sur une surface chauffée. Cela permet de mettre en relation l’Eau (liquide), le Bois (huile végétale ou bâtonnet d’encens parfumé), le Feu (combustion ou chaleur), la Terre (substance parfumée. Le parfum (Xiang) est rattaché à l’élément Terre) et le Métal (support, souvent un brûle encens en bronze). Donc les Cinq Eléments.

La purification ayant été effectuée il est alors possible de disposer le foyer (Feu) - foyer familial - puis de définir les limites de l’occupation du lieu (Terre) - loyer - de forger ou d’utiliser des outils (Métal) qui seront utilisés pour creuser un puits (Eau) qui, lui-même, servira à irriguer les plantations (Bois).
On retrouve alors un cycle où les éléments s’engendrent. Le Feu engendre (Sheng) la Terre. La Terre engendre le Métal. Le Métal engendre l’Eau. L’Eau engendre le Bois. Le bois, à son tour, engendre le feu. Les Cinq Eléments demeurent mais leur utilisation change. Le sabre ou la hache devient la charrue ou la houe. Le Feu de l’Incendie devient le foyer familial. L’eau de l’inondation incontrôlée et destructrice devient le puits. La Terre de l’occupation militaire devient celle du loyer civil. Le bois de la conquête devient celui de la culture.
Les éléments se sont assagis et le conquérant nomade est devenu sédentaire. Il possède alors un Feu et un Lieu donc un foyer et un loyer, ce n’est plus un individu sans foi (foy) ni loi (loy). Il en va de même pour les énergies de l’habitat ou du lieu de travail qui, lorsqu’elles sont purifiées et contrôlées, s’assagissent quelque peu et, de perturbatrices et excessives, deviennent favorables et profitables à tous.

 

LA MAGIE CHINOISE

Si il existe une magie purificatrice ou protectrice que l’on pourrait qualifier de “Magie Blanche” il existe, également, en Chine une magie beaucoup plus dangereuse et pernicieuse qui correspond à la “Magie Noire” et qui est toujours pratiquée par les sorciers tant à la campagne qu’en ville. La civilisation chinoise plonge ses racines au plus profond des origines de l’humanité et conserve, envers et contre tous, des traditions plusieurs fois millénaires dont certaines se perpétuent encore plus que jamais. C’est, notamment, le cas de la magie.
Les Chinois sont toujours friands de légendes merveilleuses et croient plus que quiconque au surnaturel surtout lorsque celui-ci est quelque peu teinté de magie. Celle-ci fait habituellement partie du quotidien et on trouve presque partout des amulettes protectrices sous des formes les plus diverses, pièces, figurines et pendentifs de métal ou de jade comportant des trigrammes (Bagua ou Pa Kua) ou des formules de protection, effigies de divinités que l’on colle sur les portes lors des cérémonies du Nouvel An, charmes taoïstes et talismans de papier (Fu Lu) reproduisant des calligraphies magiques et permettant de favoriser la chance, de réussir dans les affaires, de conclure un marché ou de séduire son prochain... faux billets et faux lingots servant d’offrandes aux ancêtres et que l’on brûle, miroirs octogonaux que l’on suspend en fac de la porte d’entrée, pierres bénéfiques représentant des animaux du zodiaque, le Bouddha, Kuan Yin ou d’autres divinités chinoises que l’on porte sur soi.
Il s’agit donc, dans une certaine mesure, de superstitions que le Révèrent Père Doré de la Compagnie de Jésus à pu, en Chine, décrire avec force détails puisqu’il rédigea seize volumes à ce sujet. De nombreuses superstitions sont liées au culte des morts. Cela porte malheur, par exemple, de piquer des baguettes dans un bol de riz et de les laisser plantées car il s’agit alors d’une offrande aux morts. De même, on ne verte jamais de l’eau froide dans le thé ou on ne brûle jamais de l’encens en baguettes par paires.
Dans le cadre de la magie noire, on utilise justement ce qu’il est convenu de ne pas faire dans le cadre du rituel. Il s’agit donc le plus souvent d’une inversion (Ni) de ce rituel. Ces opérations magiques se situent donc très souvent à la lisière de la religion dont elle devient l’adversaire au moment où elle ravalent le divin à l’état de moyen. Contrairement au rituel religieux, le rituel magique, dans ce cas particulier de la magie noire, représente des désirs égoïstes donc d’intérêt privé et souvent malfaisants. Cette magie utilise donc un ensemble de procédés mettant en oeuvre ce que le rituel tente de combattre. Il n’est donc pas rare qu’elle utilise le sacrifice où le sang et les viscères jouent encore un rôle important. Là où le rituel utilise le symbole ou l’acte symbolique, la magie utilise le fait. L’acte de salir ou de dégrader par le fer, par le feu, par le sang un lieu consacré par le rite est un acte magique conscient qu’utilisent les sorciers. Le fait de dégrader un symbole est également un acte magique.
Dans une certaine mesure il est possible d’inverser un symbole bénéfique pour en faire un instrument magique de pouvoir plus ou moins maléfique. Lorsque le roue solaire bouddhique (svastika) tourne vers la droite, la croix gammée nazie du “soleil noir” (sauvastika) tourne vers la gauche et est donc considérée comme senestre, donc sinistre. Il en va de même pour le Taiji qui, lorsqu’il est inverse (Ni), est considéré comme un symbole de magie, donc de domination. Cette domination poussée à l’extrême devient destructive. La magie noire cherche à détruire un adversaire en s’assurant le concours des forces opposées au bien. Elle agit donc à l’envers (Ni) du rite public.
C’est une des raisons essentielles pour lesquelles, dans la majorité des civilisations traditionnelles, en Grèce, à Rome, en Chine, au Japon le rituel sacré se devait d’être effectué publiquement au grand jour alors que les opérations magiques s’effectuaient en privé et secrètement. Ce qui est sacral a donc un caractère public tandis que ce qui est magique demeure d’ordre privé. Un rite privé est donc une chose contradictoire en soi et ne peut avoir d’effets légitimes, mais il en va autrement de la magie qui, pour demeurer opérative, se doit de demeurer secrète. Ces pratiques magiques se retrouvent jusque dans les “arts martiaux”.
En effet, si on excepte le rituel très chamanique de résistance à la douleur ou de domination des éléments (... marche sur le feu, méditation sous les cascades, bains d’eau glacée, méditation dans les grottes, enfouissements dans la terre et autres casses de divers matériaux accompagnés de fakirisme de type planche à clous et marche sur des lames de sabre... ) on retrouve, dans certains cas, l’utilisation de mouvements symboliques (destruction par le feu... ) dans des formes traditionnelles (Katas ou Tao) ou même la tentative de l’utilisation des énergies dites perverses ou perturbatrices (délétères, pathogènes... ) pour blesser un adversaire ou un ennemi. C’est le cas, particulièrement, des “Mains empoisonnées du démon” (Ti Sha Shou) qui consistent à accumuler une énergie perverse (Xie Qi ou Sha Qi) pour la restituer brutalement lors d’une frappe particulière sur un point spécifique (Dian Xue ou Tien Hsueh ou art de frapper les points vitaux) à une heure précise. De très nombreuses légendes courent évidemment sur ce sujet précis, ainsi que sur l’utilisation de la magie pour vaincre un adversaire. Rituel publique et magie privée s’affrontent ainsi depuis des millénaires en Chine et le Feng Shui se retrouve bien souvent et naturellement au milieu...

 

Die Xian ou le spiritisme chinois

Die Xian est connu comme l'Esprit de la soucoupe. On l'appelle aussi le jeu du Ouija. Il s'agit de spiritisme à la façon chinoise.

L'esprit de soucoupe se réfère à un esprit qui habite dans une soucoupe. Il n'a ni forme ni contour. Il s'attache à la soucoupe, et il a la capacité de prévoir l'avenir et de regarder dans le passé. Il est bienveillant, mais peut être espiègle à la fois.

Pour invoquer l'esprit, l'heure et l'emplacement sont très importants. Il est préférable de choisir un endroit relativement propre, généralement à 23 heures dans la nuit. (Pourquoi pas minuit... C'est parce que minuit est l'heure où les portes de l'enfer sont ouvertes).

Voici la procédure à suivre pour invoquer l'esprit Die Xian.

Il faut 5 à 6 participants. L'esprit est convoqué à l'aide des pensées d'une personne.Choisissez une soucoupe relativement propre, de préférence blanche. Dessinez une flèche au feutre sur la soucoupe. Posez la soucoupe sur une feuille de papier blanc, puis dessiner des cercles et écrivez "oui", "non", et les nombres de 1 à 9 de manière répetée. Même si l'esprit de la soucoupe est un esprit, il appartient au plan de l'enfer, qui est un monde différent de notre monde. Par conséquent, il ne peut communiquer avec nous qu'à travers un objet solide, et non pas en parlant.

Lors de ce rituel mystique, la feuille de papier doit être aussi grande qu'un calendrier mural(voir photo). Un cercle correspondant à la taille de la plaque doit être établi dans l'épicentre du papier. Dessinez un crâne et une paire d'os dans ce cercle, et écrivez d'une manière ordonnée dans la zone autour du cercle, vos nom, prénom, nombre porte bonheur, couleur préferée, et tout ce dont vous avez besoin d'écrire. Le format de l'information fournie doit être claire et distincte.

Commençons. Asseyez-vous autour de la feuille de papier, et placez la soucoupe sur la feuille de papier. Eteignez toutes les lumières, fermez la porte, et ouvrez la fenêtre. Chaque participant doit poser ses doigts sur la soucoupe. Tout le monde doit scander mentalement « esprit de la soucoupe, je te convoque». (Si l'un d'eux a des pensées distraites, l'esprit ne viendra pas).

 

spiritisme chinois

Comment savez-vous que l'esprit est arrivé? Si vous remarquez que la soucoupe a commencée à se déplacer légèrement, cela montre que l'esprit est arrivé.

Une fois que l'esprit est convoqué, la plupart des gens vont commencer à poser des questions à l'esprit sur son sexe, son âge, et comment il est mort. L'esprit va vous répondre. Toutefois, de telles questions doivent être posées avec soin afin de ne pas offenser l'esprit. Après cela, vous pouvez demander ce que vous voulez. L'esprit peut vous guider vers les réponses que vous désirez.

Une fois que les réponses aux questions ont été données, vous aurez à remettre l'esprit de la soucoupe à sa position initiale. Pour cette étape, vous aurez à procéder avec prudence, car toute erreur pourrait signifier une catastrophe. Une fois que vous fini de poser toutes vos questions, vous devreze chanter, "esprit de la soucoupe, nous avons terminé nos questions, vous pouvez prendre votre congé! " Après cela, l'esprit retourne à sa position initiale, et vous pourrez ranger la soucoupe et la feuille de papier.

 

Quelques règles et principes à respecter durant la séance de spiritisme :

Ne pas prendre l'initiative en demandant à l'esprit de partir. Vous l'avez invité, si vous le chassez, vous aurez à en supporter les conséquences.

Si vous faites cela en été, et que vous avez besoin de brûler de l'encens répulsif contre les moustiques ou de faire tourner un ventilateur électrique, vous devez avoir l'autorisation de l'esprit.

Dans chaque session, l'esprit va taquiner une personne, et les réponses qu'il donne à la personne qui pose la question auront tendance à être provocatrices et de taquines.

Un tel jeu est dangereux. La probabilité de convocation des démons est plus élevée que celle de l'invocation des esprits bienveillants. Ne jamais oublier ces Tabous :

1/ Ne jamais demander quoi que ce soit sur des gains (numéros de loterie ...)
2/  Etre irrespectueux envers l'esprit
3/ Comme beaucoup de votre essence vitale est utilisée quand ce jeu, n'allez pas dans des endroits impurs comme les lieux hantés ou des cimetières. Il serait facile pour vous de rencontrer ce que vous ne voudriez pas rencontrer!

Tous les joueurs doivent faire un serment que les réponses données à partir du jeu seront conservées seulement entre eux et que ce secret ne doit jamais être divulgué ou sinon la personne qui le fait sera maudite.
 

 La magie des encens en chine

 

En Chine, parfum et encens sont désignés par le même caractère : Xiang (Hsiang ou Hiang). L’encens a toujours eu un rôle fondamentale dans la spiritualité et la magie chinoise. L’importance de cette substance aromatique que l’on brûlait rituellement depuis des millénaires était telle que ce caractère représente encore une des clés, essentielles de l’écriture chinoise classique. Sous sa forme très ancienne, ce caractère représentait une bouche, donc la capacité de s’exprimer, de communiquer, surmontée d’une plante, ou d’un petit arbre, produisant une pluie de gouttelettes de lait... Xiang représente donc littéralement, en chinois ancien, " la sève qui permet la communication ". Ce même caractère désigne également le parfum de la vertu, la bonne renommée, le bon exemple. Par extension il représente donc aussi ce qui a trait au culte, aux temples et aux monastères et désigne, finalement, l’épithète bouddhique. C’est dire la bonne réputation de l’encens en Chine et, par contrecoup, dans tout l’Extrême-Orient.. Xiang est l’un des qualificatifs les plus élogieux que l’on puisse employer... puisqu’il évoque irrésistiblement l’odeur de sainteté.

Que ce soit dans la littérature classique ou en poésie il permet tout simplement d’encenser le sujet... Le Maître Kongzi (Confucius) en parlant d’un gouvernement idéal affirme, par exemple, " qu’il doit exhaler une senteur d’encens ". Xiang Yen, beauté d’encens, désigne, dans le Livre des Odes, la bien aimée lointaine à laquelle rêve l’officier en campagne. L’ancien joyau de la couronne britannique, Hong Kong, se dit, en réalité Xiang Gang... le Port de l’Encens. C’est dire que le lieu était désigné comme des plus favorables par les géomanciens chinois.

A Hong Kong, comme ailleurs en Chine, il convient rituellement de brûler de l’encens, dans les temples, fussent-ils Bouddhistes, Confucianistes ou Taoïstes le quinzième jour de la huitième lune en l’honneur des Esprits du Ciel et le trentième jour de la septième lune en l’honneur des Esprits de la Terre. A vrai dire, pour satisfaire ces Esprits, donc les trente six mille divinités du Panthéon chinois, il convient de brûler de l’encens tous les jours chez soi et au moins une fois par mois au Temple.

Une histoire ancienne relate le fait qu’un pèlerin fort dévot souhaitait que le Bouddha, afin de l’exaucer, ne puisse respirer que l’encens d’excellente qualité qu’il venait d’acheter à prix d’or. Il confectionna donc un cône en papier afin d’amener les volutes sous le nez du Saint Homme. Ainsi, celui-ci, pensait-il, éviterait d’inhaler les imitations d’encens bon marché habituellement utilisés par les braves gens moins fortunés que lui. Le Bouddha ne pouvait que lui être reconnaissant de cette mansuétude. Il revint le lendemain et fut horrifié de constater que la fumée, trop habilement dirigée, avait noircie le nez de la statue. En voulant le nettoyer il grimpa sur le socle et la statue se renversa et se brisa en mille morceaux. Il fut emmené par les villageois furieux devant le juge qui ordonna, devant un tel geste impie, qu’il soit largement bastonné, comme un mécréant, et condamné à remplacer la fameuse statue. Il en conclut avec sagesse que le mieux est toujours l’ennemi du bien... ce qui se dit proverbialement depuis " Noircir le nez du Bouddha ".

De nos jours, de nombreux praticiens de magie taoïste utilisent l’encens comme une composante essentielle des rituels. On utilise ainsi par exemple l'arôme du jasmin pour faciliter l'accouchement. Le jasmin est souvent associé à la féminité, dû à sa fragrance, et a souvent été utilisé pour des rituels d'amour. De même, Le camphre de Chine, est utilisé pour son pouvoir de purification et de détachement des pulsions vitales.

Certains encens servent également à repousser ou conjurer les esprits bénéfiques ou maléfiques. Ces rituels de conuration ou d’abjuration sont encore pratiqués par les sorciers Fatsi, qui utilisent également l’encens lors des rituels d’exorcisme.

Les différentes formes de la magie taoïste

 

 

La magie taoïste se divise en plusieurs disciplines souvent complémentaires. Voici les principales : 


- Les sortilèges :

Les sortilèges chinois sont très variés et servent autant pour faire le bien que pour faire le mal. Les théories sont plus ou moins poussés et assez variées. Par exemple pour se débarrasser d’un rhume, on inscrit sur une affiche une formule du genre :

« Depuis …. Je suis atteint de (telle maladie) ; aujourd’hui je décide m’en débarrasser. Le premier qui lira cette déclaration attrapera mon/ ma (nom de la maladie) ». On accrochera alors cette affiche dans la rue, afin que le premier qui lira emporte la maladie, ce qui n’est pas très moral, mais c’est une pratique courante.


- Les incantations et les charmes (Fuzhou)

 L'écriture des charmes obeit à des théories très complexes et il faut en général plusieurs années d'entraînement ainsi que plusieurs initiations avant de pouvoir les écrires. Ce qui n'est pas fait pour tout le monde ; en général seul les Fatsi et quelques moines spécialement formés en sont capables. On trouve aujourd'hui des charmes imprimés, prêts à l'emploi, mais ils sont moins efficaces que les charmes écrits par des maîtres.

Quand aux incantations, elles peuvent regroupe les différents mantras bouddhistes ainsi que les incatations liées aux différentes écoles magiques.

Une fois écris, les charmes peuvent être utilisés de différentes manières. Certains peuvent être collés sur la porte d'entrée ou dans des endroits réputés dangereux ; d’autres sont brûlés puis leurs cendres mélangées à de l’eau ou à de l’alcool. Ce liquide devient alors un philtre qui sera bu par le patient ou par le pratiquant. Il existe des écoles Taoïstes comme celle de Luk Yam (rattachée à l’école Maoshan) qui utilisent systématiquement ce genre de pratique.

- L’astrologie chinoise et la divination :

L’astrologie chinoise utilise le calendrier lunaire, bien qu’aujourd’hui certains astrologues se servent de notre calendrier grégorien. Le calendrier lunaire est fondé sur un cycle de 12 années représentées par des animaux terrestres et des animaux célestes, parfois complétées par les cinq éléments. Le cycle complet comporte 60 ans.

 La divination utilise divers procédés comme le tirage des baguettes ou le déconstruction des caractères formant le nom de la personne, puis l’interprétation des clés issus de la déconstruction…

- Le Fengshui :

Il s'agit de la géomancie chinoise. A un certain niveau, le Fengshui rejoint l’astrologie, ce qui fait que traditionnellement le Fengshui, l’astrologie et la divinations sont étudiés ensemble. Ainsi il n’est pas rare qu’un astrologue ait des connaissances en Fengshui ou en divination et vice-versa.

- Le Qigong :

Le Qigong est souvent associé à l'alchimie, bien qu'aujourd'hui, en chine aujourd’hui surtout, il n'est plus pratiqué que comme une gymnastique de santé ou une forme d'art martial. Le Qigong est également à la base d'un certain nombre de sortilèges, puisqu'il faut manier son Qi pour le concentrer ou le diriger. Peuvent être inclus au Qigong les capacités telles que le massage distance, la capacité à voir à travers des objets, la vue à longue distance, la lévitation...(je vous ai mis une photo d'un moine taoiste en lévitation pour preuve). Un médecin traditionnel chinois doit au moins posséder des connaissances en Astrologie et en Qigong pour pouvoir faire son travail.

 

L'Alchimie taoïste chinoise

alchimie chinoiseL'Alchimie taoïste chinoise est réputée pour être l'une des plus ancienne et des plus puissante du monde. Elle se subdivise en deux tendances principales, l'interne "Neidan" et l'externe "Waidan". L'alchimie chinoise consiste à l'origine à rechercher par tous les moyens l'immortalité ; au fil du temps, elle s'est modifiée pour rechercher aujourd'hui plus une élevation de l'esprit plutot que l'immortalité physique.

L'alchimie interne englobe toute les méthodes de méditation, de qigong et d'arts martiaux, bien que parfois on considère ces dernieres méthodes d'alchimie comme externe puisqu'on travaille d'abord sur le physique.

La préparation des potions fait partie de l’alchimie externe (Waidan) et concerne toute la pharmacopée médicale chinoise, les festins « Bu » (les préparations culinaires utilisant des procédés médicaux ). Cette discipline figure parmi les plus décriées de nos jours car les ingrédients utilisés dans les festins « Bu » sont souvent des espèces animales ou végétales. La cervelle de singe ou le sang de serpent frais sont figurent parmis ces composants.

L'alchimie externe n'est presque plus pratiquée de nos jours, sauf sous des formes très simplifiées.

Les procédés qui permettent de détruire les causes de la décrépitude et de la mort, ainsi que de créer l’embryon du corps immortel, sont nombreux, mais on peut les répartir tous en trois classes: alimentaires et hygiéniques, respiratoires et mimétiques, alchimiques. Ces derniers sont considérés comme les plus puissants. Au IVe siècle de notre ère, Ge Hong, le plus célèbre des alchimistes chinois, déclare formellement que sans l’alchimie on arrivera peut-être à prolonger la vie, mais jamais à la rendre éternelle. Ultérieurement, la difficulté et les prix des opérations alchimiques diminuèrent l’importance pratique, sinon théorique, de ces techniques.

Elles étaient, en effet, compliquées et dispendieuses, en dépit de leur simplicité apparente: la préparation et l’absorption du cinabre (dan), un sulfure naturel rouge de mercure. En effet, les anciens taoïstes croyaient que l'ingrédient principal de l'élixir d'immortalité étaient le cinabre, une substance très toxique. Beaucoup de postulant à l'immortalité sont morts en marchant dans cette voie.

L’évolution de l’alchimie chinoise se déroula de façon comparable à celle de l’alchimie européenne, à des époques différentes. À partir du VIe siècle après J.-C., l’alchimie taoïste s’orienta vers un mysticisme fort éloigné des pratiques positives et concrètes de ses premiers maîtres.

Quand l’alchimie mystique s’est orientée, au XIe siècle après J.-C., dans une direction contemplative et s’est transformée, au XIIIe siècle, en une technique ascétique, principalement sous l’influence du bouddhisme zen, cette élaboration relativement tardive fut l’œuvre de pieux lettrés et elle ne présente plus, dès lors, les caractères traditionnels de l’alchimie chinoise archaïque.

Outre Ge Hong, de nombreux alchimistes taoïstes sont restés dans l’histoire tels que Yuanshi Tianzun (en photo) et dans la légende, comme Lü Dongbin, l’un des 8 immortels ainsi que Han Zhong-li.

Les différents types de magies chinoises

mage naxi

 

La Magie chinoise est très diversifiée et est encore bien présente dans la chine d’aujourd’hui. D'ailleurs il existe encore des mages (Fatsi) un peu partout dans le sud de la chine et les ingrédients des rituels se trouvent dans les épiceries asiatiques. En effet malgré des décennies de communisme, les chinois, bien que pragmatiques, restent un peuple supersticieux et mystique.

La magie chinoise se classe selon quatres catégories :

La magie Taoïste qui est pratiquée par les moines Taoïstes et elle possède une théorie très poussées. Cette forme de magie se décline elle-même en de nombreuses écoles (Wudang, Maoshan, Quanzhen, Zhengyi... pour les plus connues). On trouve beaucoup de techniques issues du Taoïsme comme certaines écoles de qigong ou d'arts martiaux ; le Fengshui ou l'écriture des charmes ou talismans.

La magie Bouddhiste qui possède à peu près les même caractéristiques que la catégorie précédente, mais elle est surtout pratiquée par certains membre des écoles tantriques, ce qui fait qu'on considère souvent cette pratique comme étant une déviance. Même si les bouddhistes chinois possèdent eux aussi de nombreuses formes d'arts martiaux ou de gymnastiques, ces dernières servent surtout de méthode pour entretenir la santé ou pour se détendre après les séances de méditation.

La magie shamanique, c’est celle qui est pratiquée par de nombreuses minorités chinoises et qui mélange shamanisme et spiritisme.

La magie familliale qui est un peu un mélange des catégories précédentes, mais elle est pratiquée partout. On y trouve certes des sorciers appelé Fatsi en cantonnais, mais ces derniers se font payer pour leurs services. Les pratiques sont très nombreuses, allant de l'amélioration de l'état de santé jusqu'aux méthode de vengeance...

Il existe une cinquième catégorie de pratique appelée la magie impériale, c'est à dire que ses pratiques n'étaient à l'origine destinées qu'à la famille impériale, et ses théories comptent parmi les plus poussées. On y trouve des méthodes très avancées de santé, de fengshui et de prédiction de l'avenir.

Bien sûr la chine communiste a considérablement réduite ces pratiques mais ne les a jamais fait disparaitre car elles étaient trop bien ancrées dans la vie quotidienne des chinois du sud notamment et chez les minorités plus particulièrement. La photo présente d’ailleurs un mage/sorcier en pleine consultation, ce mage est de la minorité Naxi, qui vit dans le Yunnan.

 

http://chinefantastique.enchine.fr/

 

La Magie chinoise est très varriée. Elle est très ancrée dans la vie de tous les jours et on peut presque dire que chaque chinois la pratique. D'ailleurs dans les quartiers chinois on trouve toujours des temples ou on peut trouver des moines ou des mages (Fatsi) et les ingrédients des rituels se trouvent dans les épiceries asiatiques.

La magie chinoise se classe selon trois catégorie :

La magie Taoïste ;
La magie Bouddhiste ;
La magie familliale.

La magie Taoïste est pratiquée par les moines Taoïstes et elle possède une théorie très poussées. Cette forme de magie se décline elle-même en de nombreuses écoles (Wudang, Maoshan, Quanzhen, Zhengyi... pour les plus connues). On trouve beaucoup de techniques issues du Taoïsme comme certaines écoles de qigong ou d'arts martiaux ; le Fengshui ou l'écriture des charmes ou talismans.

La Magie Bouddhiste possède à peu près les même caractéristiques que la catégorie précédente, mais elle est surtout pratiquée par certains membre des écoles tantriques, ce qui fait qu'on considère souvent cette pratique comme étant une déviance. Même si les bouddhistes chinois possèdent eux aussi de nombreuses formes d'arts martiaux ou de gymnastiques, ces dernières servent surtout de méthode pour entretenir la santé ou pour se détendre après les séances de méditation.

La magie familliale, est un peu un mélange des catégories précédentes, mais elle est pratiquée partout. On y trouve certes des sorciers appelé Fatsi en cantonnais, mais ces derniers se font payer pour leurs services. Les pratiques sont très nombreuses, allant de l'amélioration de l'état de santé jusqu'aux méthode de vengeance...

Il existe une quatrième catégorie de pratique appelée la magie impériale, c'est à dire que ses pratiques n'étaient à l'origine destinées qu'à la famille impériale, et ses théories comptent parmi les plus poussées. On y trouve des méthodes très avancées de santé, de fengshui et de prédiction de l'avenir.


Les principales disciplines:
Avec ses multiples écoles, les disciplines sont innombrables ; toutefois, parmis les disciplines les plus connues on peut trouver les suivantes:

- L'alchimie :
Elle se subdivise en deux tendances principales, l'interne "Neidan" et l'externe "Waidan". L'alchimie chinoise consiste à l'origine à rechercher l'immortalité ; au fil du temps, elle s'est modifiée pour rechercher aujourd'hui plus une élevation de l'esprit plutot que l'immortalité physique. L'alchimie interne englobe toute les méthodes de méditation, de qigong et d'arts martiaux, bien que parfois on considère ces derniers méthodes d'alchimie externe puisqu'on travaille d'abord sur le physique. Quand à l'alchimie externe, elle n'est presque plus pratiquée de nos jours, mais sous des formes très simplifiées à cause du nombre de morts par le passé. En effet, les anciens taoïstes croyaient que l'ingrédient principal de l'élixir d'immortalité étaient le cinabre, une substance très toxique. Beaucoup de postulant à l'immortalité sont morts en marchant dans cette voie.

- Le Fengshui :
Il s'agit de la géomancie chinoise qui est actuelement très à la mode en occident.

- Le Qigong :
Le Qigong est souvent associé à l'alchimie, bien qu'aujourd'hui, en RPC surtout, il n'est plus pratiqué que comme une gymnastique de santé ou une forme d'art martial. Le Qigong est également à la base d'un certain nombre de sortilèges, puisqu'il faut manier son Qi pour le concentrer ou le dirriger. Peuvent être inclus au Qigong les capacités telles que le massage distance ; la capacité à voir à travers des objets ; la vue à longue distance ; la lévitation...

- Les incantations et les charmes (Fuzhou 符咒)
L'écriture des charmes obeit à des théories très complexes et il faut en général plusieurs années d'entraînement ainsi que plusieurs initiations avant de pouvoir les écrires. Ce qui n'est pas fait pour tout le monde ; en général seul les Fatsi et quelques moines spécialement formés en sont capables. On trouve aujourd'hui des charmes imprimés, prêts à l'emploi, mais ils sont moins efficaces que les charmes écrits par des maîtres.
Quand aux incantations, elles peuvent regroupe les différents mantras bouddhistes ainsi que les incatations liées aux différentes écoles magiques.
Une fois écris, les charmes peuvent être utilisés de différentes manières. Certains peuvent être collés sur la porte d'entrée ou dans des endroits réputés dangereux ; d’autres sont brûlés puis leurs cendres mélangées à de l’eau ou à de l’alcool. Ce liquide devient alors un philtre qui sera bu par le patient ou par le pratiquant. Il existe des écoles Taoïstes comme celle de Luk Yam (rattachée à l’école Maoshan) qui utilisent systématiquement ce genre de pratique.

- L’astrologie chinoise et la divination
L’astrologie chinoise utilise le calendrier lunaire, bien qu’aujourd’hui certains astrologues se servent de notre calendrier grégorien. Le calendrier lunaire est fondé sur un cycle de 12 années représentées par des animaux terrestres et d’un tronc de 10 animaux célestes, parfois complétées par les cinq éléments. Le cycle complet comporte 60 ans.
La divination utilise divers procédés comme le tirage des baguettes ou le déconstruction des caractères formant le nom de la personne, puis l’interprétation des clés issus de la déconstruction…
A un certain niveau, le Fengshui rejoint l’astrologie, ce qui fait que traditionnellement le Fengshui, l’astrologie et la divinations sont étudiés ensemble. Ainsi il n’est pas rare qu’un astrologue ait des connaissances en Fengshui ou en divination et vice-versa. Un médecin traditionnel chinois doit au moins posséder des connaissances en Astrologie et en Qigong pour pouvoir faire son travail.

- La préparation des potions
Elle fait partie de l’alchimie externe (Waidan) et concerne toute la pharmacopée médicale chinoise, les festins « Bu » (les préparations culinaires utilisant des procédés médicaux ). Cette discipline figure parmi les plus décriées de nos jours car les ingrédients utilisés dans les festins « Bu » sont souvent des espèces animales ou végétales protégées et la consommation de ces derniers nuisent gravement à la biodiversité sans compter la cruauté parfois employée pour les obtenir. La cervelle de singe vivant ou le sang de serpent frais figurent parmis les plats les plus cruels.

- Les sortilèges
Les sortilèges chinois sont très variés et servent autant pour faire le bien que pour faire le mal. Les théories sont plus ou moins poussés et assez variées. Par exemple pour se débarrasser d’un rhume, on inscrit sur une affiche une formulle du genre :
« Depuis …. Je suis ateint de (telle maladie) ; aujourd’hui je décide m’en débarrasser. Le premier qui lira cette déclaration attrapera mon/ ma (nom de la maladie) ».
On accrochera alors cette affiche dans la rue, afin que le premier qui lira emporte la maladie, ce qui n’est pas très moral, mais c’est une pratique courante.

D’autres pratiques existent mais je ne les connais pas.


Les ustensiles de la pratique
Les ustensiles utilisés sont très nombreux mais contrairement à la magie occidentale, on ne se sert pas d’une baguette, mais d’un geste de la main appelé Xianren Zhilu (l’immortel montre le chemin), parfois appelé « L’épée magique ». Pour former ce geste, on tend l’index et le majeur, on plie l’annulaire et le petit doigt et le pouce vient se poser sur les deux doigts pliés.


- Le trépied
Le trépied est un brûle parfum, sur lequel on plante les bâtonnets d’encens et est généralement utilisé pour la prière ou pour le culte des ancêtres. Toutefois en magie on s’en sert de la cendre pour certaines préparations. On peut aussi consacrer ou purifier des lieux ou des objets avec le trépied.

- L’épée
L’épée utilisée est une épée droite, comme celle dont on se sert en Taichi. Elle peut être métallique ou en bois, cela n’a pas d’importance. On peut s’en servir à la manière d’une baguette ou pour exécuter certaines danses magiques.

- La boussole Luopan
C’est l’Instrument de tout pratiquant de Fengshui. Au début on peut la remplacer par une boussole occidentale mais à mesure qu’on progresse dans l’art le Luopan devient indispensable car c’est elle qui permet de trouver les secteurs et les directions. On dit qu’un Luopan constitue le meilleurs des grimoires de Fengshui.

- Le pinceau et la pierre à encre
Ils servent à calligraphier les charmes. Il faut beaucoup d’entraînement pour pouvoir le faire de manière élégante et y transmettre le Qi.

- Le bol
Il peut servir à contenir l'eau, le vin ou autres liquide ; on s'en sert aussi pour préparer les philtres. Dans certains cas, on y saigne un poulet puis on laisse couler le sang dans le bol. Ce sang sera mélangé à de l'encre de chine pour en faire de l'encre magique. Il s'agit là de pratique de magie noire.

- Les talismans
Les talismans peuvent être des charmes écrits ou des objets (le plus connu est certainement le miroir Pakua), mais d’autres comme les pièces anciennes, l’épée de bois, la géode d’améthyste ou la grenouille à trois pattes sont couramment utilisées. Il arrive aussi que le charme protecteur soit tatoué, c’est souvent le cas pour les tueurs à gages dans la mafia chinoise.

Le Wuji Wuji 无极 est souvent traduit par "Néant". Le Wuji est source de toute chose. Wu signifie "Non" ; Ji signifie "Suprême", l'ensemble pourrait être traduit en "vide suprême" ou "Non être".
L'état de wuji c'est l'état avant la naissance, tout est possible, pas de bien ni de mal ; pas d'action ni d'inaction...
Le Taiji A partir de l'état précédent on arrive à l'état de Taiji, c'est à dire une "Faîte suprême". Taiji est représenté par le Yin et le Yang. Quand on observe le symbole du Taiji, on remarque que dans la partie blanche on trouve un petit point noir et vice versa.
C'est pour montrer qu'il ne peut y avoir de yin sans yang et que lorsque le Yang atteint son paroxisme on devient Yin, de même que lorsque le Yin arrive à la fin on devient Yang.
Pour illustrer le principe du Taiji, je prendrais l'exemple de la marche à pied. Pour pouvoir avancer on est obliger d'avoir une jambe qui supporte tout le poid du corps et une jambe qui bouge. La jambe qui supporte le poid de tout le corps, c'est le Yin ; tandis que l'autre constitue le Yang.
Pour pouvoir se déplacer l'équilibre doit être respecté, sinon tout déplacement devient impossible. Ainsi le bien et le mal, bien qu'opposer ne peuvent exister sans l'autre;
s'il n'y avait que du mal, le mal n'existerait plus ;
de même que s'il n'y avit que du bien,
ce dernier ne pourrait pas non plus exister.
 
Yin et Yang
Dans le diagramme du Taiji,
le Yin est symbolisé par la partie noire,
tandis que le yang est représenté par la partie blanche.

Le Yang représente : - Le Soleil ;
- Le clair ;
- Le masculin ;
- Le chaud ;
- Le dur ;

Le Yang représente : - La Lune ;
- L'obscur ;
- Le féminin ;
- Le froid ;
- La souplesse...

Le yin et le yang,
est souvent mal interprété comme étant l'opposition entre le bien et le mal.
Or si on observe attentivement le diagramme du taiji,
on remarque qu'ils se complètent.


Le Jing 精
Le Jing représente l'essence. Dans la pratique de l'alchimie taoïste,
le jing est symbolisé par le sperme ou le liquide séminal et représente la première étape.

Le Qi 气
Le Qi, c'est l'énergie. Le caractère chinois de Qi représente la vapeur.
Le Qi, n'est pas la force qui s'écrit Li 力 ou jing 劲
(pour désigner la force interne, surtout dans la pratique des arts martiaux ou de la danse).

Le Shen 神
Le Shen,
c'est l'esprit,
mais aussi le divin selon les interprétation.
Shen, est à l'origine l'onomatopé du bruit de la foudre qui représente l'instant où le ciel et la terre sont en Union.
Le caractère chinois représente un autel pour la partie gauche (示) et la partie droite représente deux mains qui tiennent un pinceau, qui signifie "déclarer"申.
L'ensemple se prononce Shen. En règle générale, tous les caractères se rapportant au culte comporte la particule 示.

Les trois mots (Jing Qi Shen) constitue la trinité taoïste,
résument en fait les étapes de l'alchimie.
D'ailleurs une formulle constituée de deux phrase comme ci :

Lian Jing Hua Qi 炼精化气 = Affiner l'essence pour la transformer en Energie (Qi) ;

Lian Qi Hua Shen 炼气化神 = Affiner l'énergie pour transformer le Shen (l'esprit).


Les divinités
Il faut savoir qu'il n'existe pas vraiment de Dieux dans la mythologie chinoise,
car les chinois croient que le ciel et la terre sont l'oeuvre de l'homme.
Néanmoins on trouve beaucoup de personnages mythiques qui sont déifiées et auxquels on rend un culte.

Ces personnages peuvent être de plusieurs sortes :

- Les personnages issus des mythes fondateurs de la nation chinoise ;
- Les immortels Taoïstes ;
- Les divinités bouddhiques ;
- Les héros de l'histoire ou de fiction.

Les personnages issus des mythes fondateurs sont les plus anciens,
et comptent dans leurs rang des personnages hauts en couleurs comme :

- Yu Wang Da Di (L'empereur de jade, sensé gouverner le ciel) ;
- Le roi Wen, l'empereur Yao, des rois légendaires ;
- Fuxi, mi homme mi dieu, inventeur des Pakua ;
- Chang E (déesse de la lune) ;
- Le bouvier et la tisserande (symbole de l'amour impossible) ;
- Shennong
(empereur qui, pour guérir ses sujet a gouté à toutes les plantes afin de découvrir leurs vertus médicinales ainsi que leurs dangers)....

Les immortels Taoïstes,
sont des pratiquants anciens qui ont réussi leur pratique
(c'est à dire qu'ils ont atteint l'immortalité) comme :

- Les fameux 8 immortels
- Lao Tseu ;
- Zhang Daoling (le maître céleste) ;
- Zhang Sanfeng (le maître des trois pics)...

Les divinités bouddhistes sont des personnages du bouddhisme qui sont vénérés en Chine comme des dieux.
On leur demande des requetes souvent très matérialiste,
comme d'accorder la richesse ou la fertilité.
Parmi les plus souvent invoqués on trouve ;

- Bouddha Amithaba (A mi Tuo Fo en chinois) ;
- Boddhisattva Avalokiteshvara (Guanyin ou Guan Shi Yin Pu Sa) ;
- Maitreya (Bouddha rieur, représenté obèse serrant des enfants dans ces bras).
- Dizang Wang, sensé être un Boddhisatva
- Bouddha Shakiamouni ( Shi Jia Mou Ni Fo)
mais ce dernier est beaucoup moins invoqué que les précédents.
Il est surtout invoqué par les bouddhistes pratiquants.

Dans la catégorie des héros fictifs et véridiques,
on y trouve tous les personnages ne faisant pas partie des catégories précédentes.
D'ailleurs on y trouve des personnages encore en vie, pas toujours chinois.
Il y a quelques années, même Zinedine Zidane avait fait l'objet d'un culte dans certains temples !
Parmi les héros déifiés, il y a :

- Sun Wukong (le roi singe) ;
- Guan Gong (le dieu de la guerre) ;
- Zhang Fei (le dieu des bouchers)...

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 exemple:

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de préférence le matin , vers l'orient

1er sceau : sceau de l'éveil
On fait appel aux forces naturelles et sacrée de l'univers

2ème sceau :
On chasse le " Gardien " des forces intermédiaires ,

c'est à dire les blocages qui pourraient empêcher ces forces de nous imprégner

3ème Sceau
On écarte les influences néfastes

4ème Sceau
On rend à l'Univers les forces qui nous on été prêtées ,

pour ne pas rompre en notre faveur l'équilibre cosmique , l'équilibre du Tao

pour réaliser un "souhait"

 

Orientation vers le Nord
moments : l'aube , la nuit ( minuit et pleine lune sont de très bons moments) ,
après midi, mais JAMAIS entre 10h et 12h00

se prévoir une chaise confortable
Visualiser son souhait , être bien relaxé .
Faire quelques pas en avant en direction du Nord

Elever les mains vers le ciel ,

On trace le premier sceau , celui de l'Eveil

On ne trace ni le second ni le troisième sceau :
ces forces vont être employées à travailler avec notre subconscient donc il ne faut pas les bannir

S'incliner . profondément .

Regagner sa chaise sans jamais quitter le Nord , non pas à reculon, mais en tenant la tête à demi-tournée .

Réciter à voix haute son souhait , puis compter de 1 à 50 sans ne plus penser à ce souhait,
laisser le subconscient qui travaille avec les forces invoquées à sa mise en réalisation .

Se relever , refaire quelque pas puis Tracer le Sceau de départ .

On peut se servir d'un support écrit si on souhaite , encre bleu sur fond jaune ou encre vert sur fond rouge .
On peut le réutiliser jusqu'à réalisation du souhait , celui-ci exauçé , le déchier puis le brûler .





 

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27 octobre 2012

Eugenisme...theorie raciste.....

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L’eugénisme peut être défini comme l’ensemble des méthodes et pratiques visant à transformer le patrimoine génétique de l’espèce humaine, dans le but de le faire tendre vers un idéal déterminé. Il peut être le fruit d’une politique délibérément menée par un État. Il peut aussi être le résultat collectif d’une somme de décisions individuelles convergentes prises par les futurs parents, dans une société où primerait la recherche de l’ « enfant parfait », ou du moins indemne de nombreuses affections graves.

Le terme eugenics a été employé pour la première fois en 1883 par le scientifique britannique Francis Galton dont les travaux ont grandement participé à la constitution et à la diffusion de l'idéologie eugéniste. Mené par des scientifiques et des médecins, le mouvement de promotion de l'eugénisme qui se met en place au tournant du XXe siècle milite en faveur de politiques volontaristes d'éradication des caractères jugés handicapants ou de favorisation des caractères jugés bénéfiques. Son influence sur la législation s’est traduite principalement dans trois domaines : la mise en place de programmes de stérilisations contraintes, le durcissement de l’encadrement juridique du mariage et la restriction de l’immigration. L'histoire du XXe siècle a fourni des exemples de politiques eugéniques, aux États-Unis et dans de nombreux pays européens (au premier chef desquels l'Allemagne nazie), désormais majoritairement désapprouvées.

Dans la période contemporaine, les progrès du génie génétique et le développement des techniques de procréation médicale assistée ont ouvert de nouvelles possibilités médicales (diagnostic prénatal, diagnostic préimplantatoire...) qui ont nourri les débats éthiques concernant la convergence des techniques bio-médicales et des pratiques sélectives.

 

Les origines de l’eugénisme galtonien

Francis Galton, l'inventeur du terme « eugénisme ».

L'étymologie du mot « eugénisme » est grecque : eu (« bien ») et gennaô (« engendrer »), ce qui signifie littéralement « bien naître ». Ce néologisme a été utilisé pour la première fois en 1883 par le britannique Francis Galton, cousin de Charles Darwin par le biais d'Erasmus Darwin. La préoccupation de Galton pour l’amélioration de l’espèce humaine précède néanmoins largement l’invention de ce terme. À la fin des années 1850, la lecture de L'Origine des espèces de son cousin Charles Darwin renforce sa conviction sélectionniste. En 1869, dans Hereditary Genius, une étude consacrée au génie des grands hommes britanniques, il conclut à son caractère héréditaire. Il lui paraît alors nécessaire de maintenir les lignées des grands hommes de la nation par une organisation rationnelle des mariages, une discipline qu’il désigne sous le nom de « viriculture ». En 1883, Galton publie Inquiries into human faculty and its development : la viriculture y devient l’eugénisme que Galton considère comme la « science de l’amélioration des lignées » et qu’il entend appliquer aux êtres humains sur le modèle de l’élevage sélectif des animaux.

Eugénisme, spencérisme, pensée évolutionniste

L'eugénisme ou le galtonisme est également souvent amalgamé avec le spencérisme.

Or, le galtonisme est une conception conservatrice ou néoconservatrice de l'évolution des sociétés forgée par Francis Galton. C'est forcer la sélection naturelle par une sélection artificielle contre des tares supposées préjugeant à une dégénérescence de la société et des individus.

Tandis que le spencérisme est une conception libérale de l'évolution des sociétés forgée par Herbert Spencer. C'est laisser faire la sélection naturelle au seins de la société permettant une régénérescence de la société par elle-même en éliminant naturellement, sans aide extérieure, les moins adaptés à l'environnement social.

Spencerisme et galtonisme sont des pensées évolutionnistes dont la base centrale est exclusivement la sélection naturelle bien que d'autres facteurs sont mises en jeu dans l'évolution de la nature et des sociétés.

L’obsession de la dégénérescence

Pour le philosophe Jean-Paul Thomas, « l’eugénisme [...] est habité par l’obsession de la décadence ». Dans le contexte de la révolution industrielle, qui initie un mouvement d’urbanisation et de prolétarisation de la population la plus pauvre, la prolifération désordonnée des classes laborieuses constitue un motif d’inquiétude profond pour les élites victoriennes. Les maux sociaux et sanitaires (tuberculose, syphilis, alcoolisme...) qui se multiplient dans le Royaume apparaissent comme autant de manifestations de la contamination de l’espèce humaine par les tares congénitales véhiculées par les populations les plus pauvres. Comme l’indique le succès des théories malthusiennes, la différence de fécondité entre classes attire plus particulièrement l’attention des scientifiques britanniques. Galton n’échappe pas à la règle. À terme, les individus les plus pauvres, conçus comme naturellement inférieurs, lui semblent devoir irrémédiablement submerger les représentants des classes sociales aisées qui cumulent les caractéristiques physiques, intellectuelles et morales les plus hautes.

La mixophobie sociale

Pour Galton, les classes sociales possèdent des qualités propres, transmises héréditairement. La préservation des qualités des familles de bonne lignée nécessite d’éviter le mélange des sangs qui ne peut conduire qu’à la disparition des caractères les plus hauts de la race humaine. Cette représentation du monde, qui préexiste à ses travaux « eugéniques », le conduit à traduire les différences sociales sur un strict plan biologique. Elle valorise explicitement un modèle d’homme qui correspond précisément au groupe social dont Galton est issu : l’élite de la société britannique correspond pour lui aux professions libérales, aux vieilles familles de l’aristocratie terrienne et aux hommes de science. Les nouvelles fortunes, bâties sur l’industrie et le commerce, ne trouvent pas grâce à ses yeux. Sur le plan politique, l’eugénisme galtonien apparaît ainsi comme une théorie défensive qui vise à protéger un groupe social défini contre une menace largement fantasmée. Sous couvert d’une apparente scientificité, elle revient en effet à préserver le maintien de l’ordre social en exigeant une stricte limitation des unions entre les individus d’origines sociales différentes.

La civilisation contre la sélection naturelle

Les eugénistes trouvent dans la lecture de L'Origine des espèces de Darwin, et dans le déplacement de ses conclusions à l’espèce humaine, une clé explicative de leur hantise de la décadence. De leur point de vue, la civilisation, en enrayant les mécanismes de la sélection naturelle, court à sa perte. Les dispositifs sociaux de protection des plus pauvres, des malades et des plus faibles en général constituent la première de leurs cibles. Pour Clémence Royer, la première traductrice de Charles Darwin en France, la charité chrétienne puis les valeurs de solidarité développées avec les idées démocratiques ne peuvent que mener à la dégénérescence de la race humaine.

Galton partage largement les positions de Royer. Comme nombre de ses confrères eugénistes après lui, il s’est converti, après la lecture de l’ouvrage phare de son cousin, à un antichristianisme farouche. Sur le plan politique, s’il n’embrasse pas explicitement le credo de l’anthropologue français Vacher de Lapouge qui entendait substituer à la formule révolutionnaire « Liberté, égalité, fraternité » celle de « Déterminisme, Inégalité, Sélection », il s’oppose aux principes de l’égalité naturelle et donc politique des hommes.

La science et la religion du progrès

Malgré la menace de la dégénérescence, l’eugéniste reste pénétré par un optimisme sans faille, pourvu que l’homme daigne se laisser guider par les principes de la science. Le salut de la civilisation occidentale passe par la soumission du politique aux principes scientifiques. Galton place ainsi tous ses espoirs dans le pouvoir illimité de la science, présentée comme un substitut à la religion traditionnelle. Vacher de Lapouge résume cette idée, centrale chez les eugénistes, quand il affirme que « c’est la science qui nous donnera […] la religion nouvelle, la morale nouvelle, et la politique nouvelle ». Si les règles sociales sont venues parasiter le processus de sélection naturelle, il faut donc pour les eugénistes exercer, en lieu et place de la nature, les mesures sélectives indispensables à l’évolution de l’espèce humaine.

Le paradigme héréditariste

L’eugénisme s’appuie, avec la génétique balbutiante, sur la croyance que les capacités et les aptitudes humaines sont déterminées par des caractères biologiques transmissibles. À l’époque de la première formulation des théories eugénistes de Galton, les travaux de Gregor Mendel ne sont pas encore connus de la communauté scientifique. La connaissance des lois de l’hérédité n’est basée que sur l’expérience des agriculteurs dans la sélection de leurs variétés animales et végétales. Toute l’ambition de Galton est de montrer le caractère héréditaire des « capacités naturelles » de l’homme et d’en comprendre le mécanisme de transmission dans le but avoué de découvrir les moyens d’ « améliorer la race humaine » sur le modèle de l’élevage animal. Dès 1869, il lui paraît ainsi « tout à fait possible de produire une race humaine surdouée par des mariages judicieux pendant plusieurs générations consécutives ».

Souhaitant découvrir les lois de l’hérédité qui seules pourraient lui permettre de donner une base scientifique à son projet d’amélioration de l’espèce, il adopte une méthode statistique, inédite à l’époque dans le domaine de la biologie, en s’appuyant sur la loi normale gaussienne, dont la densité de distribution dessine une courbe en cloche. Il applique la distribution normale à l’étude des populations, comme l’avait fait peu avant lui le Belge Adolphe Quetelet. Il mesure ainsi les variations par rapport à la moyenne de différents éléments d’une population de pois de senteur et de leur génération suivante, et commence à collecter des données sur la taille et le poids de la population britannique.

Le plus important réside dans le présupposé de sa démarche. Galton applique un schéma explicatif très différent de son confrère belge. Là où Quetelet déduit des régularités statistiques qu’il observe des « causes constantes morales », Galton conclut invariablement à l’origine biologique et héréditaire des phénomènes qu’il étudie. Malgré une méthode innovante, les résultats de Galton furent minces. En 1892, il reconnaît que « le grand problème de l’amélioration de la race humaine n’a pas pour l’instant dépassé le stade de l’intérêt académique ».

Entre la science et l'idéologie

Alexis Carrel, prix Nobel de médecine 1912, connut un succès international avec son essai eugéniste L'homme, cet inconnu.

Une part du succès de l’eugénisme tient aux liens étroits qu’il entretient avec les principaux courants idéologiques de la fin du XIXe siècle : l'évolutionnisme, qu’il soit libéral-spencérien ou marxiste, le malthusianisme, le darwinisme social ou le racisme trouveront tous à s’articuler à l’eugénisme. Comme l’ensemble de ces idéologies, l’eugénisme tire sa légitimité des rapports qu’il entretient avec la science. L’eugénisme peut ainsi être considéré comme une « idéologie scientifique » au sens que lui donne Georges Canguilhem. Il s’appuie sur une science instituée dont il utilise le prestige pour légitimer un projet politique. L’eugénisme partage avec la science biologique des présupposés héréditaristes et, pour un temps, une même approche statistique des populations. Pour André Pichot, ce rapport n’est cependant pas univoque. Si la science biologique participe à la légitimation de la doctrine eugéniste, cette doctrine renforce en retour le rôle social de la science. Le projet eugéniste participe ainsi à la construction de l’image que la science de la fin du XIXe siècle se fait d’elle-même et qu’elle veut refléter aux yeux du reste de la société : l’eugénisme figure aux côtés de la vaccination ou de l’électricité au nombre des bienfaits que la science entend offrir à l’humanité. La génétique naissante et encore mal assurée y trouve la clé de voûte de son projet de recherche et de sa justification idéologique.

La science

Darwin et l'eugénisme

Avant même la définition du terme « eugénisme », Francis Galton s’est inspiré de la théorie de l’évolution de Charles Darwin dans ses travaux, amenant ce dernier à se prononcer sur la question de la doctrine eugéniste naissante. Dans son ouvrage La Descendance de l'homme et la sélection sexuelle, paru en 1871, Darwin reprend les conclusions de son cousin sur l’hérédité en affirmant qu'il est probable que le « talent » et le « génie » chez l'Homme soient héréditaires. Il lui paraît également vraisemblable que les protections sociales vont à l’encontre de la sélection naturelle. Il se refuse cependant à adopter les conclusions politiques de Galton, plaçant l’esprit de fraternité humaine au-dessus des lois scientifiques : « nous ne saurions restreindre notre sympathie, en admettant même que l’inflexible raison nous en fît une loi, sans porter préjudice à la plus noble partie de notre nature », déclare-t-il ainsi dans le même ouvrage. Ce n’est qu’après la mort de son cousin qui intervint en 1882 que Galton commença à appeler « eugénisme » sa philosophie sociale. Le nom de Darwin y resta cependant durablement attaché, à cause de l’implication de sa famille– outre Galton, son fils Leonard Darwin en fut l’un des promoteurs les plus influents au Royaume-Uni – et des principaux défenseurs du darwinisme dans le développement de la doctrine. Les travaux de Galton scellent en effet une union durable entre la science en général, la génétique en particulier, et la doctrine eugéniste.

La génétique des populations

Ronald Fisher, un des fondateurs de la génétique moderne, fut titulaire de la chaire Galton d’eugénisme de l’University College de Londres.

Pour André Pichot ou Troy Duster, le succès de l’eugénisme qui s’amplifie au début du XXe siècle est en partie déterminé par des causes internes à l’histoire des sciences, et notamment par la prépondérance de la génétique des populations dans le domaine de la biologie.

L’approche de Galton, qui deviendra la biométrie avec l’apport de Karl Pearson, pose en effet les jalons de la génétique des populations qui restera, avec sa variante mendélienne, l’approche dominante en matière de génétique jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. La génétique des populations se fixe l’objectif de découvrir les lois du modèle darwinien de l’évolution en s’appuyant sur des méthodes statistiques. Ses deux axes de recherche principaux sont l’étude de la fréquence de la version des gènes dans une population (fréquence allélique) et le rôle joué par la sélection naturelle dans cette répartition . En s’appuyant sur la génétique des populations, la théorie de l’évolution connut des développements importants jusqu’à la formulation de la théorie synthétique de l'évolution (ou néo-darwinisme) qui constitue toujours le schéma explicatif dominant.

Eugénisme et génétique des populations, dont les origines sont liées à travers les figures de Galton et Pearson, avaient donc des préoccupations et des méthodes très proches : il s’agissait, grâce au recours à l’étude statistique de grands segments de population, de découvrir les lois régissant l’évolution. Une grande partie des représentants de la génétique des populations de la première moitié du XXe siècle a ainsi exprimé des positions eugénistes, militant même souvent ouvertement dans les principales organisations du mouvement. Le biologiste August Weismann (1834 – 1914), auteur de la théorie du plasma germinatif, était membre de la société d’hygiène raciale allemande. L’américain Charles Davenport, l’un des principaux promoteurs de la théorie mendélienne aux États-Unis, fut l’un des leaders de l’eugénisme américain. Les prestigieux biologistes Julian Huxley, John Haldane ou Ronald Fisher, tenu pour le fondateur de la génétique moderne, militèrent quant à eux pour un eugénisme moins dur, que l’on qualifiait de « réformiste ».

Au-delà du champ de la biologie, l’inventeur Alexander Graham Bell ou Luther Burbank, un influent agronome américain, ont été d’actifs militants eugénistes. En France les plus célèbres des scientifiques eugénistes furent les prix Nobel de médecine Alexis Carrel et Charles Richet.

Convergences idéologiques

Le racisme

Charles Robert Richet, prix Nobel de médecine 1913 et président de la Société française d'eugénisme de 1920 à 1926.

Dès l’origine, l’eugénisme de Galton est imprégné du racisme de son promoteur, dont les préjugés initiaux ont été renforcés par le voyage qu’il a mené en Afrique du Sud en 1850. Racisme et eugénisme se mêlent fréquemment dans les argumentaires des eugénistes conservateurs, en particulier lorsqu’ils abordent la question de l’immigration.

Au début du XXe siècle, la « détérioration nationale » est une préoccupation qui se renforce avec la mise en place d’outils statistiques de mesure des conscrits. Sur la base de ces chiffres, on conclut régulièrement à une dégénérescence physique et intellectuelle de la population. On s’inquiète particulièrement des différences de fécondité entre les « races nordiques » et les nouveaux migrants venus de l’est. La peur de la fécondité des classes populaires s’accompagne ainsi régulièrement d’inquiétudes concernant celle des migrants catholiques irlandais et juifs polonais, russes et allemands, qui alimentent un antisémitisme latent.

Aux États-Unis la préoccupation est plus forte encore et aboutira à une limitation sévère de l’immigration. Les eugénistes sont à la pointe du combat pour une législation anti-immigration. Pour le célèbre économiste Irving Fisher la focalisation de la société sur les questions migratoires « était une occasion rêvée pour amener les gens à s’intéresser à l’eugénisme ».

Situé dans une perspective plus vaste que la simple défense de la pureté de la « race », le projet de nombreux eugénistes était d’améliorer les capacités de l’humanité dans son ensemble. Pour Charles Richet, le prix Nobel français de médecine de 1913, « lorsqu’il s’agira de la race jaune, et, à plus forte raison, de la race noire, pour conserver, et surtout pour augmenter notre puissance mentale, il faudra pratiquer non plus la sélection individuelle comme avec nos frères les blancs, mais la sélection spécifique, en écartant résolument tout mélange avec les races inférieures ». Il faut ainsi qu’une autorité conduise l’ « élimination des races inférieures » puis celle des « anormaux ».

Le régime nazi consommera tragiquement les noces du racisme et de l’eugénisme, en s’attaquant avec ses lois de stérilisation aux Noirs nés de l’occupation de la Ruhr par les troupes coloniales françaises en 1923 (un épisode dénoncé comme la Honte noire avant même l’avènement du nazisme) puis en appliquant méthodiquement le programme d’élimination des « races inférieures » aux Juifs et aux Tsiganes.

Dimensions hygiénistes et esthétiques

L’eugénisme s’accorda aussi largement avec le dégoût pour le désordre, la saleté et la matérialité organique qui accompagna le développement des courants hygiénistes dans les sociétés occidentales. L’obsession pour le culte du corps parfait qui s’incarna dans la construction de stéréotypes nationaux virils constitua un des aspects de ce rapport renouvelé au corps. Le nazisme envisagea même de porter ce principe à son extrémité, en réfléchissant à une législation qui conduirait à l’élimination des prisonniers de droit commun les plus laids.

Le mouvement eugéniste

Arthur Balfour, prononça le discours d'ouverture du Ier congrès international d’eugénisme en 1912.

Loin de se cantonner à un petit cercle de croyants ou de scientifiques marginaux, la doctrine eugéniste s’est progressivement répandue dans le grand public. Au début du XXe siècle, le mot « eugénisme » devint d’usage courant (on parlait ainsi de « mariage eugénique ») et les manifestations et rassemblements visant à promouvoir la doctrine rencontrèrent de larges échos. Galton lui-même fut anobli en 1909 et reçut en 1910 la très prestigieuse médaille Copley décernée par la Royal Society. Il est le premier organisateur d’un mouvement qui devint rapidement international. En 1912, se tint ainsi à Londres le Ier congrès international d’eugénisme dont le discours d’ouverture fut assuré par l’ancien Premier ministre Arthur Balfour.

Principaux débats

Législation ou éducation

Si le principe général de l’eugénisme était fixé — il s’agissait d’améliorer génétiquement l’espèce humaine grâce aux progrès de la science —, de nombreuses questions se posèrent quant à son application concrète. Le mouvement eugéniste hésita, à l’image de Galton, entre deux possibilités : l’intervention de l'État et l’éducation des masses. Galton pensait originellement que le programme eugéniste devait s’appuyer sur la libre volonté des personnes et que seul l’inculcation d’un « mode de pensée » eugéniste pouvait avoir des effets durables. Il s’agissait d’ancrer dans les esprits une nouvelle manière de voir le monde qui devait mettre l’eugéniste au premier rang des préoccupations humaines. Plus tardivement, la position de Galton et celle d’une grande partie des eugénistes conservateurs évolua. L’intervention de l’État, concernant notamment les cas considérés comme les plus graves, devint une de leurs principales revendications. Même ceux qui, se réclamant du darwinisme social, se refusaient à voir l’État intervenir dans la vie sociale et économique estimèrent indispensable de s’écarter sur ce point de la doctrine du « laissez-faire » pour adopter des mesures de « sélection artificielle ».

Eugénisme « négatif » et « positif »

Les eugénistes se divisaient aussi sur la question des moyens à mettre en œuvre pour parvenir à leur but. Les partisans d’un « eugénisme négatif » comptaient améliorer l’être humain en éliminant les gènes indésirables de la population : la restriction du mariage, la stérilisation, voire l’élimination physique des individus porteurs des gènes indésirables furent les options défendues par l'« eugénisme négatif ». L'« eugénisme positif » comptait quant à lui améliorer l’espèce en stimulant la reproduction des individus dont le potentiel génétique lui apparaissait comme le plus élevé. Il militait par exemple pour la mise en place d’incitations financières devant favoriser la procréation des classes favorisées ou des individus jugés conformes aux canons physiques et moraux. Les eugénistes réformistes ou marxistes entendaient pour leur part lever les barrières de classes qui empêchaient selon eux les meilleurs éléments de l’humanité de pouvoir unir leur sang. La distinction entre eugénisme positif et négatif est cependant purement heuristique : les deux positions n’étaient nullement exclusives l’une de l’autre et se combinaient le plus souvent.

Eugénisme « classique » et « réformiste »

Loin d’être monolithique, le mouvement eugéniste était secoué de débats récurrents concernant les questions du mariage, du divorce ou de la sexualité. La méconnaissance des règles précises de l’hérédité ouvrait par ailleurs de nombreuses controverses au sein même de la communauté scientifique. Les milieux eugénistes qui partageaient les mêmes préoccupations et souvent les mêmes membres étaient logiquement traversés par les mêmes clivages. De manière schématique, on peut avec Daniel Kevles, distinguer deux familles principales d’eugénistes : les eugénistes « classiques » ou conservateurs qui accordent un rôle prépondérant voire exclusif à l’hérédité dans l’explication des phénomènes sociaux. Sur le plan politique, ils sont favorables au maintien de l’ordre social et sexuel. Les eugénistes « réformistes », appartenant aux milieux progressistes ou socialistes, concilient la recherche d’un horizon révolutionnaire ou la défense de revendications féministes et l’avènement d’un « homme nouveau », conçu sur des bases biologiques.

Au Royaume-Uni

Le statisticien Karl Pearson, principal disciple de Galton et fondateur de la biométrie.

L’eugénisme constitua jusqu’à la Seconde Guerre mondiale un élément incontournable du débat politique britannique : Arthur Balfour, Arthur Neville Chamberlain ou Winston Churchill pour ne citer que des Premiers ministres, défendront des points de vue eugénistes.

Karl Pearson, le principal disciple de Galton continua l’œuvre de son mentor, en s’appuyant sur une approche statistique dont il raffina les méthodes pour en faire une discipline à part entière : la biométrie. Sur le plan scientifique, il participa ainsi à l’émergence de la génétique des populations mais fut progressivement marginalisé par le développement de la génétique mendélienne. Si les travaux de son laboratoire furent régulièrement utilisés par les militants eugénistes, il rechigna tout au long de sa carrière à intervenir directement dans le débat public.

Il n’adhéra ainsi jamais à la Société pour l’éducation eugéniste (Eugenics education society), créée en 1907 et existant toujours aujourd’hui sous le nom d’Institut Galton (Galton Institute). Elle devint la principale association britannique de promotion de l’eugénisme. Francis Galton ne s’y engagea lui-même qu’après de longues hésitations, devenant en 1908 son président honoraire. La société essaima rapidement sur l’ensemble du territoire britannique et compta même une représentation locale en Australie. Si elle n’atteignit jamais la taille d’une organisation de masse — elle ne compta jamais plus de 1700 adhérents —, elle parvint toutefois à faire entendre sa voix dans le débat public. Sa composition sociale en faisait une organisation fermée mais influente. Majoritairement investie par des scientifiques, des avocats et des notables, elle pouvait se targuer de réunir quelques-uns des noms les plus prestigieux du royaume. De 1911 à 1928, son président fut ainsi le fils de Charles Darwin, Leonard Darwin.

Ses modes d’intervention ont été repris par l’ensemble des organisations similaires, aux États-Unis notamment : la publication d’une revue — l’Eugenics review —, de brochures, la réalisation d’un film et l’organisation de congrès qui traitèrent des principales préoccupations du mouvement (l’hérédité, l’hygiène, le mariage et la sexualité). L’un des effets du mouvement eugéniste fut ainsi paradoxalement de porter sur la place publique des sujets qui en avaient longtemps été exclus par la rigueur morale victorienne. La Société pour l’éducation eugéniste exerça aussi une importante activité de lobbying en organisant des délégations auprès du Parlement du Royaume-Uni sur des sujets comme les lois sur les pauvres, les maladies vénériennes ou le traitement des déficients mentaux. Elle milita notamment pour un internement en asile de ces derniers de façon à les empêcher de procréer. La loi sera votée en 1913, sans toutefois qu’apparaisse explicitement le motif qui sous-tendait la démarche des eugénistes.

Le courant conservateur, dont le principal représentant était Leonard Darwin, était majoritaire au sein de la Société eugéniste. Favorable à la stérilisation et à l’internement des déficients mentaux, les conservateurs militaient sur le plan des mœurs pour la conservation de rôles sociaux sexuellement différenciés, exprimant notamment leur opposition à la contraception, considérée comme une puissante incitation à la débauche. Opposés à l’accès des femmes aux études supérieures, ils considéraient que l’exercice des tâches de direction ne pouvait que les détourner de la fonction procréatrice qui constituait selon eux « leur devoir naturel le plus glorieux ».

Même s’ils étaient minoritaires, les « réformateurs sociaux » participèrent rapidement, parfois même au sein de la Société d’éducation eugéniste, à la promotion de la nouvelle doctrine. Les militants socialistes de la Fabian Society Sidney Webb, George Bernard Shaw ou Havelock Ellis, qui devint même vice-président de la Société eugéniste, défendaient des positions sensiblement différentes des conservateurs. Partisans d’un enseignement des principes eugénistes, ils pensaient, comme Galton, que l’éducation était le meilleur moyen de faire pénétrer les principes eugénistes dans les esprits. Ils s’attachaient surtout à articuler l’eugénisme et la « question féminine ». Pour les réformistes, l’indépendance financière des femmes devait leur permettre de choisir un mari conforme aux préoccupations eugénistes, le contrôle des naissances et la contraception de découpler sexualité et procréation. Enfin, la disparition des classes sociales devait permettre de favoriser une rationalisation des arrangements matrimoniaux, jusqu’ici contrariée par les barrières de classe. « Ces Socialistes pouvaient jouer à l'intérieur de la Société eugénique sur la nécessité de d'agir sur l'environnement. »

États-Unis

En 1922, la Société américaine d’eugénisme (American Eugenics Society) est créée pour coordonner l’action des militants eugénistes américains. Elle comptera des délégations dans 28 États. Comme sa cousine britannique, elle resta une organisation de taille modeste ne dépassant jamais les 1 200 adhérents mais regroupa principalement des scientifiques et des notables. Elle fut ainsi présidée par l’économiste Irving Fisher et financée par John D. Rockefeller. Une des principales revendications des eugénistes américains est la limitation de l’immigration en provenance du sud et de l’est de l’Europe. La Société américaine d’eugénisme se dota ainsi en 1923 d’un « comité sur l’immigration sélective » qui milita, dans la lignée des analyses de Madison Grant, en faveur d’une loi de restriction permanente de l’immigration.

En France

En France, la création de la Société française d’eugénique intervient le 29 janvier 1913. Dans les années qui ont précédé sa fondation, les préoccupations eugénistes se sont nourries du discours sur le déclin démographique du pays, alimentés par les plus éminents démographes.

Ce courant de pensée décliniste se montre particulièrement attentif aux débats qui se tiennent outre-manche sur ces questions. Un comité consultatif français qui réunit 45 personnes est ainsi formé pour participer au premier Congrès international d’eugénisme qui se tient à Londres en 1912. Il contient, outre des scientifiques, des médecins et des statisticiens, deux hommes politiques à la pointe du mouvement nataliste, Paul Doumer et Paul Strauss. De retour en France, plusieurs participants du Congrès sont convaincus de la nécessité d’organiser leurs forces. À l’appel du statisticien Lucien March, une première réunion se tient le 12 décembre 1912 à l’École de médecine de Paris avant que les statuts de l’association soient finalisés en janvier. La réunion inaugurale réunit 104 personnes dont 64,5% de médecins.

D'une manière générale en France, l'eugénisme fut surtout un hygiénisme social pasteurien et lamarckiste avec des mesures de natures environnementales et sociales contre propagation des tares que l'on croyait alors héréditaires : tuberculose, syphilis, protection des femmes enceintes et des nourrissons, éradication de l'alcoolisme.

Ainsi les scientifiques français, encore significativement de mode lamarckiste, sont restés à l'écart du mouvement eugéniste international puisqu'il leur fallait déjà approuver le darwinisme. Le néodarwiniste, Lucien Cuénot, contrairement aux restes du monde néodarwiniste minimise par exemple le rôle de la sélection naturelle et propose un mélange des classes sociales et des races pour la vigueur hybride. Cela n'était cependant pas de l'avis de certain membres de l'institut de France comme Charles Richet.

Lois eugénistes

L’influence du mouvement eugéniste sur la législation s’est traduite dans trois domaines principaux : la mise en place de programmes de stérilisations contraintes, le durcissement de l’encadrement juridique du mariage et la restriction de l’immigration, qui constitue un de ses principaux champs d’intervention aux États-Unis.

Programmes de stérilisation contrainte

Pays occidentaux

Le premier pays à adopter une législation eugéniste fut les États-Unis où ce type de dispositions relève de la compétence des états. En 1907, l’État d’Indiana autorise la stérilisation de certains types de criminels et de malades. Il est suivi en 1909 par la Californie, le Connecticut et l’État de Washington. En 1917, quinze États avaient voté des dispositifs de ce type ; ils étaient trente-trois en 1950. Les criminels récidivistes, les violeurs, divers types de malades — les épileptiques, les malades mentaux, les idiots — et parfois les alcooliques et les toxicomanes étaient visés par ces lois de stérilisation.

Pendant l’entre-deux-guerres, plusieurs États européens votent à leur tour des textes similaires : la Suisse en 1928, le Danemark en 1929, la Norvège et l’Allemagne en 1934, la Finlande et la Suède en 1935, l'Estonie en 1937. La plupart des pays protestants furent touchés, à l'exception notable de la Grande-Bretagne, où cette revendication fut toutefois portée par une partie du mouvement eugéniste.

Allemagne nazie

Affiche publicitaire pour la revue nazie Neues Volk (Nouveau Peuple), qui prônait l'eugénisme et l'euthanasie.
« 60 000 Reichsmark, c'est ce que cette personne souffrant de maladie congénitale coûte à la communauté durant toute sa vie. Lisez Neues Volk, la revue mensuelle de l'Office des politiques raciales du NSDAP. »

Avant même l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir, une majorité de scientifiques et une large partie de la classe politique allemande étaient favorables à l’eugénisme. Une politique eugéniste propre à l'Allemagne nazie, qui s’insère dans un programme plus vaste que l’on peut qualifier d’« eugénico-raciste » est mise en place dès 1933. Basée sur des techniques à prétention scientifiques et organisée par l'administration, elle est définie par un ensemble de lois et de décrets dont les objectifs consistent :

  • d'une part à favoriser la fécondité des humains considérés comme supérieurs (politique nataliste, soutien familial, pouponnières, lebensborn ...) ;
  • d'autre part à prévenir la reproduction des humains considérés comme comme inférieurs et socialement indésirables (les criminels, handicapés physiques ou mentaux, homosexuels, sourds et aveugles de naissance,alcooliques sévères etc.) ou racialement « impurs » (Juifs, Tziganes, Noirs ou Slaves) ;
  • tous les patients hospitalisés depuis au moins cinq ans.

L'Allemagne a ainsi durci la législation contre l’avortement pour les femmes considérées comme supérieures, alors que dans le même temps la circulaire secrète de 1934 aux Offices de la santé du peuple autorisait l'avortement pour les femmes si une « descendance héréditairement malade » était considérée comme prévisible. Le décret secret du 19 novembre 1940 a été plus loin en rendant obligatoire l'avortement pour les femmes « inférieures ».

La loi du 14 juillet 1933 portant sur la stérilisation eugénique est rédigée à l'aide de la participation active du médecin et haut fonctionnaire Arthur Gütt, du juriste Falk Ruttke et du psychiatre suisse Ernst Rüdin. Cette loi qui entre en vigueur le 1er janvier 1934 impose la stérilisation obligatoire pour les malades atteints de neuf maladies considérées comme héréditaires ou congénitales (cécité, alcoolisme, schizophrénie, ...). Ces stérilisations ont fait l'objet d'un quasi consensus dans la communauté médicale allemande. On estime qu’environ 400 000 personnes ont été stérilisées entre 1934 et 1945, en incluant les territoires annexés par l’Allemagne après 1937 où la loi fut aussi appliquée.

L'homosexualité, considérée par le pouvoir nazi et la très grande majorité des médecins et psychiatres de l’époque comme une « dégénérescence pathologique héréditaire », a fait l’objet d’une législation spécifique. L'Allemagne eugéniste proposait aux homosexuels le choix entre la castration volontaire ou la détention en camps de concentration.

D'autres pratiques ont été utilisées pour éliminer les personnes indésirables : camps de concentration pour les alcooliques, criminels, délinquants, asociaux divers, castration des criminels homosexuels, stérilisation des enfants métis nés de mères allemandes et pères africains, indochinois de l'armée française, extermination des tsiganes et des juifs.

Suède

La Suède a maintenu un programme eugéniste de 1936 à 1976. On estime que près de 63 000 personnes ont été stérilisées durant les quarante années de ce programme. Les femmes ayant purgé une peine de prison, les alcooliques, les malades mentaux, les « socialement inadaptés » et ceux qui étaient de différentes races étaient en particulier visé

Asie

Japon Showa

Lors de la phase de l'expansionnisme du Japon Showa, les gouvernements nippons successifs mirent en place des mesures visant la stérilisation des handicapés mentaux et des « déviants », dont notamment une Loi nationale sur l'Eugénisme, promulguée en 1940 par le gouvernement Konoe.

En vertu de la Loi Eugénique de Protection (1948), la stérilisation pouvait être imposée aux criminels « avec des prédispositions génétiques au crime », aux patients souffrant de maladies génétiques comme l'hémophilie, l'albinisme, l'Ichtyose, et de maladies mentales comme la schizophrenie, la maniaco-dépression et l'épilepsie.

D'autre part, les Lois sur la Prévention de la Lèpre de 1907, 1931 et 1953, la dernière n'étant abolie qu'en 1996, permettaient l'internement des malades dans des sanatoriums où l'avortement et la stérilisation étaient monnaie courante, en raison notamment du fait que bon nombre de scientifiques nippons soutenaient que la constitution physique prédisposant à la lèpre était héréditaire. En vertu de l'ordonnance coloniale coréenne de prévention de la lèpre, les malades coréens pouvaient aussi être soumis à des travaux forcés.

Corée du Nord

Selon le rapport publié en avril 2009 par l'Institut coréen pour l'unification nationale, le gouvernement de la Corée du Nord pratique également l'eugénisme : les nains devaient subir une vasectomie et être mis en quarantaine et dans les années 1980, des opérations contraceptives se pratiquaient aussi sur des femmes de moins de 1,50 mètre.

Chine

Des pays comme la Chine ont lancé depuis le milieu des années 1990 une politique d'eugénisme franchement affirmée visant à favoriser les naissances dans les milieux urbains aisés et à les limiter dans les milieux ruraux défavorisés. Les experts locaux ont précisé que « des ressources humaines de qualité » étaient nécessaires à la modernisation du pays mais que les tendances présentes laissaient présager une « qualité de population moindre » ».

Cette politique mise en place par les autorités chinoises dans les années 1970, répondait au risque de voir le pays sombrer dans une catastrophe démographique. En trois décennies, la population fut réduite de quatre cents millions d'individus. D'autre part, et à la différence de beaucoup de pays occidentaux, la RPC autorisa les minorités ethniques vivant en Chine de pouvoir avoir, elles, deux enfants par femme. Ce n'est pas dans les villes, mais plutôt dans les campagnes, avec l'introduction du libéralisme et du besoin croissant de bras, pour le paysan indépendant, que cette loi, fut le plus souvent contournée.

Singapour

Singapour a mis en œuvre dans la première moitié des années 1980 une politique incitative visant à favoriser les naissances dans les milieux aisés et à les limiter dans les milieux modestes. En 1983, le Graduate Mums Scheme entend favoriser la fertilité des femmes diplômées, notamment par le biais de réduction d’impôts au-delà du troisième enfant. Ce premier dispositif s’est accompagné en 1984 d’une politique d’incitation à la stérilisation pour les femmes de moins de 30 ans dont le revenu est inférieur à 1500 dollars, sous la forme d’une prime de 10 000 dollars. Fortement critiqué, le Graduate Mums Scheme a été abandonné en 1985, tandis que le second volet de cette politique n’a jamais rencontré d’échos significatifs auprès de la population.

Les législations concernant le mariage

Aux États-Unis, l’influence du mouvement eugéniste a aussi conduit à une évolution de la législation concernant le mariage dans une trentaine d'États : les nouvelles lois annulaient le mariage des idiots ou des malades mentaux et restreignaient le droit au mariage des individus atteints de maladie vénériennes, parfois même des alcooliques comme dans l’Indiana.

Le contrôle des mariages fut un des terrains d’intervention principaux des eugénistes français. L’examen prénuptial, institué par le régime de Vichy avec la loi du 16 décembre 1942, est la seule disposition juridique française s’étant explicitement réclamé d’un objectif « eugénique ». Il est resté obligatoire jusqu’au 1er janvier 2008.

Législation contemporaine en France

En France, la question de l'eugénisme est traitée par le code pénal, dans le Sous-titre II du Titre I du Livre II, intitulée « Des crimes contre l'espèce humaine » :

  • Article L 214-1 : « Le fait de mettre en œuvre une pratique eugénique tendant à l’organisation de la sélection des personnes est puni de trente ans de réclusion criminelle et de 7 500 000 euros d’amende ».
  • Article L 214-3 : « Cette peine est portée à la réclusion criminelle à perpétuité et de 7 500 000 euros d’amende lorsqu’elles sont commises en bande organisée »

L'eugénisme est plus solennellement encore, réprouvé par le Code civil en son article 16-4 : " Nul ne peut porter atteinte à l'intégrité de l'espèce humaine. Toute pratique eugénique tendant à l'organisation de la sélection des personnes est interdite"

À l'Assemblée nationale, le scrutin n°167 sur l’ensemble du projet de loi relatif à la bioéthique, a été adopté avec modifications en deuxième lecture séance du mardi 8 juin 2004 (310 votants, 304 suffrages exprimés, 187 pour, 117 contre).


Cependant, aussi claire qu'elle paraisse, la position française est en pratique bien plus ambiguë, si on considère les obligations de dépistage (visites prénatales obligatoires) et les facilités légales ainsi que l'encouragement à l'avortement lorsque l'enfant à naître présente des malformations. Dans le cas du dépistage pré-natal de la trisomie 21, il s'agit clairement d'un eugénisme « négatif » (par élimination).

Débats contemporains

Anthropométrie

Le discrédit porté sur l’eugénisme à la suite des politiques mises en œuvre notamment par le régime nazi, est à l’origine de deux positions, que l’on peut qualifier avec Jean-Paul Thomas de « continuistes » et de « discontinuistes ».

Pour les continuistes, l’issue logique d’une perspective eugéniste est illustrée par l’Histoire et les crimes commis par le régime nazi au nom des principes de cette doctrine. Les fondements mêmes de l’eugénisme, en particulier ses présupposés héréditaristes et scientistes, contiennent en germe des éléments qui conduisent nécessairement à des développements contraires aux lois de la morale. Les discontinuistes affirment au contraire qu’une position eugéniste, encadrée par des dispositions morales et juridiques suffisantes, peut signifier un progrès pour l’humanité.

Selon ses défenseurs l'eugénisme visait à assurer une humanité plus adaptée, donc en principe plus heureuse. Ce n'est donc pas sa fin en elle-même qui a été critiquable, mais bien souvent les moyens choisis. Si le diabète, l'hémophilie et d'autres maladies héréditaires venaient à être éliminées par thérapie génique, tout le monde en serait ravi ; cette forme d'eugénisme ne pose pas les difficultés de sa variante du XIXe et XXe siècles, périodes où les moyens utilisés avaient dépassé les bornes autorisées par nos propres valeurs.

Mais quid de l'orientation à choisir, même par des moyens licites ?

  • Au XVIIIe siècle, on aurait pu vouloir favoriser l'émergence d'hommes robustes capables surtout d'une grande endurance pour devenir portefaix ou travailleurs de force. La machine à vapeur permit de faire mieux pour dix fois moins cher, les réduisant au chômage et peut-être à l'inanition. L'eugénisme aurait ici augmenté le nombre des inadaptés.
  • Le XIXe siècle aurait favorisé sans doute l'apparition d'un autre type d'humain : l'employé aux écritures à la mode de Dickens, capable d'additionner douze heures par jour de longues colonnes de chiffres sans se fatiguer ni se tromper. Quel emploi la deuxième moitié du XXe siècle, où un ordinateur faisait le même travail pour juste quelques centimes et en un temps bien plus court, aurait-elle pu trouver pour un type d'homme n'ayant que ces qualités-là à offrir ? L'eugénisme aurait là encore augmenté le nombre des inadaptés.
  • La deuxième moitié du XXe siècle demandait beaucoup d'employés de guichet. Au XXIe siècle, une très grande partie de leur travail est effectuée 24 heures sur 24 et pour bien moins cher par des serveurs Internet.

« Nous devons éviter que nos jolis objectifs deviennent les geôliers de nos enfants », disait Myron Tribus (« We should ensure that our goals do not become their gaols », avec un jeu de mots entre goals/buts et gaols/geoles) en citant ces trois exemples.

Bien plus que les moyens employés, qui peuvent dans certains cas être irréprochables, c'est probablement là que se trouve la principale impasse de l'eugénisme. Même lorsque celui-ci s'attache à autre chose qu'à la simple élimination - en observant une stricte éthique - des maladies héréditaires. Car, dans certains cas particuliers, ce qui est une maladie peut être, aussi, un facteur de survie : que l'on repense par exemple à la célèbre drépanocytose, maladie héréditaire qui permet de résister au paludisme.

La variété et le nombre (la biodiversité) représentent autant d'opportunités possibles d'adaptation des systèmes vivants à des conditions futures inconnues, et donc à la survie de l'espèce. L'élimination systématique de tous les caractères jugés handicapants ou superflus à un moment donné pourrait parfaitement abréger la durée de vie d'une lignée... Les sélectionneurs de races animales, qui le savent, prennent soin de conserver (sous forme de paillettes de sperme congelées, par exemple, ou sous forme d'information : c'est l'un des enjeux du séquençage génétique) les caractères que par ailleurs ils éliminent dans les animaux de production. Ils savent qu'un demi-siècle peut s'intéresser à la seule quantité, et par exemple le demi-siècle suivant au contraire à des qualités gustatives, etc.

Mais grâce à cet exemple, on peut considérer qu'il suffirait de conserver certains caractères, tout en les supprimant de l'humanité présente, pour les réintroduire à l'avenir si le besoin s'en faisait sentir. Une telle pratique eugénique permettrait à l'humanité de maîtriser son adaptabilité et son évolution. Les auteurs de science-fiction et de politique-fiction s'interrogent néanmoins sur le sens que les eugénistes donnent au mot « bénéfique » : pour les individus, ou simplement pour l'État ?.

Sparte

Il a été longtemps soutenu qu'à Sparte l'eugénisme ait longtemps été pratiqué. Les enfants nés malades ou faibles auraient été tués dès la naissance ainsi que les handicapés mentaux et physiques. De cette manière, seuls les plus « forts » auraient subsisté et auraient pu se reproduire.

De récentes fouilles archéologiques contredisent cette légende rapportées par de rares et imprécises sources antiques. En effet, après l'analyse les ossements trouvés dans le gouffre des Apothètes, il a été conclu que seuls des restes d'adolescents et d'adultes ont été recueillis.

L'Église catholique

L'Église combat avec fermeté toute doctrine eugénique. L'eugénisme va à l'encontre des dogmes moraux transcendants et providentielles de l'église chrétienne. Elle s'est notamment exprimée à ce sujet lors de la conférence des chrétiens d'Europe à Gniezno en Pologne.

Les pays à dominante catholique, même fascistes comme quelque temps l'Espagne, le Portugal ou l'Italie ne pratiquèrent pas l'eugénisme.

Les pays à dominante protestante (scandinaves et germaniques) y cédèrent. Et, l'Angleterre vit des débats animés sur la question, pour en fin de compte ne pas adopter de politique eugéniste malgré l'insistance de Wells contre le spencérisme (la non intervention de l'état sur les "tares" de la société), le racisme, le colonialisme qui domine en politique et qui pèse sur la société et ces membres.

Néandertal

Les caractéristiques de l'homme de Néandertal auraient pu sans doute ne pas intéresser des eugénistes du XIXème siècle. Une étude génétique de 2010 sur son léger métissage avec les Cro-Magnon du continent européen (mais pas du continent africain), conduite par l'Institut Max Planck de Leipzig, suggère cependant que ce capital peut avoir apporté une petite touche originale aux populations d'Europe. Certains sites Internet ont mentionné cette étude en termes sensiblement moins scientifiques.

 

 

 

 

 

 

16 octobre 2012

les vies antérieures............

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Avant, j'étais comme beaucoup de gens : je connaissais bien ces impressions fugitives de déjà-vu, un lieu inconnu et pourtant étrangement familier, un visage ou un regard qui nous happe singulièrement... mais la chose à vrai dire me laissait sceptique. Ces soit disant existences passées, pourquoi n'en garde-t-on aucun souvenir, qu'est-ce que c'est que ces élucubrations ?

Mais depuis, bien des choses on changé, ma compréhension s'est élargie, et je propose ici de partager le fruit de mes découvertes. Voici quelques infos à retenir !

 

Le phénomène des vie antérieures me paraît complètement valide et agissant et il s'est avéré être une excellente 'terra incognita' à explorer. Il me paraît aussi être extraordinairement complexe, et je suis sans doute loin d'en avoir saisi toutes les lois.

 

Cependant, voici quelques pistes pour partir à la recherche de nos vies antérieures :

1. S'observer sois-même et faire marcher son imagination. Partir du principe que toute notre personne est totalement imprégnée par la sommes de toutes ces vies vécues et que cela explique bien des facettes de notre 'caractère'.

Voici des exemples vraiment pèle mêle, mais c'est l'idée :

  • *être particulièrement doué pour un métier, un art, un sport, un instrument de musique, une matière intellectuelle... = avoir eu ses potentialité déjà actives dans une ou plusieurs vies précédentes ce qui fait qu'on a des 'facilités'.
  • *Se sentir décidément bien dans certains types de lieu ou d'ambiance, spontanément et sans raison particulière : avoir eu des moments heureux dans de tels lieux ou lors de circonstances analogues dans des existences antérieures
  • *Aimer de suite ou détester de suite une personne, sans aucune raison valable, c'est plus fort que tout = on a effectivement connu ces personnes, et souvent pour un grand nombre d'incarnations, et on est un peu dans le cas de figure : ami ou ennemi ?
  • *Avoir des peurs infondées et tenaces de choses et d'autres, bestioles, armes, situations critiques, et même sur des manières de mourir = on a effectivement vécu de tels moments sombres et douloureux qui ont encore des échos en nous.
  • *Apprécier telle époque historique plutôt qu'une autre, se sentir attiré par une période du passé proche ou lointain : certitude qu'on y a effectivement vécu.

Cette phase initiale est un puits sans fond, et sera toujours pleine de surprises !

2. Observer son environnement : prendre conscience qu'on a totalement choisi notre vie présente et sa configuration. Voir en quoi le choix de la parenté peut être parlant, par exemple être le reflet du parent que nous avons été dans d'autres existences. De même, l'enfant, l'amoureux, le conjoint, le meilleur ami, le collègue de travail et même parfois le voisin de palier ou la boulangère du coin : grande probabilité qu'on ai connu tous ces gens dans d'autres vies, avec des configurations multiples et d'une immense variété. Bref, on s'incarne souvent 'par paquet' sur de longs cycles d'existences, alors, on se croise en permanence ! Ainsi se tisse le karma...

3. Observer ses rêves. C'est bon signe de rêver. Si tu ne rêves jamais, alors, demande de faire un rêve. Si le rêve qui viendra alors est un rêve sombre et flippant = a priori, c'est qu'on est coincé dans une expérience traumatique vécu réellement lors d'une récente vie. La bonne nouvelle c'est qu'on peut passer cet obstacle sitôt qu'on en est conscient. Si les rêves sont bien fournis, observer des trames de vies antérieures dispersées ça et là parfois jusque dans des petits détails. Les rêves sont à mon sens une excellente source de traces des vies passées et pourquoi pas futures !

4. Provoquer le destin et demander d'avoir des pistes de ses vies antérieures, à travers des signes apparaissant dans la vie quotidienne. On serait surpris de voir comment ça marche bien si on le veut vraiment, si on ose réellement demander de tels signes. Un exemple perso juste pour illustrer l'idée : penser et sentir qu'on a pu être asiatique dans une ou plusieurs autres vies et voir à ce moment là dans sa vie actuelle pleins de synchronicités avec l'Asie, la Chine, des asiats... ça n’arrête pas !

5. Ne pas hésiter à utiliser l'hypnose et tenter (entre autre) des régressions dans ce passé oublié : un bon hypnothérapeute est un allié très utile !

6. Quelques rares personnes sur cette terre ont eu un phénomène très particulier : ils revivent de façon consciente l'intégralité de leur vies antérieures. Ils revivent mille morts mais cela leur ouvre la porte de la nature multidimensionnelle de l'être humain. Nous sommes tous des bouddhas en puissance !: )

7. Ne pas être étonné si on abouti à la conclusion qu'on a pu s'incarner sur une autre planète, c'est en effet extrêmement fréquent. La planète Terre est loin d'être le 5 étoiles de l'Univers !

 Aujourd'hui je vous propose de partir à la recherche de vous-même au travers ce formidable outil qu'est la mémoire de notre âme.
Retrouver ses vies antérieures n'est pas facile. En-dehors des cas où il nous est nécessaire de revoir certaines choses, le voile qui couvre nos souvenirs reste souvent si bien en place qu'on croirait une barrière.
Eh bien, il arrive qu'effectivement certains souvenirs ne puissent nous être accessibles en raison de leur nature. Ils pourraient nous blesser plutôt que de nous aider à avancer.
Ce n'est évidemment pas ce type de souvenirs que je me propose de vous aider à récupérer. Le rituel que je mets à votre disposition ici est doux et sans danger car il n'a pas vocation à briser les barrières protectrices imposées par l'âme.
Vous ne retrouverez que des éléments qui vous permetrront de comprendre votre cheminement actuel de manière à pouvoir dénouer certains blocages énergétiques, et ainsi avancer plus facilement. Car il n'est pas nécessaire selon moi de passer son temps à souffrir de répéter inlassablement les mêmes schémas sans comprendre pourquoi, quel est l'enseignement qu'il nous faut tirer d'une situation.
Moi par exemple je fais partie des personnes qui ont pris des engagements avant de s'incarner. Si je n'avais pas été aidé par mon âme dans la compréhension de ceci, je serais encore à me poser bien des questions sur certains plans de ma vie actuelle. Mais je dois ajouter une chose, j'ai également reçu de l'aide pour décrypter certains messages. Et si tout le monde peut en recevoir, tout le monde ne le perçoit pas de manière directe, comme moi qui communique avec mon guide spirituel par exemple.
Aussi, voilà un moyen d'obtenir une information et surtout ensuite, la compréhension de celle-ci.

[i][b]Vous aurez besoin d'encens de rose ou de jasmin, de cristal de roche et d'une belle obsidienne noire ( pas toute petite ! ).
Le rituel se fait en trois temps. Tout d'abord, il faut vous mettre en condition, vous préparer spirituellement à vous ouvrir à votre âme. Ceux d'entre vous dont le canal interne est ouvert n'auront pas de difficulté, pour les autres, il faudra peut-être s'y reprendre à plusieurs fois.
Ensuite, il vous faudra vous habituer à recevoir des informations que vous n'aurez pas forcément demandées. Vous ne verrez pas ce que vous voudrez. Seulement ce dont vous aurez besoin et puisque le canal vers votre mémoire sera ouvert, votre âme en profitera pour vous obliger à faire quelques réajustements dans votre vie actuelle en mettant l'accent sur certaines de vos erreurs passées de cette présente existence.
Enfin, une fois que ce travail préparatoire sera achevé, et si vous le désirez encore, vous pourrez vous mettre en condition pour la réception.


Vous le voyez donc, ce n'est pas léger. C'est sans danger pourtant, mais la vérité est qu'il faut élever son taux vibratoire pour réaliser une telle opération. Alors il vaut mieux le faire bien. Je vous conseille de bien respecter chaque étape.
Au moment que vous jugerez le plus opportun, faîtes brûler l'encens de rose ( de préférence mais il s'agit d'en trouver ) ou de jasmin. Placez-vous ( allongé ou assis, comme vous voudrez mais assis serait mieux ) non loin de l'encensoir et fermez-les yeux.
Demandez à la Déesse de vous bénir et de vous protéger tandis que les vapeurs d'encens emplissent doucement la pièce. Faîtes-lui part de votre désir de vous comprendre mieux vous-même, de vous connaître et demandez-lui de vous aider à vous connecter à votre âme.
Ensuite, restez ainsi, les yeux fermés et laissez les images ou les idées défiler dans votre tête. Quand vous en aurez envie, ouvrez les yeux, quittez la pièce, mais laissez l'encens brûler, se consumer ( sauf si vous devez quitter la maison, on est d'accord ! ).
Le lendemain, munissez-vous du cristal de roche ( vous pouvez en utiliser jusqu'à trois si vous le souhaitez ) et allongez-vous. Gardez la ou les pierres en main. Il est temps de méditer. Vous allez vous concentrer sur le premier souci qui vous viendra en tête et rester dessus jusqu'à ce qu'il vous paraisse finalement moins énorme et complexe que vous ne le voyez.
A ce moment-là, respirez un bon coup, les yeux toujours clos, et visualisez une belle boule de lumière blanche ou sombre, faîtes selon ce que vous préférez ( ça viendra tout seul ) et regardez-la vous absorber. Mais tout va bien, vous n'avez pas de crainte. D'ailleurs, vous vous sentez bien. Restez ainsi le temps que vous voudrez, vous saurez quand rouvrir les yeux. Tout se sera dissipé alors, dans la douceur et au sortir de cette étape, vous aurez la sensation d'avoir fait une sieste.
Si vous n'êtes pas parvenu à vous laisser absorber par la boule de lumière, recommencer le lendemain ou le jour d'après. Mais pas tout de suite. Il vous faut encore un peu de préparation. Vous pouvez alors répéter la première étape sans restez devant l'encensoir cette fois. Laissez simplement l'encens se consumer tandis que vous évoluerez dans la maison. 


Si tout s'est bien déroulé, le lendemain, munissez-vous de l'obsidienne. Pas mouchetée, ( trop faible ) pas oeil céleste ou arc-en-ciel, ( trop puissante ) mais noire !
Allongez-vous une nouvelle fois et gardez la pierre bien en main. D'entrée, vous saurez si vous êtes à l'aise ou pas. Si ce n'est pas le cas, arrêtez là. C'est que vous n'êtes pas prêt, il vaut mieux attendre encore trois jours, sans nouvelle préparation, pour poursuivre le rituel.
Si tout va bien, fermez les yeux et faîtes le vide de votre esprit. Prenez le temps qu'il faut. Quand vous y serez parvenu, vous ressentirez un bien-être intérieur, une plénitude qui vous indiquera que vous êtes parvenu à vous rapprocher du Coeur de votre Etre. Quand vous le souhaiterez, ouvrez les yeux.
Dans les jours qui suivront, vous devriez retrouver vos premiers souvenirs. Vous serez également amené à comprendre pourquoi ceux-là et surtout ce que vous pouvez en tirer pour comprendre votre situation actuelle.
Par contre, le canal ouvert ne se refermera pas. Vous resterez en contact avec votre âme, ce qui est plutôt une bonne chose.

 

http://www.clairvision.org/francais/regression-therapie-des-vies-anterieures-pour-une-liberation-ici-et-maintenant.html

un lien a étudier et a lire pour s'informer......je vous met ici un court extrait mais je vous invite a lire et étudier le texte complet .....

 

CHAPITRE 8

SE SOUVENIR DE SES VIES ANTÉRIEURES

8.1 Pourquoi ne se souvient-on pas de ses vies antérieures?

Avant d'examiner le mécanisme au moyen duquel il est possible de se souvenir de ses vies antérieures, examinons les raisons pour lesquelles la plupart des gens, dans les circonstances normales, sont incapables de s'en souvenir.

Il faut tout d'abord rappeler que la plupart des gens sont incapables de se souvenir de leurs rêves. Comment dans ces conditions pourrait-on attendre d'eux qu'ils soient capables de se souvenir de leurs vies antérieures? Fondamentalement, les raisons de cette incapacité sont les mêmes. Pour nous permettre de bien comprendre cette situation, récapitulons quelques détails d'anatomie subtile – la connaissance des corps subtils qui constituent l'être humain dans sa totalité.

 

    1. Chacun est familier avec le corps physique – celui que les chirurgiens peuvent ouvrir et couper. Comme il est constitué par les nourritures que nous absorbons, la tradition védantique l'a appelé anna–maya–kośa 'l'enveloppe-faite-de-nourriture'. 

 

    1. Au-delà du corps physique, se trouve le corps éthérique, constitué d'énergie vitale qui est le Qi de la médecine chinoise traditionnelle, et le prāṇa de la littérature sanskrite. Ceci explique le nom prāṇa–maya–kośa 'enveloppe faite de prāṇa' donné à cette couche dans les Védanta. Exactement comme l'eau imprègne une éponge, l'enveloppe de prāṇa ou corps éthérique, pénètre en totalité le corps physique. il s'étend d'ailleurs un peu au-delà des limites de ce corps physique.

 

Tant que vous êtes en vie, vos corps physiques et éthériques ne se séparent jamais. Il est par conséquent possible de considérer les deux comme formant une seule et même structure, que, pour notre propos, nous avons nommé le 'complexe inférieur'.

 

    1. Au-delà des corps physique et éthérique se trouve le corps astral, la couche de mental/manas ou esprit réagissant, dans laquelle se trouvent localisées nos émotions et la plupart de nos pensées. Comme nous l'avons vu précédemment, les samskaras ont leur siège dans le corps astral.

 

 

    1. L'Ego est au centre de tous les autres corps. Dans un stade ultérieur, lorsque je traiterai des processus alchimiques plus avancés je serais conduit à distinguer clairement l'Ego, le Moi et L'Esprit. Mais dans le contexte de ce livre, ces distinctions ne se révèleraient pas d'une grande utilité. Aussi, pour simplifier, nous pourrons considérer que les mots Ego (ou Ego supérieur), Moi (ou Moi supérieur) et Esprit sont en fait des synonymes et se réfèrent à la flamme immortelle qui est le centre de l'être humain.

 

Il est important de noter que le corps astral et l'Ego sont étroitement liés. On pourrait même dire que l'Ego est enchevêtré dans le tissu du corps astral. C'est pourquoi, lorsque vous fermez les yeux, à moins d'avoir suivi un cheminement d'évolution spirituelle, vous n'êtes pas capable de distinguer ce qui dans votre conscience vient du mental et ce qui appartient au Moi supérieur. Vous pouvez savoir, au moyen de votre intellect, que vous avez un Moi supérieur et que ce Moi est le support de votre conscience, comme un écran blanc sur lequel différents films sont projetés. Mais en pratique, le Moi est masqué par le mental/manas de telle sorte qu'il vous est impossible de vous connecter directement à sa lumière. Par conséquent, le premier objectif d'un cheminement spirituel est de séparer le Moi du corps astral.

Aussi longtemps que ceci ne se produira pas, pour citer une comparaison que l'on trouve souvent dans la littérature sanskrite, les deux restent mélangés comme l'eau et le lait dans le même verre. En conséquence, nous pouvons simplifier notre structure à quatre étages en la coupant en deux.

  • Un complexe supérieur [A], constitué du corps astral [2]et du Moi (Ego) [1], qui ne se sépareront pas tant que vous n'aurez pas 'trouvé votre Moi véritable (Ego)'

  • Un complexe inférieur [B], composé du corps éthérique [3] et du corps physique [4], qui ne se sépareront pas, tant que vous serez vivant.



8.2 Plein de trous comme une passoire ou une meule de gruyère

Qu'arrive-t-il quand vous dormez? Le complexe inférieur(corps physique + corps éthérique) restent dans votre lit pendant que le complexe supérieur (corps astral + Moi) s'en vont et voyagent dans différentes sphères. Les deux complexes restent reliés entre eux par ce que certains ouvrages ésotériques désignent sous le nom de corde d'argent. Ainsi, l'éveil et le sommeil correspondent à deux directions différentes prises par le corps astral. Pendant le jour, le corps astral connaît le monde physique par l'intermédiaire des sens du corps physique. Pendant la nuit, il se retire du corps physique et dirige ses activités en direction des différents mondes astraux avec, comme résultat, les rêves et autres états de conscience profonde. Quand il est temps de se réveiller, le corps astral quitte la sphère astrale et réintègre le corps physique.

La raison pour laquelle nous ne nous souvenons que difficilement de nos rêves et autres activités astrales nocturnes, c'est que dans le stade actuel du développement de l'être humain, le corps astral fuit comme une passoire. Il est plein de trous, comme une meule de gruyère. Pire encore, les ponts de communication entre le complexe inférieur (corps physique + corps éthérique) et le corps astral ne sont pas développés correctement. Aussi, même si le corps astral pouvait retenir quelque chose de ses expériences nocturnes, les souvenirs correspondants n'auraient que peu de chances de se frayer un chemin jusqu'à votre conscience éveillée.

Dans sa situation actuelle, le corps astral manque douloureusement de structure et encore plus d'unité. Il apparaît comme un tas de pièces détachées mal assorties. On pourrait le comparer à un puzzle dont les pièces ne s'adapteraient pas les unes aux autres. Chaque pièce du puzzle a ses propres samskaras et ses propres émotions, ses goûts et ses dégoûts. Chaque pièce correspond à une facette différente de votre personnalité. En termes de vies antérieures, chacune de ces pièces a été ajoutée à une période différente de votre passé, sous l'influence d'expériences intervenues dans des vies différentes.

En pratique, cela signifie qu'en tant qu'être psychologique, vous êtes composé de parties différentes ayant chacune son goût propre, son propre passé et ses propres désirs. Par exemple, une part de vous-même peut aimer la lecture d'ouvrages concernant la spiritualité alors qu'une autre partie est particulièrement attirée par les jeux de hasard et les paris sur les courses de chevaux et qu'une troisième aspire à des voyages autour du monde. Chacune de ces parties est l'un des multiples 'traits de caractère' qui constituent votre personnalité. Le terme 'caractère' est tout à fait approprié. En ancien grec, il signifiait une marque imprimée, gravée ou estampillée sur une pièce de monnaie ou un sceau. On parle également de caractère d'imprimerie. Cela correspond parfaitement au mécanisme que nous avons décrit concernant les samskaras. Dans ce contexte, nous pourrions définir un caractère comme une armée de samskaras imprimés sur une certaine partie du corps astral et s'efforçant chacun de satisfaire à tout prix ses propres désirs en fonction de son existence passée.

Le drame de l'existence est que chacun de ces samskaras travaille de façon purement égoïste et ne se préoccupe pas du tout de ce que veulent les autres parties. Par exemple, la partie qui adore les jeux de hasard et les paris se moque complètement de la sagesse décrite dans les livres que votre caractère spirituel accumule avec délice. Aussi, l'interaction de ces différents caractères va souvent vous mettre dans des situations douloureusement contradictoires. Chacun de ces caractères est comme un dictateur potentiel qui a pour seul objectif de s'emparer de votre vie et de la transformer en fonction de ses propres goûts et dégoûts. Par exemple, le 'lecteur' qui est en vous ne pensera qu'à transformer votre maison en une gigantesque librairie alors que le 'joueur' adorerait vous voir obtenir un job en tant que reporter sportif. Le seul intérêt commun partagé par chacun de ces caractères est d'annexer votre Moi autant que possible parce que si votre Moi devait reprendre les rênes, cela signifierait pour eux la fin de tout espoir de suprématie. En conséquence, la réalité sur la vie de la plupart des gens est que le Moi est anesthésié et maintenu endormi dans un coin pendant que des caractères différents se battent sauvagement pour acquérir la souveraineté et la direction des opérations.

8.3 La mosaïque explosée.

Qu'arrive-t-il à votre mort? Le complexe supérieur (corps astral + Ego) se sépare du complexe inférieur (corps physique + corps éthérique) exactement comme lorsque vous vous endormez. Mais, cette fois, la corde d'argent est brisée, et le complexe inférieur est abandonné. Le corps physique commence à se désagréger et le corps éthérique se désintègre dans les couches éthériques de la planète. Il serait inexact de croire que le complexe supérieur va s'en aller et voyager dans les mondes spirituels et revenir exactement dans le même état pour une nouvelle incarnation, après un brin de toilette et quelques améliorations effectuées par les anges.



La situation réelle est dramatiquement différente. Quand la plupart des gens meurent, leur corps astral est gagné par le chaos à cause du manque d'unité précédemment décrite. La multiplicité des caractères n'est pas seulement fonctionnelle, elle reflète le fait que la structure du corps astral est une mosaïque ou une collection de pièces qui sont artificiellement maintenues ensemble tant que vous êtes en vie. Quand vient l'heure de la mort, l'illusion d'unité se dissipe. La façade de la personnalité se lézarde et le corps astral montre ce qu'il est en réalité – une mosaïque explosée.

Pratiquement, cela signifie qu'aussitôt après que la corde d'argent ait été brisée, la plupart des composants du corps astral vont s'envoler chacun dans une direction, comme les oiseaux s'échappent lorsque vous ouvrez la cage.

Pour la personne qui vient juste de mourir, c'est une expérience extrêmement dramatique. Imaginez-vous, mort, flottant dans l'espace astral de couleur pourpre. Vous pouvez voir votre 'amateur de lectures' qui s'éloigne de vous dans une direction alors que le 'flambeur, habitué des champs de course' s'enfuit en direction opposée et que la part de vous-même qui peut s'exprimer en japonais s'enfuit dans une troisième direction. Vous êtes littéralement décapé, démembré. Les parties de vous-même qui étaient tournées vers la joie, la sexualité et les désirs s'en vont vers le monde vital, pendant que les aspects mentaux partent pour le monde mental – et que vous reste-t-il? Votre Ego ou Moi supérieur, avec quelques lambeaux de corps astral. Alors l'Ego ainsi dépouillé peut commencer son voyage au pays des Esprits.

Ceci éclaire ce que Gurdjieff voulait dire quand il déclarait que, pour la grande majorité des êtres humains, cela n'a aucun sens de parler de réincarnation, tout simplement parce qu'ils n'ont pas de corps astral. Plus de quatre-vingt-dix-neuf pour cent des êtres humains ont un corps astral qui n'est rien de plus qu'un vol de papillons. Il va de soi que ces gens vont pourtant se réincarner, mais qu'est-ce qui va se réincarner? Leur Moi supérieur, c'est à dire justement la part d'eux-mêmes dont ils n'ont jamais réussi à avoir nettement conscience pendant leur vie et qui n'a eu virtuellement aucune part dans leurs activités. Pratiquement tout ce qu'ils avaient l'habitude de considérer comme étant 'eux-mêmes' va se désintégrer et retourner à la poussière astrale. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner s'ils ne sont pas capables de se souvenir de grand chose dans leur prochaine vie puisqu'ils ont perdu la plus grande partie de la substance astrale dans laquelle les impressions de cette vie étaient enregistrées. Gurdjieff résume cette situation de façon sévère en déclarant: «La poussière retourne à la poussière.»

8.4 Le Blanc comme vraie couleur du deuil

Malheureusement, tous les fragments du corps astral ne retournent pas à la poussière astrale. Nombre d'entre eux ont une fâcheuse tendance à rester là où ils sont et à se coller aux êtres humains vivants pour essayer de continuer leurs activités.

L'explosion du corps astral est la raison pour laquelle la coutume traditionnelle des Hindous était de ne porter que des vêtements blancs et d'observer au cours des semaines qui suivent le décès de quelqu'un de leur famille un jeûne partiel en évitant principalement les protéines. Les Hindous considèrent que certaines des parties vitales inférieures du défunt peuvent essayer de s'accrocher comme des parasites à d'autres membres de la famille. Le fait de porter du blanc, la couleur de la pureté et d'éviter la consommation de viande et de céréales est considéré comme un ensemble de mesures protectrices destinées à limiter les possibilités de telles intrusions clandestines. Cette coutume est toujours observée de nos jours, même par la population éduquée de l'Inde.

On peut trouver une théorie similaire dans les coutumes de la Chine ancienne. Il est enseigné que le Po, qui correspond aux parties vitales inférieures de l'être humain reste sur terre après la mort alors que leHun, constitué par les composants les plus spirituels, monte au ciel. Le Po peut même apparaître aux membres de la famille ou aux amis dans les heures ou les jours qui suivent le décès du défunt, comme une effrayante réplique de la personne décédée. Le parallèle avec nombre d'histoires de fantômes est évident. Une analyse détaillée de ces mécanismes peut être trouvée dans mon ouvrage intitulé: Entités, Parasites du Corps d'Énergie.

8.5 Étourderies dues à un manque de présence

Concentrons maintenant notre attention, sur la partie qui n'a pas été annihilée. Le Moi ou Ego étant la flamme éternelle dans un être humain reste intact au cours de cette transition qu'est la mort. La vraie question est évidemment: qu'est-ce qui persiste d'autre? Quels sont les mécanismes par lesquels quelques composants du corps astral sont perdus alors que d'autres restent attachés au Moi et le suivent dans son voyage entre la mort et la prochaine naissance?

La question est importante. En effet, les parties du corps astral qui subsistent et accompagnent le Moi seront le coeur même de votre personnalité dans la prochaine vie. Après la mort, l'Ego passe à travers différentes couches astrales et part ensuite pour le monde des Esprits. Après un séjour dans ces mondes, il retourne sur terre en repassant par les couches astrales. Or, c'est en passant par ces couches astrales, dans son voyage de retour vers la Terre que l'Ego recueille les composants de son corps astral futur. Les parties du corps astral que l'Ego a conservé autour de lui agissent comme un noyau attirant les substances astrales selon leurs propres natures – qui se traduiront dans la vie suivante par des goûts et des dégoûts, aussi bien que par des potentiels émotionnels et mentaux. C'est ainsi, tout ce qui reste attaché à l'Ego après la mort conditionne ce que nous serons dans notre prochaine vie.

Avant de chercher à comprendre comment une certaine mémoire peut subsister dans le noyau central autour de l'Ego, voyons tout d'abord comment la plus grande part a pu être perdue. Lorsqu'ils accomplissent la grande majorité de ce qu'ils font dans leur vie, les gens sont totalement inconscients. Nous avons tendance à effectuer nos activités quotidiennes de façon entièrement mécanique. Nous parlons sans but réel. Nous faisons des choses sans même savoir que nous les faisons. Nous ne sommes pas réellement attentifs à nos actes. Même si nous nous entraînons à être conscient, des portions entières de nos journées peuvent s'écouler avant que nous ne retrouvions le fil de notre conscience. En bref, nous ne vivons pas réellement notre vie, nous la dormons.

En termes de corps subtils, cela signifie que l'Ego ne prend aucune part à ces actions. Les perceptions sensorielles sont reçues dans le corps astral, dans les pièces du puzzle astral. Ensuite, ces pièces réagissent mécaniquement en fonction de leurs goûts et de leurs dégoûts, ce qui signifie de leurs propres samskaras. Les actions réflexes sont accomplies de façon plus ou moins mécanique et l'Ego est court-circuité. Tout reste confiné dans la périphérie de la couche astrale. Rien n'est imprimé dans la proximité de l'Ego, tout simplement parce que l'Ego est absent de l'épisode. Comment l'Ego pourrait-il se souvenir d'un épisode s'il n'y est pas impliqué? C'est là que réside la raison principale du manque de mémoire de L'Esprit: l'inconscience! En termes d'empreinte astrale, il n'y a rien d'autre que de la poussière, qui plus tard, retournera à la poussière.

8.6 Mémoire type 1 – intensité

Il y a pourtant quelques situations dans lesquelles ce schéma de manque de mémoire ne s'applique pas. Supposez que vous vous reposiez sur la berge d'une rivière et que soudain, apparaisse un crocodile, venant de nulle part, qui se jette sur vous. Il est très probable que vous allez devenir super conscient, au moins pour un moment. Imaginez... C'est votre personnalité tout entière qui va se trouver impliquée dans cette situation. Vous êtes totalement présent. Chaque émotion que vous allez ressentir, chaque sensation, chaque perception sera imprimée dans les couches les plus profondes de votre corps astral. Le paroxysme de conscience montre que votre Ego émerge de ses brumes au moins pour un moment. Il y a une irruption de l'Ego dans le monde physique et simultanément un afflux brutal d'informations dans vos couches astrales les plus profondes. Tout un ensemble de perceptions, de sensations et d'émotions sont stockées tout prêt du centre même de votre architecture intérieure. La trace laissée dans votre corps astral par un tel 'package émotionnel' peut en vérité être regardé comme un samskara de première importance. Compte tenu de la profondeur de l'empreinte, toutes les conditions sont réunies pour que vous gardiez avec vous ce fragment de corps astral, pour qu'il reste avec votre Ego, même après le dépouillement intervenant au moment de la mort et pour que vous le rameniez avec vous dans votre prochaine vie.

C'est ainsi que la première catégorie de souvenirs de vie antérieure est constituée par diverses expériences dont la caractéristique commune est l'intensité. Des expériences extrêmement douloureuses peuvent être rangées dans cette catégorie. Chaque fois que vous atteignez un sommet dans la douleur, physique ou émotionnelle, vous devenez automatiquement extrêmement conscient. L'intensité n'est pas d'ailleurs forcément liée à la douleur. Par exemple si, ayant traversé le Pacifique sur un radeau, vous voyez la terre apparaître dans le lointain, ou si vous arrivez soudain à obtenir après des années d'efforts ce que vous recherchiez, l'euphorie du moment vous assurera une empreinte profonde qui sera la source d'une possible remémoration dans une vie future. C'est bien entendu pour cette raison que nombre de régressions dans les vies antérieures dévoilent ce genre d'épisodes intenses.

8.7 Souvenirs type 2 – ouvertures spontanées

De temps à autre, sans aucune raison particulière provenant du monde extérieur, le Moi Supérieur fait irruption, remonte à la surface et se montre à découvert. Un éveil spontané et temporaire se produit. Il peut être ressenti comme une révélation intérieure, un de ces rares moments pendant lesquels on peut voir clairement l'éternité. On se tient à un croisement du temps avec un sentiment intuitif de notre nature éternelle et de son immensité. Mais l'expérience n'a pas besoin d'être grandiose, il peut s'agir simplement d'un moment magique, de quelques secondes au cours desquelles le coeur explose d'une joie sans cause particulière. Ensuite, le sanctuaire se referme de nouveau parce que notre structure tout entière n'est pas préparée à maintenir la connexion.

Pendant ce moment d'ouverture, un lien a été établi entre la surface et les profondeurs, entre la conscience du monde physique et celle du Moi supérieur. Les conditions nécessaires sont remplies pour qu'une empreinte soit faite, suffisamment profonde pour qu'elle puisse durer au-delà du chambardement astral qui suit la mort. Les circonstances, les sentiments, les sensations et les perceptions intervenant au cours d'un tel moment sont mémorisées au-delà du temps.

8.8 Souvenirs type 3 – le corps d'immortalité

La pratique constante de la vigilance de la conscience qui est la base même de nombreux itinéraires de transformation du Moi tend à multiplier les occasions pendant lesquelles le Moi supérieur s'implique dans la vie quotidienne. Il en résulte une multiplication des germes de souvenirs futurs.

Dans les chapitres précédents nous avons souligné les transformations qui conduisent des émotions aux sensations, de manas à buddhi, de la réaction et du conditionnement à la spontanéité de l'Ego. Cette transformation graduelle accompagne le développement d'une nouvelle couche, d'un 'corps astral transformé' appelé Moi-Esprit (Spirit-Self) par Steiner et qui correspond à la vijñāna–maya–kośa de la tradition védantique. Le corps astral, siège des samskaras perd sa prédominance et se trouve progressivement remplacé par cette nouvelle couche dans laquelle l'Ego s'exprime lui-même directement. Parallèlement au remplacement des émotions par des sentiments, un nouveau mode de penser fait son apparition. Il n'est désormais plus déconnecté de l'Ego, mais émane au contraire de lui. Ce développement du corps astral transformé correspond à l'épanouissement d'une nouvelle conscience intérieure directement connectée au Moi Supérieur.

Une autre différence majeure entre corps astral et corps astral transformé est que le corps astral est constitué de composants séparés essayant en permanence d'échapper à l'autorité de l'Ego. Le corps astral transformé, au contraire, est unifié autour de l'Ego, complètement envahi par sa lumière et sa vie. Il ne peut pas être séparé de l'Ego car il n'est rien d'autre en fait que la radiation de l'Ego. Le corps astral est composé de poussière astrale coagulée alors qu'en ce qui concerne le corps astral transformé, c'est le Moi lui-même qui est vivant. La substance dont est composé le corps astral transformé peut être virtuellement considérée comme le Moi par excellence. Le Moi le génère comme l'araignée sécrète sa toile.

En conséquence, le corps astral transformé reste intact après la mort, alors que le corps astral vole en éclats. Les souvenirs stockés dans le corps astral transformé sont donc gardés éternellement. Du point de vue de la structure, nous pouvons en conséquence distinguer deux types différents de matériaux venant des vies antérieures: les samskaras qui ont été imprimés si profondément dans le corps astral qu'ils restent accrochés au Moi de vie en vie et les souvenirs du corps astral transformé qui demeurent perpétuellement dans la substance impérissable du corps d'immortalité.

Pourtant, la situation n'est pas tranchée de façon aussi claire. Il y a en effet une longue période de transition pendant laquelle la conscience opère partiellement dans le corps astral et partiellement dans le corps astral transformé, la proportion dépendant de votre niveau de développement. Structurellement, il en résulte un réseau astral composé de morceaux enchevêtrés de ces deux véhicules. Quelques souvenirs sont emmagasinés, à la fois dans le corps astral et dans le corps astral transformé ou même à moitié dans l'un, à moitié dans l'autre.

Qu'il n'y ait pas de confusion ! En ce qui concerne la vaste majorité des êtres humains, le corps astral transformé reste un idéal éloigné. Le mécanisme des souvenirs des vies antérieures à travers le corps d'immortalité ne s'applique pas, tout simplement parce que le corps astral transformé n'est pas construit. Seules les personnes qui ont suivi, dans cette vie ou dans une vie précédente, un long processus de développement spirituel ont acquis des rudiments de corps astral transformé. Dans la grande majorité des cas, quand une expérience de vie antérieure se produit c'est par l'intermédiaire des empreintes laissées par les samskaras, comme cela est décrit dans la section 'Souvenirs type 1 – intensité'.


CHAPITRE 9

COMMENT RETROUVER LA MÉMOIRE

9.1 Intrusion dans les souvenirs des vies antérieures

Après avoir analysé la manière dont quelques souvenirs sont conservés d'une vie à l'autre, regardons maintenant le problème sous un autre angle. Au moyen de quels mécanismes peut-on recouvrer quelques-uns de ces souvenirs? Comment peut-on se souvenir de certains évènements concernant ses vies passées?

S'il est un sanctuaire intérieur dans lequel les souvenirs de notre lointain passé peuvent être trouvés, cet endroit est situé bien au-delà de notre conscience éveillée de tous les jours.

La vie consciente de la plupart des gens est confinée à la 'mémoire verbale', la couche la plus superficielle du corps astral. Souvenez-vous du chemin suivi par l'Ego après la mort. S'étant débarrassé de certains morceaux du corps astral, il voyage à travers différentes couches astrales et ensuite dans les mondes des Esprits. Ensuite, l'Ego retourne dans les mondes de l'astral, rassemblant de la matière astrale autour de lui. Le noyau qui subsiste après le grand bouleversement joue un rôle clé dans la qualité de la matière astrale qui est ainsi rassemblée. Le corps astral transformé ou même simplement son ébauche pourrait même jouer un bien plus grand rôle encore dans la structuration d'un corps astral harmonieux. Malheureusement, chez la vaste majorité des êtres humains, le corps astral transformé est à peine esquissé et ne joue qu'un rôle négligeable. C'est ainsi qu'en définitive, c'est le noyau dur des samskaras des existences passées qui joue le rôle prédominant en attirant la matière de notre prochain corps astral. Ce noyau dur est en fait bien mince et s'entoure d'un grand nombre de couches différentes.

Après la naissance, vous apprenez progressivement à utiliser votre mental. Cela signifie que vous expérimentez des pensées ou des émotions dans votre corps astral. Mais cela se produit principalement par des stimulations externes. Les couches superficielles du corps astral sont façonnées de l'extérieur par votre éducation et par tout ce que vous recevez de vos parents et de votre culture. Dans les couches superficielles du corps astral, vous travaillez avec les éléments reçus du monde extérieur. Il en résulte une polarisation du corps astral et une tension entre les impulsions profondes provenant des impressions venant des vies antérieures ainsi que des impressions rassemblées au cours de cette vie. Une part importante de vos capacités mentales, de votre sensibilité artistique, de votre stabilité émotionnelle et d'autres qualités dépendent de la manière dont est réussi le mariage entre les influences internes et externes, c'est à dire entre le matériel que vous avez apporté avec vous en provenance de vos vies antérieures et celui que vous avez accumulé dans la vie présente.

La couche superficielle, ce qui signifie votre esprit conscient, est constamment influencée par des émotions et des réactions diverses venant des samskaras des profondeurs. Mais ces samskaras ne sont jamais visibles car la zone tampon est trop épaisse.

Si vous voulez vous souvenir de vos vies antérieures, il vous faut creuser dans les couches les plus profondes de votre inconscient. Ceci requiert une énergie qui vous permette de les percer et d'atteindre ainsi les parties du corps astral proches du noyau central du Moi – les parties dans lesquelles les souvenirs des vies antérieures sont inscrits. C'est cette énergie qui fait toute la différence entre les régressions et les autres techniques de psychothérapie. Pourquoi la psychanalyse ne conduit-elle pas aux régressions dans les vies antérieures? Simplement parce que la psychanalyse manque de cette énergie permettant cette percée. Pourquoi tant d'initiés, Chrétiens, Gnostiques, Hindous et Bouddhistes se souviennent-ils de leurs vies antérieures? C'est parce que, ayant trouvé leur Moi, ils ont accès à l'énergie mentale et au matériel qui est localisé tout près du Moi. Pourquoi les régressions sont-elles plus faciles à obtenir de nos jours qu'au cours des années soixante-dix et pourquoi ce phénomène se développe-t-il aussi vite aujourd'hui ? Parce que, à cause d'un éveil de la conscience collective, l'énergie nécessaire est d'un accès bien plus facile aujourd'hui qu'il n'avait coutume de l'être.

Le fait que l'état de régression provienne de cette énergie explique pourquoi, une fois que vous êtes familier avec la technique ISIS, vous n'avez que très peu de choses à faire pour permettre à un 'client' de régresser. L'énergie fait le travail pour vous, à travers vous. Pour les mêmes raisons, vous n'avez pas besoin d'une grande connaissance pour être un bon connecteur. Ce dont vous avez besoin, c'est d'être capable de vous régler, de vous accorder et de laisser la force agir par votre intermédiaire, à travers vous. Si vous êtes trop savant, alors il vous faut oublier tout ce que vous savez. Toute l'information requise pour conduire une bonne régression est contenue dans l'énergie et si vous essayez d'appliquer ce que vous savez et non pas ce que vous dicte l'énergie, les résultats seront médiocres et vous manquerez souvent ce qui est le plus important.

Cela explique également pourquoi, après que vous ayez conduit un grand nombre de sessions ISIS, vos clients se mettent à régresser avant même que vous ayez commencé à mettre en oeuvre les techniques. L'énergie s'écoule à travers vous comme un fleuve de vie, elle ne se soucie guère des techniques.

Qui sont les bons sujets pour les régressions? Ce sont ceux qui peuvent se connecter à cette énergie, qui peuvent s'ouvrir à elle et la recevoir, qu'ils soient jeunes ou vieux, en pleine santé ou malades. Qu'ils croient ou non aux vies antérieures n'a aucune importance, à condition qu'ils puissent être ouverts. Quelques incrédules notoires sont capables de se connecter immédiatement, alors que d'autres qui croient dur comme fer à la réincarnation ont tendance à nourrir de grands espoirs qui, en fait, bloquent le flot d'énergie. Leurs idées préconçues empêchent purement et simplement l'énergie de s'exprimer.

9.2 Le flash d'astralité

Étant donné que les samskaras sont emmagasinés dans des zones du corps astral que votre conscience éveillée ne peut habituellement pas atteindre, il s'ensuit qu'un souvenir concernant une vie antérieure ne peut être retrouvé que si un lien est établi entre la mémoire consciente et ces couches profondes du corps astral.

Certains signes indiquent quand cette connexion a été faite. Par exemple, une certaine sensation fait son apparition dans la pièce. L''atmosphère' change complètement, comme si un flash d'énergie astrale était intervenu autour de vous. Si vous avez pratiqué les techniques mentionnées dans L'Éveil du Troisième Œil, vous pourrez peut-être reconnaître certains autres signes. En particulier, la pièce apparaît soudain plus noire à vos yeux, les couleurs ont l'air plus lumineuses, comme si chaque couleur était composée par des milliers de points brillants? Bien entendu, ce n'est pas la pièce qui devient noire, mais votre perception qui s'ouvre à l''obscurité visible' surimposée à la lumière de la pièce. Vous pouvez aussi ressentir parfois une sensation caractéristique dans les reins, à cause de l'étroite connexion de ces organes avec le corps astral.

Même si vous n'êtes pas familier avec ces signes, vous pouvez apprendre facilement à reconnaître ce 'flash d'astralité' qui accompagne l'état de régression. L'énergie dans la pièce devient soudain plus 'dense'et l''état de la conscience' devient dans une certaine mesure similaire à celui des rêves. (Souvenez-vous de l'état dans lequel vous vous sentez à votre réveil, juste après un rêve!) Cela ne veut nullement dire que régression et rêves sont identiques! Les deux états sont tout à fait différents. Pourtant les deux impliquent une réorientation de la conscience vers les couches astrales ce qui explique cette même ambiance.

9.3 Le contenu des souvenirs de vies antérieures

L'analyse des mécanismes de la mémoire des vies antérieures présentée dans le chapitre précédent nous permet de tirer quelques conclusions quant au contenu de ce type de souvenirs. Il ne faut bien entendu jamais oublier que nous abordons un domaine qui est bien loin des aspects ordinaires de l'existence. Il importe donc de se garder de toute généralisation hâtive. Avec les régressions, tout est virtuellement possible! Il ne faut donc pas présumer que toutes les régressions dans les vies antérieures seront du même type que celles indiquées ci-dessous. Cependant, une claire compréhension de certains mécanismes permettra aux connecteurs de mieux venir en aide à leurs clients. La méconnaissance de ces principes peut conduire à d'énormes erreurs qui feront avorter la régression dès les premières minutes de l'expérience.

Revenons à l'exemple du féroce crocodile qui se jette soudain sur vous dans une vie antérieure. Quel sera le contenu exact du corps astral? Ce sera l'état dans lequel se trouvait votre mental à ce moment précis, en commençant par la peur, bien entendu et toute l'ambiance émotionnelle qui l'accompagne – vous pourriez dire le 'goût' de la situation – les pensées qui vous viennent ainsi que toutes les perceptions et sensations de cet instant: les couleurs du paysage, les odeurs du marécage, la sensation de chaleur, le contact de vos habits et le vent sur votre peau, un enregistrement de ces instants, semblable à un film, avec les plus minuscules détails, aussi bien en vous qu'à l'extérieur.

Maintenant, voyons ce qui n'a pas été enregistré? Ce sont tous les éléments de votre vie qui étaient dans votre esprit à ce moment précis. Votre adresse par exemple ou la date, le nom du pays, même votre nom. Parce que, le premier réflexe, lorsque l'on est confronté à un crocodile, n'est pas de se dire: «Nous sommes en 1854, je suis en Afrique, mon nom est Wolfgang et je suis explorateur.»

Une autre chose qui n'est pas notée non plus ce sont les jugements que vous pouvez avoir portés plus tard sur la situation tels que: «Comme j'ai été brave!» ou «Quel imbécile j'ai fait!» ou «J'aurais dû agir de façon complètement différente!» Tous ces commentaires, ces jugements ne peuvent pas avoir été enregistrés dans le 'film' car ils sont intervenus plus tard. Le processus d'enregistrement peut être comparé à celui de la boite noire d'un avion de ligne. Elle enregistre tous les paramètres à un moment critique.

9.4 L'art d'accoucher

Ainsi, un souvenir véritable d'une vie antérieure est habituellement très simple. C'est un package d'émotions, de sensations, de sentiments et d'images relatives à un moment particulier – le moment où sous la pression de l'émotion votre Moi s'est 'réouvert'. Tout a été enregistré et emmagasiné avec la plus grande précision et le client revit la scène exactement comme si le crocodile était en face de lui. Son corps peut même prendre la même attitude que dans la scène et toutes les émotions et toutes les sensations sont évoquées comme si elles se produisaient ici et maintenant.

Pourtant, revivre l'épisode n'est nullement traumatisant. Le client reste en effet parfaitement conscient de qui il est maintenant, de la pièce dans laquelle la session est conduite, du matelas sur lequel il est allongé, de la voix du connecteur, etc. Plus encore chaque fois que l'état ISIS est atteint, une certaine ouverture métaphysique se produit qui ajoute un arrière plan de grande sérénité à l'expérience, quelle que puisse être l'intensité de l'épisode. Il faut aussi considérer que la charge émotionnelle du samskara pesait lourdement sur les épaules du client. En conséquence, revivre ce traumatisme passé s'accompagne d'un immense soulagement, comme si un poison violent venait d'être éliminé.

Revenons à la manière dont le client entre dans l'expérience de régression. Dans quelques cas extrêmes la scène tout entière va revenir en une seconde comme un flash-back, accompagnée de tous ses détails. Mais, dans la plupart des cas, tous les composants de la scène ne reviennent pas en même temps. L'expérience commence graduellement. Quelques détails seulement reviennent à la mémoire du client. Par exemple, le client croit entr'apercevoir quelque chose ou ressentir une émotion. Il dit au connecteur: «J'ai peur» ou «Je déteste cette personne». Ou l'expérience peut débuter par une sensation, de froid par exemple et le client se met à frissonner, même par un jour de canicule. Ou le client déclare: «Je viens de recevoir un coup dans les côtes.» ou «Il y a un poids énorme sur mes épaules.» Ces premières impressions sont souvent très faibles. Elles constituent le premier fil conducteur qui doit être suivi avec la plus grande attention pour récupérer progressivement de plus en plus d'éléments de la scène et ce, jusqu'à ce qu'elle soit reconstituée dans son ensemble.

Le connecteur a une tâche extrêmement délicate. Une méconnaissance des mécanismes de la mémoire peut conduire à poser au client les mauvaises questions au risque de perdre le fil au lieu d'entrer de façon déterminante dans l'état de régression. À ce stade les clients dérivent entre deux états de conscience: l'état normal de veille et l'état de régression. Ils ne perçoivent que quelques sensations de la scène ou des détails. Ils ont besoin d'aide pour entrer plus avant dans l'état de régression et c'est le rôle du connecteur de leur fournir cette aide en leur posant certaines questions. Mais il est capital que ces questions soient judicieusement choisies.

Supposez par exemple que le connecteur demande: «Quel est votre nom?» ou «Dans quel pays vous trouvez-vous?» Cela ne fera que créer une certaine confusion dans l'esprit des clients car, à ce stade, ils n'ont pas la moindre idée de ces détails. Ils ne perçoivent encore qu'à peine dix pour cent de la scène. Comment pourraient-ils bien savoir de quel pays il s'agit? Comme nous l'avons vu précédemment, quand on est attaqué par un crocodile, on ne se polarise pas d'habitude sur les considérations géographiques. Dans l'état où ils sont, les clients ne peuvent tout simplement pas répondre à ce genre de questions – ces détails sont, pour eux, hors d'atteinte. Aussi, que va-t-il se passer? Pour trouver une réponse, le client va être obligé de réfléchir, c'est à dire de retourner à son état de conscience habituel. En moins d'une seconde, ils sera sorti de l'état de régression et toute l'expérience sera irrémédiablement gâchée. Pour la même raison, à ce stade extrêmement fragile, si le client ne peut pas répondre à l'une de vos questions, n'insistez surtout pas, posez une autre question. Plus tard, lorsque le client sera fermement établi dans l'état de régression, la situation sera complètement différente, si aucune réponse n'est donnée à une question, cela sera très probablement dû à un mécanisme de résistance et le connecteur devra insister.

Dans les premières minutes d'une régression, les bonnes questions sont celles qui obtiennent une réponse immédiate ne nécessitant aucun effort. Elles se réfèrent à des éléments qui sont à la portée du client, même s'il n'en est pas encore conscient. Par exemple, «Êtes vous grand ou petit?» ou «Quel temps fait-il autour de vous: froid ou chaud?» Pour répondre, le client n'a pas à réfléchir, mais juste à ressentir. De cette manière, vous lui permettez de pénétrer plus avant dans la scène en ajoutant graduellement des éléments supplémentaires, jusqu'à ce qu'il plonge complètement dans l'expérience et se mette à revivre l'épisode. Somme toute, le processus n'est pas très différent d'un accouchement.

9.5 Exemples de plongée réussie

Ces mécanismes ne s'appliquent pas seulement au souvenir des épisodes de vies antérieures, mais aussi à des scènes de la petite enfance ainsi que nous le verrons dans les exemples suivants.

 

Étude de cas – Simone, âgée de cinquante deux ans.

Le début de la session a été douloureux et agité, comme si Simone était grosse de cette expérience, mais incapable d'en accoucher. Après une demi-heure de travail – comme dans un accouchement? – l'atmosphère change de façon soudaine dans la pièce et l'on peut recenser tous les éléments constitutifs du flash d'astralité évoqué précédemment.

Que ressentez-vous maintenant? – Je ne sais pas, je me sens très étrange. [A ce stade, le client ne peut rien voir de l'épisode. Mais la solution est proche, d'où la sensation d'étrange.]

Est-ce que vous vous sentez de sexe masculin ou féminin? - Euh, Ni masculin ni féminin [Cette question est prématurée et n'aide pas réellement à engager le processus.Mais la question suivante déclenche un déclic.]

Selon vous fait-il jour ou nuit? – Nuit.

Avez-vous le sentiment d'être grand ou petit? – Petit, petit... vide... tout seul... [Simone se met en boule et croise ses bras contre sa poitrine. Elle est un pas plus loin dans l'expérience, mais tout est encore flou. Grâce aux questions suivantes la situation commence à lui apparaître clairement.]

Que voulez-vous? – Ma mère! Je veux ma mère!

Est-elle avec vous? – Non! Non! Non! J'ai faim et personne ne me donne à manger. [Simone se met à crier avec de gros sanglots, suçant son pouce. À partir de là, elle peut voir tous les détails: les meubles de la pièce, la couleur des rideaux, etc. Ensuite, la régression se déroule plus ou moins toute seule.]

 

Étude de cas – Un homme de vingt-sept ans. Au début de la session, un point très douloureux se révèle sous l'omoplate gauche. Après avoir travaillé sur le point pendant quelques minutes, l'énergie se met à changer dans la pièce. La douleur disparaît et le client devient très tranquille.

Que ressentez-vous? – [Pas de réponse. Tout est encore très flou.]

Comment sentez-vous votre corps, gros ou petit? – Gros.

Sentez-vous que vous bougez ou que vous êtes immobile? – Immobile.

Dans quelle position? – Allongé sur le dos. Dans un lit.

Vous vous sentez jeune ou vieux? – Vieux. [Toutes ces réponses viennent immédiatement et sans effort de réflexion. Le ton de voix du client change progressivement, ce qui montre que le client commence à être plus sûr de ce qu'il ressent. Le déclic se produit après la question suivante.]

En bonne santé ou malade? – Fatigué, très fatigué. C'est comme si j'allais mourir... et que je l'accepte. Cela a été bon! Mais en même temps, je me sens en colère. [Le client est maintenant complètement dans l'épisode et à partir de là, il y reste.]

Y-a-t-il une raison pour cette colère? – J'étais sur le point de dire quelque chose à mon fils.

Comme quoi par exemple? – J'étais sur le point de lui dire que l'aimais. J'ai le sentiment que ma vie a été gâchée parce que je n'ai jamais pu lui dire que je l'aimais.

Avez-vous le sentiment d'être seul ou y-a-t-il quelqu'un à côté de vous? – Je ne suis pas seul il y a quelques esprits autour de moi.

À quoi ressemblent-ils? – Ils sont amicaux. Ils me connaissent. Ils sont autour de mon corps et ils attendent que je meure complètement. Ils me disent: «Vous êtes déjà passé par-là avant.» Ils ressemblent à des amis que vous n'avez pas revus depuis un bout de temps.Mais je veux parler à mon fils.

9.6 L'ouverture métaphysique

Une fois que les clients sont fermement établis dans l'état de régression, on peut leur poser toutes sortes de questions. La manière dont chaque phrase est pesée et formulée est encore importante pour que la session puisse continuer correctement, mais il y a beaucoup moins de risques que l'expérience soit soudain interrompue et perdue.

Le contenu de la conscience du client pendant qu'il est dans un état de régression est un mélange étrange dans lequel le passé et le présent sont superposés l'un sur l'autre. Le client revit l'épisode exactement comme s'il se déroulait la sous ses yeux. Il ressent les émotions et les sensations correspondantes. C'est comme s'il entrait dans un autre corps, comme s'il était une autre personne – une autre personne qui lui serait très familière.

Vous pouvez avoir une idée de cette continuité si vous vous rappelez comment vous vous sentiez étant jeune enfant. C'était un 'vous' très différent de ce que vous êtes maintenant, mais il y a cependant une certitude intérieure, sans l'ombre d'un doute, que c'était bien vous-même. Au cours de la régression, c'est une extension de cette expérience qui se manifeste. Vous avez la même certitude intérieure de votre identité, même si le 'vous' de votre vie antérieure est de loin plus différent de votre 'vous' actuel que ne l'est celui de votre petite enfance. Mais, c'est toujours le même 'vous'. L'expérience de cette identité est d'une nature métaphysique et ne peut pas être totalement comprise aussi longtemps que vous n'êtes pas passé par-là vous-même.

Ainsi, pendant la régression, vous avez la superposition de deux 'vous' – vous dans le passé et vous dansle présent. Dans la technique de régression ISIS, l'hypnose n'est pas utilisée ni quoi que ce soit qui puisse diminuer votre conscience du présent. Vous restez parfaitement conscient de vous-même ici et maintenant et à tout moment, vous pouvez choisir de vous déconnecter de l'état de régression pour n'être plus conscient que de la pièce dans laquelle vous êtes, de votre corps et de votre 'vous' présent.

La superposition des deux 'vous', le passé et le présent, est une expérience absolument fascinante. Car vous avez changé. Le 'goût' de votre environnement intérieur est devenu complètement différent. Et cependant, c'est le même 'vous', il ne peut y avoir le moindre doute. Peu importe l'époque à laquelle s'est déroulé l'épisode que vous revivez. Que ce soit il y a des centaines ou même des milliers d'années n'a aucune importance, la continuité du Moi n'est en rien affectée par le temps.

Et voilà, vous vous trouvez à la croisée du temps. Réalisant soudain que 'vous' pourriez finalement être très différent de ce que vous avez cru être jusqu'à ce jour. Vous devenez soudain conscient du fait que vous vivez votre vie dans une boite d'allumettes. Vous réalisez que vous avez tendance à confiner votre existence à un nombre très limité d'émotions et de sentiments, à suivre toujours les mêmes routines répétitives. Au même moment, vous pouvez voir que vous êtes infiniment moins limité et qu'il n'est pas obligatoire qu'il en soit ainsi. La superposition de vos personnalités passée et présente vous permet de jeter un coup d'oeil dans l'incroyable profondeur de votre Moi. C'est une immensité sans fin, une explosion immobile. Soudain, vous êtes, vous existez au sens fort du terme. C'est l'expérience la plus déterminante que peut vous offrir la technique des régressions – et également la plus propre à vous guérir. Un simple aperçu de votre nature réelle peut vous apporter plus de changement que des années de discussion et d'analyses de vos problèmes. Car, en définitive, on ne se débarrasse pas de ses problèmes en s'occupant des samskaras, mais en prenant possession de son Moi."


4 octobre 2012

la guerre de l'opium......

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Première guerre de l'opium

Première guerre de l'opium
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Informations générales
Date août 1839 - août 1842
Lieu Chine
Issue Victoire britannique, traité de Nankin
Changements territoriaux Cession de Hong Kong
Belligérants
Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni Chine Empire de Chine
Commandants
Charles Elliot
Anthony Blaxland Stransham
Daoguang
Lin Zexu
Forces en présence
20 000 hommes 91 680 hommes
 

La première guerre de l'opium est un conflit militaire, motivé par des raisons commerciales, entre le Royaume-Uni et l'empire Qing en Chine de 1839 à 1842. Il est considéré comme la première manifestation du déclin de l'Empire de Chine, incapable de résister à l'Occident, déclin qui entraîne la Chine dans une longue période d'instabilité, jalonnée par la chute du système impérial, remplacé en 1912 par la République de Chine, l'intervention japonaise et, finalement, la proclamation de la République populaire de Chine en 1949.

 

Le commerce extérieur de la Chine avant les guerres de l’opium

Le commerce extérieur direct de la Chine avec les pays européens débute dès le XVIe siècle, avec pour premiers partenaires économiques les Portugais (1517) qui se sont installés à Canton (sud-est de la Chine), ils ont fondé en 1550 la cité de Macao. Ensuite viennent les Espagnols aux Philippines (1565), ils y fondent Manille en 1571. Ces pays sont notamment motivés par un objectif missionnaire.

Les Hollandais se positionnent en Indonésie, Batavia (actuelle Jakarta), d’abord installés à Penghu (1603) à côté de Taïwan, puis à Taïwan (1624). Les Russes viennent en voisins par voie terrestre.

En 1685, sous le règne de l’empereur Kangxi (1662-1723), un édit impérial autorise l’ouverture de tous les ports chinois aux bateaux étrangers ; le premier navire arrive à Canton en 1689. Cependant, ce commerce reste très limité car soumis à des règles très strictes : taxes pour les négociants étrangers, obligation de passer par un seul intermédiaire (le marchand de l’empereur) qui prélève des taxes au profit de l’État. En 1720, cet intermédiaire est remplacé par un organisme collégial : le Co-hong.

Sous le règne de l’empereur Qianlong (1736-1796), la politique commerciale s’inverse, elle est limitée dans son étendue et dans son intensité. En 1757, un édit impérial énonce que le Co-hong fixera maintenant les prix et les quantités des marchandises échangées, que les frontières maritimes vont être fermées (sauf Canton) et que les étrangers ne pourront pas s’installer où ils veulent à Canton (pas le droit d’apprendre le Chinois), le but étant d'empêcher les contacts directs.

La Chine est un empire plutôt fermé sur lui-même, autant commercialement que dans le domaine de l'échange des idées et des innovations. Ceci est dû à un protectionnisme strict appliqué par la bureaucratie impériale, idéologiquement soutenu à la fois par les élites, soucieuses de ne pas ébranler les rites d'une société traditionnelle très conservatrice (voire immobiliste) et par la population qu'une méfiance extrême confinant à la xénophobie maintient à distance de l'étranger.

Rien n'y est plus important que la répétition du connu (qui puise sa force de conviction dans le respect des ancêtres et dans la croyance que la perfection a été atteinte) sans se permettre de déroger à la règle sous peine de châtiments. Dès lors, quel besoin, quel intérêt y aurait-il à acheter des produits étrangers, donc inconnus, donc non-inclus dans la tradition, leur utilité fût-elle avérée? Ceux-ci étant par essence "imparfaits" en comparaison, et non-conformes aux rites...

Ainsi les tentatives précédentes des marins étrangers d'établir des comptoirs et de commercer avec l'Empire qui se considère au centre du monde, n'ont pas toujours été fructueuses: ségrégation, brimades, interdiction de communiquer avec la population, arbitraire impérial, taxation frauduleuse, confiscation de biens, etc...

L'empereur en plusieurs circonstances, ne considère pas que la Chine puisse avoir un intérêt à commercer avec le reste du monde. L'Europe "sinomaniaque" de la fin du XVIIIe siècle s'entiche de la civilisation chinoise et raffole de ses bibelots. Les Britanniques importent ainsi de plus en plus de marchandises chinoises (thé, soie, porcelaine, objets laqués…).

Cet état de fait crée un déséquilibre commercial. Mais si les négociants étrangers demandent de l’aide à leur gouvernement, c'est avant tout pour mettre fin aux brimades et surtout aux ségrégations quasi institutionnalisées dont ils sont les victimes. Deux missions diplomatiques verront le jour : la première en 1793 menée par Lord Macartney pour ouvrir d’autres ports. Elle est rejetée par Qianlong qui refuse (en 1796, Qianlong abandonne son trône), la seconde en 1816, dirigée par Lord Amherst, n’a pas plus de succès.

De plus, la Chine, étant autosuffisante, ne veut pas d'échange « marchandise contre marchandise », mais exige d'être payée en monnaie d'argent uniquement. Ceci n'est pas du goût des Britanniques qui, contrairement aux Espagnols, grâce à leurs colonies en Amérique du Sud, ont peu d’argent et beaucoup de marchandises en nature, venant principalement de leurs colonies aux Indes.

Pour répondre à la demande au Royaume-Uni, les Britanniques achètent d’énormes quantités de thé aux Chinois. Ces derniers, voyant que le commerce du thé est très lucratif, se mettent à convertir leurs plantations au détriment d'autres cultures, principalement celle du coton. Du même coup, la Chine ne peut plus vivre en autarcie et doit accepter les échanges de marchandises.

Offensive commerciale des puissances étrangères

Les Chinois connaissaient déjà l’opium, ils ne l’utilisaient pas comme drogue ou stimulant, mais plutôt comme analgésique. C'est à partir du XVIIe siècle, qu'ils ont commencé à l’utiliser comme drogue. Les premiers à leur en vendre furent les Portugais, l’opium venant d’Inde.

Les Britanniques décident de se lancer dans ce commerce des plus lucratifs. Les choses vont s’intensifier au fil du temps et en 1729 entraient environ 200 caisses d’opium par an en Chine. À la fin du XVIIIe siècle, plus de 4 000, et en 1838 plus de 40 000 (vendues par les Américains et les Britanniques).

Les Britanniques exigent de se faire payer en lingots d'argent, récupérant ainsi le précieux métal qu'ils avaient cédé dans le commerce du thé. La balance commerciale entre la Chine et l'Empire britannique s'inverse rapidement et spectaculairement en faveur des Britanniques. La corruption des fonctionnaires chinois qui contrôlent le trafic de drogue en Chine devient préoccupante et la drogue provoque des ravages dans la population. L'Empereur décide alors de réagir en s'en prenant aux intérêts britanniques.

En 1798, le gouvernement du Premier ministre britannique William Pitt envoie une ambassade à Pékin pour négocier un accord sur les échanges commerciaux sur la base de cette situation nouvelle. L’empereur, refusant de se faire « forcer la main » à cause de l’opium, préfère fermer son pays aux commerçants et aux missionnaires européens.

La réponse des Chinois

Les Chinois vont tenter de réagir avec l’interdiction de fumer l'opium.

Les premières mesures de prohibition

La cour décida de prohiber l’opium. En 1729, un premier édit, proclamé par l’empereur Yong Zheng (1723-1736), promulgue l'interdiction du trafic d’opium, le considérant dorénavant comme de la contrebande.

Cependant le trafic continue, et en 1796, un nouvel édit, proclamé par l’empereur Jiaqing (1796-1821), va confirmer l’interdiction du trafic de l’opium sous peine de mort. Cette fois, des sanctions contre les opiomanes seront également prises.

En 1800, l’empereur va proclamer un nouvel édit qui va confirmer la prohibition de l’opium et interdire sa culture sur le sol chinois ; les dépôts d’opium sont déplacés à Huangpu.

En 1809, une mesure administrative va être prise pour tenter d’entraver le trafic : les navires qui déchargent à Huangpu doivent fournir un certificat sur lequel est indiqué qu’il n’y a pas d’opium à bord. La corruption régnant parmi les fonctionnaires ne permet pas l'application stricte de ces mesures.

Rien ne semble pouvoir arrêter ce commerce très lucratif : en 1813, une caisse d’opium indien se vend 2 400 roupies (prix de revient de 240 roupies). En 1821, un nouveau décret chinois annonce que le commerce n’est plus possible à Huangpu, le marché se déplace à Lingding où il va se développer de 1821 à 1839. La Compagnie britannique des Indes orientales (East India Company) décide alors de contourner l'interdiction et augmente ses ventes illégales d'opium en Chine ; de 100 tonnes vers 1800 à 2 600 tonnes en 1838. Le commerce des Britanniques en Chine devient enfin excédentaire, en 1835, il y a 2 millions de fumeurs d’opium en Chine.

La guerre au trafic d’opium

Les autorités chinoises vont répondre de façon plus efficace. L’empereur Daoguang (1820-1850) demande conseil à une dizaine d’experts avant de prendre une décision. Au sein de la cour, il y a des partisans et des adversaires de l’opium : certains veulent légaliser le trafic ou plutôt la production chinoise, et d’autres voient le problème financier que la drogue va poser à la Chine. Un débat va s’engager pendant deux ans. Un de ces rapports va être présenté par le gouverneur général des provinces de Hubei et du Hunan, Lin Zexu (1775-1850).

Celui-ci est plutôt partisan de l’ouverture de la Chine au monde extérieur. C’est un farouche adversaire du trafic et son rapport défend l’interdiction de l’opium. Il propose une série de mesures pour limiter le trafic et la consommation de l’opium. Son texte est fondé sur sa pratique dans ses deux provinces : confisquer les stocks de drogue et accessoires de l’opiomanie.

L’empereur nomme en décembre 1838 Lin Zexu commissaire impérial de la province du Guangdong (Canton), il a pour charge de mettre un terme à l’usage de l’opium. Canton est, à l'époque, le port par lequel on importe la majorité de l'opium.

L’action de Lin Zexu

En mars 1839, Lin Zexu arrive à Canton et établit la liste de toutes les fumeries d’opium, des tenanciers des fumeries et des vendeurs.

Il confisque tous les stocks d’opium de la ville : il donne ordre aux propriétaires de ces stocks de venir remettre la drogue et en échange il leur donne du thé. Ils doivent aussi s’engager par écrit à renoncer à faire du commerce avec les Chinois (vu que tous les propriétaires sont étrangers).

Le surintendant du commerce britannique devra alors coopérer avec Lin. En avril 1839, Lin fait parvenir à la Reine du Royaume-Uni, Victoria, un message pour lui dire que la consommation d’opium est interdite en Chine et lui demande d'en faire cesser le trafic.

Le 3 juin 1839, la drogue saisie est détruite, soit 200 000 caisses (1 188 tonnes). Lin édicte un règlement qui stipule que les bateaux étrangers qui entrent dans les eaux territoriales chinoises seront fouillés. L’opinion publique est favorable à cette interdiction.

Au nom de la défense du commerce, lord Melbourne, le Premier ministre de la reine Victoria, convainc le Parlement britannique d'envoyer un corps expéditionnaire à Canton, déclenchant du même coup la première guerre de l’opium.

La fièvre monte

Au Royaume-Uni, environ 300 sociétés commerciales britanniques demandent au gouvernement britannique d’intervenir auprès des autorités chinoises. Certains veulent une intervention officielle des Britanniques pour qu’on leur paie leur marchandise détruite. Une campagne de presse est organisée pour déplorer tous ces incidents entre Britanniques et Chinois.

En Chine, les choses se tendent encore plus et il y a même des affrontements armés entre navires britanniques et jonques chinoises : le premier a lieu en septembre 1839 et le deuxième en novembre 1839. Lin Zexu interdit le port de Canton aux navires britanniques en décembre 1839, l’empereur décide de « fermer pour toujours » Canton aux Britanniques en janvier 1840.

Cette nouvelle parvient au Royaume-Uni. Un débat a lieu en avril 1840 à la Chambre des Communes entre les partisans d'opérations militaires pour la réparation des torts envers leurs commerçants et ceux qui veulent que le Royaume-Uni renonce à vendre de l’opium et du même coup renonce à une guerre. Les premiers auront gain de cause.

La guerre

En avril 1840, une armada britannique est mise sur pied : 16 vaisseaux de ligne, 4 canonnières, 28 navires de transport, 540 canons et 4 000 hommes. Sous le commandement de l’amiral Elliot, ils arrivent au large de Canton en juin 1840. Un croiseur britannique bombarde Canton et occupe l'archipel voisin des Chousan (d'où est tiré le terme de « diplomatie de la canonnière »). Les britanniques attaquent Canton mais sans succès, car Lin a fait planter des pieux retenus par des chaînes dans le port pour empêcher les bateaux d'accoster. Il y a aussi une milice qui défend la ville.

Les Britanniques conquièrent Hong Kong (alors un avant-poste mineur) et en font une tête de pont. Les combats commencent réellement en juillet, quand les HMS Volage et HMS Hyacinth défont 29 navires chinois. Les Britanniques capturent le fort qui gardait l'embouchure de la rivière des Perles — la voie maritime entre Hong Kong et Guangzhou.

La cour chinoise prend peur, Lin Zexu tombe en disgrâce (condamné à l’exil) et il est remplacé par un aristocrate, Qishan.

Des négociations ont lieu à Canton : Qishan fait démolir les fortifications de Lin, dissoudre la milice en novembre 1840 et réduire le nombre de soldats.

Les Britanniques revendiquent :

  • La reprise du commerce avec le Royaume-Uni
  • Le remboursement des stocks d’opium détruits
  • La passation de Hong Kong (anciennement Îles Victoria) dans leur giron.

Qishan refuse. Les Britanniques tentent de le faire plier en attaquant et s’emparant de quelques ouvrages de fortification. Qishan prend peur et accepte les revendications.

La cour chinoise pense que l'acceptation de Qishan ne concerne que la reprise du commerce. En apprenant que cela va beaucoup plus loin, l’empereur décide de destituer Qishan (condamné à mort pour mauvais services, puis à l'exil) et déclare la guerre aux Britanniques le 29 janvier 1841. L’empereur remplace Qishan par Yishan.

En 1841, les forces britanniques occupent la région autour de Guangzhou, puis prennent la ville voisine de Ningpo (de nos jours Ningbo) et le poste militaire de Chinhai.

Dans la province de Canton, les Britanniques se rendent vite maîtres des endroits stratégiques. Yishan met plusieurs semaines à arriver à Canton; l'assaut qu'il lance contre les Britanniques est repoussé et les Chinois se replient à l’intérieur de la ville. Yishan demande l’armistice et une convocation d’armistice (convention sur le rachat de Canton) est signée le 27 mai 1841. Cette convocation engage les Chinois à racheter Canton pour 6 millions de dollars aux Britanniques (dont un million le jour même). Mais elle repose sur un double malentendu utilisé par les diplomates britanniques : les Chinois considèrent cette action comme un prêt commercial alors que les Britanniques n’ont renoncé ni à l’indemnisation des stocks d’opium ni à Hong Kong.

Capitulation chinoise

Les Britanniques veulent encore faire peur aux Chinois afin d’obtenir davantage avec une nouvelle négociation. En août 1842, une escadre britannique remonte le Yangzi Jiang jusqu'à Nankin, obligeant le gouvernement de l'empereur Tao-kouang à capituler et à signer le traité de Nankin le 29 août 1842. Ce traité donne aux Britanniques le libre commerce de l'opium, la fin de l'obligation de négocier uniquement avec les Co Hong et surtout la concession de l'île de Hong Kong qui sera reprise par la suite.

La victoire facile des forces britanniques, dirigées par le général Anthony Blaxland Stransham, affecte gravement le prestige de la dynastie Qing et a pu contribuer au déclenchement de la rébellion Taiping (1850-1862).

Les traités

Le 29 août 1842, les représentants de la Cour signent à bord d’une canonnière britannique le fameux traité de Nankin. Ce traité sera complété par la suite par deux autres traités conclus le 28 juillet 1843 et le 8 octobre 1843 (traité de Humen). Ces 3 traités reconnaissent aux Britanniques des droits :

  • 1re clause : la cession de Hong Kong qui deviendra une place militaire et économique
  • 2e clause : 5 ports sont ouverts : Xiamen, Canton, Fuzhou, Ningbo et Shanghai. Les Britanniques obtiennent le droit de s’installer dans ces ports et d’y vivre avec leur famille (pour les marchands). Le traité de Humen autorise la construction d'édifices dans ces ports.
  • 3e clause : indemnités de guerre (frais + opium) : 21 millions de yuans, soit 1/3 des recettes du gouvernement impérial. Échéancier de 4 ans.
  • 4e clause : douanes : les commerçants britanniques sont assujettis au paiement de droit sur les importations et exportations ; le montant est désormais fixé par les Chinois et les Britanniques.
  • 5e clause : droit de la juridiction consulaire : en cas de litige entre un Chinois et un Britannique, une juridiction britannique tranchera sur base des lois britanniques.
  • 6e clause : la nation la plus favorisée : si la Chine signe un traité avec une autre puissance, le privilège accordé à la nation en question sera de fait accordé au Royaume-Uni.

D’autres nations (États-Unis d'Amérique, France) demandent les mêmes privilèges que ceux accordés au Royaume-Uni.

  • États-Unis : en 1842, revendiquent les mêmes droits commerciaux et légaux. En 1844, ils les obtiennent par le traité de Wangxia (village près de Macao)
  • France : Avant la guerre de l’opium, les Français étaient mal placés commercialement puis ils obtiennent les mêmes droits en octobre 1844 par le traité de Whanpoa. Ils obtiennent de plus le droit de construire des églises et des cimetières. Quelques jours après, ils obtiennent le droit d’évangéliser.

Les conséquences économiques et sociales de la 1re guerre de l’opium

Après les traités de Nanquin, l’économie chinoise s’ouvre aux puissances étrangères et vice-versa. La Chine exporte plus de 100 millions de livres sterling de thé, deux fois plus qu'auparavant. De 12 000, les chinois exportent désormais 20 000 balles de soies en 1840, par le biais des Britanniques. Les commerces étrangers s’emploient à renforcer leur position et s’installent surtout à Shanghai (concession britannique en 1841, concession américaine en 1845, puis concession internationale). Shanghai devient une concession française en 1849 (enclave juridique avec ressemblance avec les quartiers français). Le commerce de l’opium continue de se développer. Il n’est toujours pas légal mais toléré : 40 000 caisses en 1838, 50 000 en 1850, 80 000 en 1863 (double en 25 ans).

Conséquences financières

Avant 1821, la caisse est vendue entre 1 000 et 2 000 reales (monnaie d'or mexicaine alors très apprécié dans le commerce en Orient). Après 1838, entre 700 et 1 000 reales. La monnaie était le liang (traduit par taël en français). Le liang correspond à un poids d’argent variable. (37 g environ) et 1 liang = 1 000 sapèque (en cuivre). Les Chinois paient en liang. La monnaie d’argent se raréfie en Chine, la valeur augmente au détriment de la monnaie en cuivre. L'inflation monte :

  • Avant 1820, 1 liang = 1 000 sapèques
  • En 1845, 1 liang = 2 200 sapèques.

Cette hausse se reflète sur les Chinois qui n’ont que des sapèques, les impôts doublent.

Conséquences sociales

À la campagne, les paysans s’endettent de plus en plus auprès des propriétaires fonciers. Les paysans mendient, se font bandits, rejoignent des sociétés secrètes.

En ville : le sort des artisans n’est guère plus enviable. Les produits étrangers (cotonnades et fils) peuvent se déverser sur le marché chinois. Chômage pour certains, d’autres meurent de faim. Entre 1841 et 1849, on dénombre 100 soulèvements populaires environ. La Révolte des Taiping par exemple. Cette colère populaire se déverse contre les étrangers (mouvements d’hostilité) comme à Canton ou à Fuzhou.

La population se retourne aussi contre la cour, mais la révolte sera matée. En 1851, l'empereur Xian Feng accède au trône, les négociateurs des traités tombent en disgrâce et les Chinois veulent reprendre ce qu’ils ont consenti à donner sous la disgrâce.

Chronologie

  • 1729 : premier édit chinois de l’empereur Yongzheng déclarant le trafic d’opium comme de la contrebande
  • 1796 : second édit chinois proclamé par l’empereur Jiaqing et rendant le trafic d’opium passible de la peine de mort
  • décembre 1838 : nomination par l’empereur de Lin Zexu au poste de commissaire impérial du Guangdong
  • mars 1839 : Lin Zexu confisque tous les stocks d’opium de Canton
  • avril 1839 : Lin Zexu adresse à la reine Victoria un message lui demandant l’arrêt du trafic d’opium
  • juin 1839 : destruction de la drogue confisquée ; nouveau règlement stipulant que tout navire étranger pénétrant dans les eaux territoriales chinoises sera systématiquement fouillé ; le premier ministre britannique, lord Melbourne, convainc le parlement britannique de déclarer la guerre à la Chine.
  • septembre 1839 : premier affrontement entre les flottes chinoise et britannique
  • décembre 1839 : fermeture du port de Canton aux navires britanniques
  • avril 1840 : débat à la Chambre des communes entre les partisans de la guerre et les opposants ; victoire des partisans
  • juin 1840 : arrivée à Canton d’une armada britannique sous les ordres de l’amiral Charles Elliot qui ne put accoster au port grâce aux défenses mises en place par Lin Zexu ; conquête de Hong Kong par les Britanniques ; disgrâce et remplacement de Lin Zexu par Qishan novembre 1840 : dissolution de la milice et réduction des effectifs par Qishan ; début des négociations ; Qishan refuse les exigences mais, devant les assauts britanniques, finit par accepter.
  • janvier 1841 : remplacement de Qishan par Yishan ; déclaration de guerre aux Britanniques
  • mai 1841 : signature d’une convention d’armistice et rachat de Canton aux Britanniques
  • août 1842 : signature d’un traité concédant aux Britanniques le libre commerce de l’opium
  • juillet 1844 :signature d'un deuxième traité établissant les bases du commerce entre le Royaume-Uni et la Chine et ouvrant la Chine au commerce d'autres pays comme les États-Unis ou la France.

Citation

« (...) Les lois interdisant la consommation de l’opium sont maintenant si sévères en Chine que si vous continuez à le fabriquer, vous découvrirez que personne ne l’achètera et qu’aucune fortune ne se fera par l’opium. (...) Tout l’opium qui est découvert en Chine est jeté dans l’huile bouillante et détruit. Tout bateau étranger qui, à l’avenir, viendra avec de l’opium à son bord, sera mis à feu, et tous les autres biens qu’il transportera seront inévitablement brûlés en même temps. Alors, non seulement vous ne parviendrez pas à tirer quelque profit de nous, mais vous vous ruinerez dans l’affaire. Ayant voulu nuire à autrui, vous serez la première à en souffrir. Notre Cour Céleste n’aurait pas gagné l’allégeance d’innombrables pays si elle n’exerçait un pouvoir surhumain. Ne dites pas que vous n’avez pas été avertie à temps. À la réception de cette lettre, Votre Majesté sera assez bonne pour me faire savoir immédiatement les mesures qui auront été prises (...). »

Lettre du commissaire impérial extraordinaire Lin Zexu à la reine Victoria, 1839.

 

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Seconde guerre de l'opium

Seconde guerre de l'opium
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Le pont de Pa-Li-Kiao, le soir de la bataille, Émile Bayard
Informations générales
Date octobre 1856 - octobre 1860
Lieu Empire de Chine
Issue Victoire occidentale, traité de Tianjin
Belligérants
Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau français Empire français
États-Unis États-Unis
Chine Empire de Chine
Commandants
Flag of the United Kingdom.svg Michael Seymour
James Bruce
Garnet Joseph Wolseley
Flag of France.svg Jean-Baptiste Louis Gros Auguste-Léopold Protet
Charles Cousin-Montauban
États-Unis James Armstrong
Chine Sengge Rinchen
Forces en présence
Royaume-Uni : 11 000 hommes
France : 6 700 hommes, 173 navires de guerre
Etats-Unis : 3 navires
200 680 hommes
 
 

La seconde guerre de l'opium dura de 1856 à 1860 et opposa la Chine à la France et au Royaume-Uni (soutenus par les Etats-Unis et la Russie). Cette guerre peut être vue comme le prolongement de la première guerre de l'opium, d'où le nom que l'on lui a attribué.

 

Chronologie des principaux événements

Avant les guerres de l’opium

1731 : interdiction de l’importation de l’opium en Chine par les Qing
1757 : La Compagnie des Indes acquiert des droits de culture de l’opium au Bengale
1765 : La Compagnie des Indes acquiert des droits de culture de l’opium au Bihar

Première guerre de l’opium (1839-1842)

1816 : La compagnie des Indes développe le commerce de l’opium en Chine
5 janvier 1840 : Lin Zexu ordonne la fermeture du port de Canton
1842 : Traité de Nankin
(Révolte des Taiping (1851-1864))
25 février 1850 : Mort de l’empereur Daoguang remplacé par Xianfeng

Deuxième guerre de l’opium (1856-1860)

8 octobre 1856 : Un bateau contrebandier anglais est arrêté, l’Angleterre se prépare à attaquer
23 octobre 1856 : cinq mille soldats anglais investissent Canton
1857 : Bombardement de Canton par les Anglais et les Français
1858 : Traité de Tianjin
24 juin 1859 : Les forces franco-anglaises tentent de pénétrer dans Tianjin et se font refouler
17 juillet 1860 : Les armées anglaise et française débarquent sur le sol chinois
2 septembre 1860 : Les armées anglaise et française prennent Tianjin
5 octobre 1860 : Les armées anglaise et française campent sous les murailles de Pékin, elles vont piller le « Palais d’été »
13 octobre 1860 : La ville de Pékin tombe
17 octobre 1860 : Le « Palais d’Eté » est incendié
24 octobre 1860 : Traité de Pékin

Après les guerres de l’opium

1861 : Mort de l’empereur Xianfeng. Avènement de l’empereur Tongzhi âgé de 5 ans, sa mère Cixi prend la régence

Contexte

Le traité de Nankin, faisant suite à la première guerre de l'opium, laissait cinq ports à disposition des Occidentaux pour le commerce.

Malgré cet accord, les puissances européennes, dont la balance commerciale était largement déficitaire, désiraient étendre leur commerce vers le Nord et vers l’intérieur de la Chine.

Par ailleurs, le commerce de l'opium était toujours illégal en Chine. Cependant, le vice-roi de la ville de Canton le pratiquait tout en faisant condamner à mort les étrangers accusés de ce commerce. C'est ainsi que la France et les États-Unis demandèrent, en 1854, des révisions dans le traité de Huangpu et le traité Wangxia. Le Royaume-Uni fit la même demande, citant les articles sur le « traitement égalitaire » dans les statuts des nations les plus favorisées.

En 1854, les ministres occidentaux et américains contactèrent de nouveau les autorités chinoises et demandèrent des révisions des traités :

  1. Pouvoir pénétrer sans hostilité dans Canton.
  2. Pouvoir étendre le commerce à la Chine du Nord et le long du fleuve Yangzi.
  3. Le commerce de l’opium était toujours illicite, ils voulaient le légaliser.
  4. Les Occidentaux voulaient traiter avec la cour directement à Beijing.

La cour impériale de la dynastie Qing rejeta alors les demandes de révision du Royaume-Uni, de la France et des États-Unis d'Amérique. Dès lors, les puissances occidentales cherchèrent d'autres moyens pour arriver à rééquilibrer une balance commerciale très déficitaire.

La guerre

Les puissances occidentales estimaient que seule la guerre pouvait amener l'Empire chinois à changer de position. Dès lors, les puissances occidentales attendirent l'événement qui pouvait amener le conflit. Cet événement eut lieu le 8 octobre 1856, lorsque des officiers chinois abordèrent l’Arrow, un navire anglais enregistré à Hong Kong sous pavillon britannique, suspecté de piraterie et de trafic d'opium. Ils capturèrent les douze hommes d’équipage et les emprisonnèrent. Cet épisode est souvent appelé « l'incident de l'Arrow ».

Les Britanniques demandèrent officiellement la relaxe de ces marins en faisant valoir la promesse par l'empereur de la protection des navires britanniques. Ces arguments furent ignorés par les autorités chinoises. Les Britanniques évoquèrent ensuite l’insulte faite au drapeau britannique par les soldats de l'Empire Qing.

La première partie de la guerre

Bien qu'affaiblis par une mutinerie difficile à réprimer aux Indes, la révolte des Cipayes (1857-1858), les Britanniques répondirent à l’incident de l’Arrow en 1857 en attaquant Canton depuis la rivière des Perles. Ye Mingchen, alors gouverneur des provinces du Guangdong et du Guangxi, ordonna aux soldats chinois en poste dans les forts de ne pas résister. Après avoir pris sans difficulté le fort voisin de Canton, l’armée britannique attaqua la ville elle-même. Les navires de guerre américains, y compris l'USS Levant, bombardèrent Canton. Les habitants ainsi que les soldats résistèrent à l'attaque et forcèrent les assaillants à battre en retraite vers Humen.

Le parlement britannique décida d'obtenir coûte que coûte réparation de la part de la Chine pour l’incident de l'Arrow, demanda à la France, aux États-Unis et à la Russie de s’allier à elle. La France rejoignit les Britanniques contre la Chine après l’exécution du missionnaire Auguste Chapdelaine (incident dit du père Chapdelaine), par les autorités locales chinoises dans la province du Guangxi. Les Américains et les Russes firent des offres d’aide aux Britanniques et aux Français, mais, finalement, ne les aidèrent pas militairement.

Les Britanniques et les Français désignèrent des ministres plénipotentiaires chargés des négociations avec les Chinois. Le représentant britannique était Lord Eldgin, l'ambassadeur français le baron Gros.

Ye Mingchen fut capturé et Baigui, le gouverneur de Guangdong, se rendit. Un comité mixte de l’Alliance fut formé. Baigui fut maintenu à son poste original pour maintenir l’ordre au nom de l’Alliance. L’Alliance maintint Canton sous son contrôle pendant près de quatre ans. Ye Mingchen fut exilé à Calcutta, en Inde, où il se laissa mourir de faim.

La coalition se dirigea ensuite vers le nord pour prendre les forts de Dagu, qui défendaient l'embouchure de la rivière Hai He en aval de Tianjin, en mai 1858.

L'enseigne de vaisseau Henri Rieunier (1833-1918), de l'artillerie de marine, assistera à toutes les opérations de la première partie de la guerre de Chine, ses écrits exceptionnels sont conservés et relatent les évènements, comme suit:

« L'aviso "Marceau" participe à la prise d'assaut de Canton, grand port de la Chine méridionale, le 28 décembre 1857 par les flottes combinées de l'Angleterre et de la France, à la suite d'attaques contre des navires marchands anglais. Le 20 février à Canton, Henri Rieunier embarque sur la canonnière la "Mitraille" dont il dirige les batteries d'artillerie. Le 16 mars 1858, l'amiral de Genouilly, avec l'escadre quitte Canton pour la Chine du nord. Le 20 mai 1858, agissant de concert avec les Anglais, il s'empare des forts de Ta-Kou à l'embouchure du Peï-ho dans le Petchili avant de remonter le Peï-ho jusqu'à Tien-Tsin en direction de Pékin. La "Mitraille" dont l'équipage fut décimé - 2 officiers tués, un blessé - participe à leur attaque et à leur prise. Henri Rieunier fut chargé de miner et de faire sauter le fort sud de l'embouchure de Peï-ho, en juin 1858. La route de Pékin ouverte, le gouvernement chinois signe à Tien-Tsin les 27 et 28 juin 1858 avec l'Angleterre et la France, les traités qui mirent fin à la première expédition de Chine de la 2ème guerre de l'opium. L'affaire de Chine étant ou paraissant réglée, l'amiral Rigault de Genouilly porte ses forces sur la Cochinchine...etc »

Le traité de Tianjin

En juin 1858, le traité de Tianjin conclut la première partie de la guerre à laquelle la France, la Russie et les États-Unis étaient parties prenantes. Ce traité ouvrit onze ports supplémentaires au commerce occidental. Mais, dans un premier temps, les Chinois refusèrent de le ratifier.

Les points principaux du traité étaient :

  1. Le Royaume-Uni, la France, la Russie et les États-Unis auront le droit d’établir des missions diplomatiques à Pékin, jusque-là, cité interdite.
  2. Dix ports chinois supplémentaires seront ouverts au commerce étranger, y compris Niuzhuang, Danshui, Hankou et Nankin.
  3. Le droit pour tous les navires étrangers, y compris les navires commerciaux, de naviguer librement sur le Yangzi Jiang
  4. Le droit pour les étrangers de voyager dans les régions intérieures de la Chine dont ils étaient jusqu’à présent bannis.
  5. La Chine doit payer une indemnité au Royaume-Uni et à la France de deux millions de taels d’argent chacune.
  6. La Chine doit payer une indemnité aux marchands britanniques de deux millions de taels d’argent pour destruction de leurs propriétés.

Les négociations se poursuivirent et, en novembre 1858, le gouvernement central accepta de légaliser le commerce de l’opium : en 1886 le commerce de l’opium porta sur 180 000 caisses (environ 10 000 tonnes). Dès 1878, on estime à environ 100 millions le nombre de consommateurs d'opium chinois (occasionnels ou réguliers).

Les Chinois acceptèrent que les droits de douane soient extrêmement faibles et que la gestion des douanes passe sous contrôle étranger.

La ratification eut lieu plus d'un an après. Le gouvernement chinois laissa traîner les choses et les Britanniques et Français eurent recours à la force pour aller plus vite : 11 000 Britanniques et 7 000 Français s’embarquèrent sur les eaux chinoises.

Le traité d'Aigun avec la Russie

Le 28 mai 1858, le traité d'Aigun est signé avec la Russie pour réviser les frontières entre la Chine et la Russie telles qu’elles avaient été définies par le traité de Nertchinsk en 1689.

Les Russes s’étendent vers la Chine, car ils ne peuvent s’étendre vers le Proche Orient (guerre de Crimée perdue, 1856). Il y a très longtemps que Russes et Chinois s’étaient entendus sur des frontières communes. Par la suite, les Russes avaient essayé de repousser les frontières (au-delà du fleuve Amour, en chinois Heilong Jiang) et avaient installé deux forts. Les Russes profitent de la deuxième guerre de l'Opium pour consolider leur avancée. Ils collaborent en sous main avec Français et Britanniques et se posent en médiateur. La Russie gagne la rive gauche du fleuve ainsi que le contrôle d’un territoire hors gel le long de la côte Pacifique, où elle fonde la ville de Vladivostok (le souverain de l’est) (anciennement Haishenwei) en 1860.

Les Russes ont les mêmes privilèges que les autres pays et la Chine reconnaît formellement leurs annexions de plus d'un million de kilomètres carrés de territoires.

La seconde partie de la guerre

Prise des forts du Peï-Ho le 21 août 1860.

En 1859, après le refus de la Chine d’autoriser l’établissement d’ambassades à Pékin comme stipulé dans le traité de Tianjin, une force navale sous le commandement de l’amiral Sir James Hope encercla les forts gardant l’embouchure de la rivière Hai He, mais subit des dommages et fit retraite sous la couverture d’un escadron naval commandé par Josiah Tattnall. La force arriva à Pékin et occupa la ville le 6 octobre. Nommant son frère, le prince Gong comme négociateur, l’empereur chinois Xianfeng se réfugia dans son palais d’été de Chengde. Les troupes franco-britanniques incendièrent les deux palais d’été, le nouveau et l’ancien, à Pékin, après plusieurs jours de pillage. Le vieux palais d'été fut totalement détruit. Les trésors s'y trouvant furent préalablement répertoriés par le général français et son homologue britannique, et rapportés à Paris et Londres pour entrer dans des collections d'État ou encore des ventes aux enchères. Cependant, Pékin elle-même ne fut pas prise, les troupes restant cantonnées en dehors de la ville.

La convention de Pékin

Après la fuite de Pékin de l’empereur Xianfeng et de sa suite, en juin 1858, le traité de Tianjin est finalement ratifié par le frère de l’empereur, le prince Gong, lors de la convention de Pékin le 18 octobre 1860, mettant un terme à la seconde guerre de l’opium.

Le commerce de l’opium est légalisé et les chrétiens voient leurs droits civils pleinement reconnus, incluant le droit de propriété privée et celui d’évangéliser.

La convention de Pékin inclut :

  1. La reconnaissance par la Chine de la validité du traité de Tianjin
  2. L’ouverture de Tianjin en tant que port commercial, destiné au commerce avec Beijing
  3. La cession du district de Kowloon au Royaume-Uni
  4. La liberté de culte en Chine. Les missionnaires catholiques français ont le droit d’acheter des terres et de construire des églises.
  5. L’autorisation pour les navires britanniques d’amener de la main-d’œuvre chinoise à l'étranger pour remplacer les esclaves récemment affranchis. Ces coolies partiront pour les mines ou les plantations de Malaisie, d’Australie, d’Amérique latine, des États-Unis.
  6. Le paiement aux Britanniques et aux Français d’une indemnité augmentée à huit millions de taels d’argent chacun.

Les conséquences

Les conséquences de la seconde guerre de l’opium sont :

Au niveau économique, l’empire doit donner de grosses sommes d’argent aux pays contre qui elle a été en guerre. De plus, la balance commerciale du pays reste déficitaire, car les exportations de thé ne suffisent toujours pas à équilibrer l’argent que les Chinois utilisent pour acheter l’opium. Durant les guerres de l’opium, les Russes ont profité du chaos régnant dans le pays pour envahir quelques territoires chinois. La Chine doit verser 50 millions de roubles1 au tsar pour tout récupérer.

La Chine est considérablement affaiblie par les deux guerres qui viennent de la ravager, mais aussi la révolte des Taiping qui continuera à faire rage jusqu'en 1864. Les puissances de l’époque en ont profité pour s'emparer de territoires. Ainsi, la Chine perd l’Annam au profit de la France, la Corée qui devient indépendante et beaucoup d’autres régions du grand empire chinois.

Au niveau culturel, les pays qui ont gagné la guerre ont pillé de nombreux trésors comme les objets du « Palais d’Eté », qui a même été brûlé par les armées françaises et anglaises par la suite. Au niveau de la société, les pays vainqueurs peuvent continuer le commerce de l'opium, ce qui fait que de très nombreux consommateurs sortent de la clandestinité.

La Chine vit une période difficile à surmonter, et l’impératrice Cixi décide qu’il est temps que la Chine commence à se moderniser en prenant exemple sur les pays plus développés. Elle s’industrialise, commence à créer des armes, ses ports se développent et les bateaux à vapeur apparaissent, les lignes de chemin de fer arrivent dans le pays… Une des conséquences principale de la deuxième guerre de l’opium est donc la modernisation de la Chine, qui s’ouvre enfin sur le monde extérieur, ce qui lui permet de se développer.

L’empire chinois a donc perdu toute sa puissance à cause des guerres de l’opium. Leurs conséquences ont été catastrophiques pour le pays qui mettra des décennies à s’en remettre.

Reportages photographiques

Cette guerre fut l'une des premières guerres à être suivie et documentée par des photographes, parmi lesquels Felice Beato, John Papillon chez les Anglais et Antoine Fauchery chez les Français.

 

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23 septembre 2012

le livre de salomon

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Salomon (Bible)

Salomon, fils de David et de Bethsabée, est un roi d'Israël selon la Bible hébraïque (de 970 à 931 av. J.-C. selon la chronologie biblique usuelle). Sa sagesse et sa justice firent de lui le roi le plus sage et juste de l'Ancien Testament. Il fait construire le premier Temple de Jérusalem, dit Temple de Salomon. Sa naissance est mentionnée dans le Deuxième livre de Samuel, puis son règne est raconté dans le Premier livre des Rois.

Le jugement de Salomon (dessin sur papier)(1648-1649), de Nicolas Poussin
 

Récit biblique

Salomon, fils et successeur du roi David

Salomon est le deuxième fils que le roi David eut de sa femme, Bethsabée, que celui-ci avait prise à Urie le Hittite.

Quand David fut vieux, son fils Adonias tenta de se faire proclamer héritier. Alors David ordonne au prêtre Sadoq d'oindre Salomon comme roi après lui. David, mourant, confie ces paroles à son fils de douze ans : « Je m'en vais par le chemin de toute la terre. Tu seras fort et te montreras un homme, et tu prendras garde à Dieu, ton Dieu, en marchant dans Ses voies, en gardant Ses statuts, Ses commandements et Ses ordonnances, comme il est écrit dans la loi de Moïse, afin que tu réussisses dans tout ce que tu feras et où que tu te tourneras » (I Rois 2, 2 et 3). Après 40 ans de règne, David meurt. Salomon devient ainsi roi d'Israël.

Le jugement de Salomon

Jugement de Salomon, trésor de l'abbaye de Saint-Denis, XeXIe siècle, musée du Louvre

Considéré comme « Sage parmi les hommes », il se rendit populaire en début de règne par ses jugements pleins de sagesse. Il avait d'ailleurs demandé à Dieu (2° livre des Chroniques chapitre 1 verset 7 à 12 ) de le munir d'un cœur qui sache écouter. Le Premier livre des Rois (3, 16-28) raconte ainsi le différend qui opposa deux femmes ayant chacune mis au monde un enfant, mais dont l'un était mort étouffé. Elles se disputèrent alors l'enfant survivant. Pour régler le désaccord, Salomon réclama une épée et ordonna : « Partagez l'enfant vivant en deux et donnez une moitié à la première et l'autre moitié à la seconde ». L'une des femmes déclara qu'elle préférait renoncer à l'enfant plutôt que de le voir sacrifié. En elle, Salomon reconnut la vraie mère, et il lui fit remettre le nourrisson. Alors « tout Israël apprit le jugement qu'avait rendu le roi, et ils vénérèrent le roi car ils virent qu'il y avait en lui une sagesse divine pour rendre la justice ». Ce célèbre épisode de la vie du Roi Salomon a donné lieu à l'expression « jugement de Salomon ». Il peut signifier soit que face à l'impossibilité d'établir la vérité dans un litige, on partage les torts entre deux parties, soit on met ces mêmes parties devant une situation qui oblige l'une d'elles au moins à changer sa stratégie. Ce cas fait partie de ceux étudiés en théorie des jeux à somme non-nulle au même titre que la Crise des missiles de Cuba, avec laquelle elle a des affinités (mettre l'une des parties dans une position intenable, et forcer l'issue en faveur du gagnant-perdant et non du perdant-gagnant).

Un règne de paix et de prospérité

À son avènement, Salomon doit faire face à de nombreuses (1445) rivalités et révoltes au sein de son royaume. Il élimine les partisans de son demi-frère Adonias. Le prêtre Abyatar (Abiathar) est exilé et Joab est exécuté.

Le pharaon Siamon profite de la mort de David pour organiser une expédition en Palestine. Il prend et détruit Gezer. Mais devant l’armée de Salomon, il préfère une paix de compromis. Il donne sa fille en mariage à Salomon avec pour dot Gezer. Salomon s’engage probablement à ne pas attaquer la pentapole philistine. Avec ce mariage Salomon signe un traité avec Siamon où il est autorisé à fixer, de manière permanente, les frontières méridionales de son royaume en occupant Gezer, qui dorénavant, restera une région d'Israël.

Salomon organise une expédition militaire à Hamath et Zoba pour contrôler Tadmor (Palmyre) et la route des caravanes.

Son règne marque cependant une période de paix, de prospérité et d'abondance. Le roi-bâtisseur fait ériger dans sa capitale des édifices colossaux (le Temple, le palais royal et les fortifications de Jérusalem). Il bâtit le premier Temple de Jérusalem. C'est dans sa quatrième année de règne que Salomon se mit à bâtir le temple, qui fut achevé en sept ans et demi. C'est le temple et non plus le tabernacle, qui fut alors le centre du culte public.

L'organisation du royaume de Salomon

Salomon organise l’administration de son Empire, tâche qui lui vaut la réputation de « sage » (hâkâm) :

  • Comme David, il s’entoure de hauts fonctionnaires et de conseillers (prêtre, secrétaire, héraut, chef de l’armée) mais crée de nouvelles fonctions (maître du palais, chef des préfets et chef de la corvée). La famille du prophète Nathan est très influente dans ce cabinet. Salomon crée un corps de fonctionnaires (lévites), dévoués au service de l’État. Il institue des écoles pour les former.
  • Le territoire israélite est divisé en douze préfectures dirigés par un préfet (nesîb), nommé par Salomon.
  • Chaque préfecture devait assurer l’entretien de la cour royale pendant un mois, charge assez lourde à cause du développement du harem royal, du nombre des hauts fonctionnaires et de la charerie royale. D’autres entrées proviennent du domaine royal, géré par le maître du Palais, de cadeaux et tributs versés par les vassaux. De plus, le roi contrôle le commerce international : caravanes du désert (encens, aromates), commerce de haute mer dans des expéditions conjointes avec les Phéniciens (produits et animaux tropicaux, or), commerce avec la Phénicie (blé, huile, cèdre, cyprès, aide technique).
  • Salomon nomme à la tête de l’armée l’ancien chef de la garde personnelle de David. L’effort de modernisation porte sur les chars, peu utilisés dans le passé et la construction de places fortes.

Le déclin

Selon la Bible (1R XI,3), Salomon a pris 700 épouses et 300 concubines. Il laissa se développer des religions païennes dans son entourage « et il arriva, au temps de la vieillesse de Salomon, que ses femmes détournèrent son cœur auprès d'autres dieux » (1R XI,4 et 5). L'infidélité de Salomon à garder l'alliance avec Dieu entraîna la colère divine : « Parce que tu as fait cela3, (…) Je t'arracherai le royaume (…) Seulement, Je ne le ferai pas dans tes jours, à cause de David, ton père. Mais Je l'arracherai de la main de ton fils. » (1R XI,9 à 13)

À la fin du règne, la levée de lourds impôts et l'institution de la corvée provoquent des révoltes qui aboutiront à la partition du royaume d'Israël après la mort de Salomon (-931).

Livres de Salomon

Les livres bibliques suivants sont attribués à Salomon :

Livre des Proverbes
Cantique des cantiques
Ecclésiaste (Kohelet)
  • traditionnellement
Certaines traditions attribuent le Livre de l'Ecclésiastique à Salomon

Les livres apocryphes suivants sont attribués à Salomon :

  • explicitement
Odes de Salomon
Psaumes de Salomon

Salomon dans l'Islam

Article détaillé : Sulayman (islam).

Salomon fait partie des prophètes de l'islam. Dans le Coran, c'est la 27e sourate qui parle le plus de Salomon (Sulayman), prophète et roi, tout comme son père David (Daoud). Il y est question de sa relation avec la reine de Saba. Plusieurs sourates font allusion aux épreuves et aux pouvoirs que lui aurait accordé Dieu, pouvoirs qui prennent dans les légendes populaires la forme magique du Sceau de Salomon.

Selon le Coran, Salomon (Soulayman) n'a jamais été mécréant et n’entraîna pas la colère d'Allah :

« Et [les gens] suivirent ce que les diables racontent contre le règne de Solayman. Alors que Solayman n’a jamais été mécréant mais bien les diables. »

 

La Clef de Salomon



La Clef de Salomon ou Clavis Salomonis est un grimoire anonyme du Moyen Âge. Il traite de l'invocation des démons.

L'ouvrage a probablement inspiré des ouvrages occultes postérieurs comme la Petite clef de Salomon. Des similarités existent en effet entre les deux textes au sujet des invocations, des rituels de purifications et – dans une moindre mesure – des symboles magiques. Il y a toutefois de nombreuses différences entre les deux ouvrages.

Plusieurs versions de la Clef de Salomon existent, dans des traductions diverses, avec des différences mineures ou significatives. La plupart des manuscrits datent du XVIe siècle ou XVIIe siècle, mais il existe une version en grec datant du XVe siècle.

Historique:
D'après le style d'écriture, l'ouvrage date du Moyen Âge et « il n'y a pas d'éléments permettant d'attribuer la Clef de Salomon, dans sa forme présente, à une époque antérieure au XIVe ou XVe siècle ». Beaucoup d'ouvrages attribués à Salomon furent écrits durant cette période, consécutive aux Croisades et au contact avec des kabbalistes juifs et des alchimistes arabes qui influencèrent les magiciens et démonologues européens.

Le texte ne mentionne aucun des 72 démons emprisonnés par le roi Salomon dans une urne de laiton, tels qu'ils sont repris dans la Petite clef de Salomon et partiellement dans la Pseudomonarchia Daemonum. À la différence de ces ouvrages, la Clef de Salomon ne décrit pas l'apparence ni l'œuvre de démons, mais les figures à dessiner pour la préparation de chaque rituel. Le livre contient également des termes inspirés par le Talmud et la Kabbale.

Selon l'histoire légendaire du document, présente dans son introduction, Salomon écrivit le livre pour son fils Roboam et lui commanda de le cacher dans sa tombe après sa mort. Après de nombreuses années, le livre aurait été découvert par un groupe de philosophes babyloniens réparant le tombeau de Salomon. Aucun d'entre eux n'était en mesure de comprendre le texte jusqu'à ce que l'un d'eux, Iohé Grevis, suggère de faire appel à Dieu. Un ange lui apparut alors et exigea de lui la promesse de tenir le document secret, afin qu'il ne profite pas aux indignes et aux pécheurs. Iohé Grevis put alors lire le texte et plaça une protection magique sur l'ouvrage, faisant en sorte que les sortilèges décrits ne puissent apporter aucun effet bénéfique aux personnes indignes, à celles qui ne seraient pas sages et à celles qui ne craindraient pas Dieu.

Contenu:
La Clef de Salomon est divisée en deux livres. Le premier livre contient les rituels, invocations et malédictions permettant d'appeler et de contraindre les esprits des morts et les démons, afin de les amener à accomplir le désir de l'invocateur. Le texte décrit également le moyen de retrouver des objets volés, la méthode pour devenir invisible, celle pour obtenir la faveur ou l'amour, etc. Le second livre décrit des rituels de purification que l'invocateur (appelé « exorciste ») se doit d'accomplir, ainsi que les vêtements qu'il doit porter, la fabrication des éléments magiques nécessaires aux rituels et les sacrifices animaux qui doivent être faits aux esprits.

Comme dans la plupart des grimoires médiévaux, toutes les opérations magiques doivent être faites à travers le pouvoir de Dieu, à qui toutes les invocations sont adressées. Avant le moindre rituel, l'invocateur doit confesser ses péchés et se purger de tout mal, demandant la protection de Dieu. De nombreux noms étranges sont employés au cours des rituels : ils dérivent d'anciens textes magiques arabes ou des noms hébreux de Dieu. Les rituels sont précis, décrivant les préparatifs en détail, la manière de construire les ustensiles nécessaires, les périodes astrologiques adéquates, les symboles magiques et les mots spécifiques.

L'ouvrage détaille tous les matériaux nécessaires à la fabrication d'amulettes et au tracé de dessins magiques, ainsi que les moyens de les purifier et de les préparer. De nombreux symboles incorporent des signes de l'alphabet ésotérique Transitus Fluvii. Le document contient également des instructions pour pratiquer la nécromancie, devenir invisible, faire du mal à autrui et ainsi de suite, avec les périodes zodiacales appropriées pour chacun de ces rituels.

Les « Clavicules de Salomon » sont attribuées selon les auteurs à Agrippa, Salomon ou Albert. Le terme de clavicula signifie « petite clé » et est utilisé alors comme passeport obligatoire pour accéder à la science secrète, à la connaissance et aux richesses. La Grande Clavicule de Salomon était le grimoire que tous les sorciers et magiciens se devaient d’avoir et fit sa première apparition vers les XIe-XIIe siècles. On le disait écrit par Salomon lui-même et était censé contenir tous les secrets des égyptiens.

Au XIVe siècle, à Prague centre de la magie, on prétendit que ce grimoire était en fait l’oeuvre du pape Honorius III, qui le rédigeat en 1216.

Le plus authentique des exemplaires connus se trouve à la bibliothèque de l’Arsenal, c’est celui du cardinal de Rohan.

 

apercu de quelques pages et lien pur trouvrle reste....

 

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pour la suie et d'autes renseignements ocultes.....

http://www.esoblogs.net/604/les-clavicules-de-salomon/

 

 

 

 

 

 

20 septembre 2012

la corée.....les origines......

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Histoire de la Corée

 

Des origines jusqu'en 1948


La péninsule coréenne aurait été habitée dès le paléolithique et aurait accueilli une immigration venue de Mandchourie et de la Chine du Nord entre le VIIe et le VIe siècle avant notre ère. Selon la légende coréenne, le plus ancien État fut le Choson (le «Matin calme»), qui couvrait le nord-ouest de la Corée et le sud de la Mandchourie; il fut conquis par la Chine en 108-107 avant notre ère, qui y créa quatre «commanderies»: Lolang, Xuantu, Lindun et Zhenfan.

Les royaumes de Paekche dans le sud-ouest de la péninsule, fondée en 18 avant notre ère, et de Silla dans le sud-est, fondée en 57 avant notre ère, émergèrent aux IIIe et IVe siècles, alors que l'influence chinoise s'était affaiblie. Sur la côte sud, un troisième État, appelé Kaya, rivalisait avec les autres, mais ce fut le Koguryo qui, au Ve siècle, devint le plus puissant.

1 L'unification de la péninsule coréenne

La Corée à l'apogée de l'expansion de Koguryo au Ve siècle Le Koguryo réussit à contrôler la plus grande partie de la péninsule coréenne et de la Mandchourie. Au milieu du VIe siècle, le Silla conquit le Kaya et s'empara de territoires autour de Séoul et de la vallée du Han, tandis que le Koguryo et le Paekche perdaient graduellement des portions de leurs territoires. Ces États conservèrent une forte culture distinctive. Par exemple, le Koguryo excellait dans l'art militaire, mais le Silla mit en place des institutions sociales et politiques plus durables; le Paekche entretenait des relations avec la Chine et le Japon, et développa une grande civilisation, mais il était faible politiquement et militairement.

En 668 de notre ère, le Silla, allié à la dynastie chinoise Tang et aidé par son armée, avait, cette année-là, vaincu le Koguryo et le Paekche en 660, et établit le premier État de la péninsule coréenne unifiée après avoir reconquis en 735 les deux protectorats établis par les Chinois.

Le bouddhisme, apparu dans la péninsule au IVe siècle, était devenu une force puissante au VIe siècle et inspira fortement la vie intellectuelle et artistique du Silla. Mais la culture, l'écriture et les institutions politiques chinoises eurent aussi une grande influence, car tous les États coréens adoptèrent l'écriture chinoise pour transcrire leur langue respective. Néanmoins, la culture propre au Silla fut le principal véhicule du développement coréen de cette période. Au Xe siècle, une forme d'État typiquement coréen, fortement hiérarchisé, était déjà bien implantée et, malgré plusieurs changements et problèmes ultérieurs, cette forme de gouvernement resta en place jusqu'aux temps modernes.

2 Le Koryo (918-1392)

Au cours du IXe siècle, la monarchie et les institutions gouvernementales du Silla déclinèrent, alors que les dirigeants régionaux devenaient plus puissants. De 890 à 935, les trois anciens royaumes émergèrent à nouveau dans la péninsule. Cette fois, l'État du Nord, appelé Koryo, parvint à refaire l'unité dans la péninsule. Il fut fondé en 918 lorsqu'un guerrier nommé Wang Kon obligea le roi de Silla à abdiquer. Le Koryo réunit les dirigeants régionaux sous une autorité centrale et étendit les frontières du pays au nord du fleuve Yalu. C'est alors que le Koryo entra en conflit avec la dynastie mandchoue des Khitan (rebaptisée Liao en 947). Au cours des guerres qui durèrent de 993 à 1018, le Koryo parvint à maintenir ses positions et, en 1122, il obtint une paix définitive. Le terme de Koryo (selon la transcription, Koryo ou Goryeo) est à l'origine du nom moderne de Corée (en français),Coréia (en portugais), Corea (en espagnol et en italien), Korea (en anglais, en néerlandais, en allemand, en danois, en suédois), Koreya (en russe), Koreańska (en polonais), Koreai (en hongrois), etc. C’est sous ce nom que des marchands arabes ont parlé pour la première fois de ce pays aux Européens.

Dès le début, le bouddhisme devint la religion officielle de la cour de Koryo. Il prospéra considérablement, comme d'ailleurs en témoignent les temples et les représentations, tant peintes que sculptées, du Bouddha. La cour adopta l'écriture et le système chinois des examens pour le recrutement des fonctionnaires, classés selon leurs mérites scolaires. Toutefois, contrairement à la Chine où les concours étaient ouverts aux hommes de toutes origines, il restait, au royaume de Koryo, le monopole des familles de hauts fonctionnaires. La plupart des instituts publics d'enseignement furent fondés selon le modèle éducatif chinois et leurs contenus furent centrés sur les classiques confucéens. Le programme de l'enseignement supérieur comprenait, outre les classiques confucéens, des matières plus pragmatiques comme la législation, la calligraphie et la comptabilité. L'influence chinoise grandissante favorisa l'enseignement et l'apprentissage du chinois. Dans les universités, on n'étudiait que la littérature et les sciences chinoises, le chinois étant la «langue officielle du gouvernement et de la haute société». Dans la formation des interprètes, le chinois restait la langue la plus importante. Dès le Xe siècle, un bureau chargé de la traduction et de l'enseignement des langues étrangères (le Thongmunkwan) avait commencé à former des interprètes. En 1276, ce bureau fut renforcé tant pour contrôler la qualité de la traduction que pour enseigner les langues étrangères — surtout le chinois et le japonais — de manière plus systématique.

L'épanouissement de la culture du Koryo se produisit au XIe siècle; elle fut marquée par la présence d'un gouvernement stable, dont les institutions et les méthodes étaient empreintes de l'influence chinoise. Le bouddhisme inspira l'éducation et les arts. Mais, au début du XIIe siècle, la stabilité du Koryo fut remise en cause. De puissantes familles aristocratiques luttèrent contre le trône pour contrôler la région, tandis que la dynastie mandchoue des Jin exerçait une pression extérieure, provoquant des réactions divisées de la part d'un pouvoir devenu incertain. En 1170, les militaires, irrités par la discrimination dont ils étaient victimes, chassèrent les officiels civils, et les rois perdirent leur autorité, ce qui entraîna une période de conflits intérieurs. Puis les moines finirent par acquérir de plus en plus de pouvoirs. Durant les dernières années du royaume, le bouddhisme fut gravement remis en question en raison des conflits entre les fonctionnaires lettrés et les militaires, d'une part, les confucianistes et les bouddhistes, d'autre part.

Les Mongols envahirent la péninsule en 1231, ce qui déclencha une série de guerres, lesquelles se terminèrent en 1259 par la conquête du Koryo, qui devint un État vassal de la Mongolie pendant près d’un siècle, et ce, malgré la résistance dont fit preuve, durant vingt ans, le peuple de Koryo contre les envahisseurs. Les rois de Koryo ne retrouvèrent leur position dominante que sous la gestion de commissaires résidents mongols. Grâce à l'accession au pouvoir de la dynastie des Ming en Chine, en 1368, en lieu et place de la dynastie mongole des Yuan, le Koryo put se dégager du joug mongol. Le général Yi Songkae se débarrassa de ses adversaires politiques, prit le pouvoir en 1392 et établit ainsi en Corée la dynastie des Yi, qui régna sous le nom dynastique de Choson.

3 La dynastie Choson (1392-1910)

Durant le XIVe siècle, les Coréens furent fortement influencés par des théories néo-confucianistes, qui avaient été formulées par le philosophe chinois Zhu Xi. Ce système de valeurs très développé stimula les classes moyennes de l'administration du Koryo, et leur mouvement pour une réforme politique et sociale fut à l'origine de l'accession au pouvoir de la dynastie Choson (ou Joseon).

La Dynastie Choson (XVe Siècle)

Ce n’est qu’au XVIe siècle, avec l’avènement de la dynastie Choson (1392-1910), souvent connue en Occident sous le nom de «dynastie des Yi» (nom véhiculé par les Japonais) que le confucianisme devint un puissant instrument de réorganisation étatique et sociale.

Sous le règne du roi Sejong (1418-1450), le quatrième monarque de Choson, la Corée connut un épanouissement culturel et artistique sans précédent. C’est sous son règne que des savants de l’Académie royale inventèrent l’alphabet coréen, le Hangul, un système d’écriture conçu de manière scientifique, mais simple et efficace à la fois. Ce fut l'un des premiers exemples d'interventionnisme linguistique dans l'histoire du monde. Le règne du roi Sejong marqua ce qu'on appelle «l’âge d’or» de la Corée. Nombre d’inventions et d’idées nouvelles virent le jour durant cette période, dans les domaines de l’administration publique, de l’économie, des sciences naturelles, des sciences humaines, de la musique et de la médecine.

Bien que très influencé par la culture chinoise, le Choson parvint à garder une identité propre, utilisant son système d'écriture particulier, à la fois alphabétique et syllabique. L'utilisation de ce système d'écriture très compliqué a causé des problèmes très sérieux, parce que le chinois (monosyllabe) et le coréen (polysyllabique) sont des langues très différentes.

Durant les deux premiers siècles de son existence, le royaume Choson fut bien gouverné et connut la paix, mais des divisions commencèrent à apparaître parmi l'élite au XVIe siècle. C'est au cours de cette période que le royaume fut envahi en 1592 par les Japonais, qui voulaient utiliser le pays comme base de transit pour conquérir la Chine. En septembre 1593, avec l'aide de la dynastie chinoise des Ming et des efforts de son héros national, l'amiral Yi Sunsin (1545-1598), le royaume Choson réussit à chasser les Japonais. Ces derniers renouvelèrent leur tentative en 1597, mais furent définitivement refoulés en 1598. Quelques décennies plus tard, le pays dut subir une invasion par le nord, perpétrée par la nouvelle dynastie chinoise d'origine mandchoue des Qing (1636). Le Choson dut accepter de devenir vassal de la Chine, alors que le prince héritier devait rester en otage à la cour impériale des Qing. La langue chinoise pénétra de façon plus importante dans le vocabulaire des Coréens.

Au cours des deux siècles qui suivirent, le royaume Choson fut gouverné par des rois compétents, malgré l'apparition périodique de conflits entre différentes factions. Mais des changements sociaux, économiques et religieux mirent à l'épreuve le système politique et social du royaume Choson. Le christianisme fut introduit 1784 par la Chine et propagé après 1833 par des missionnaires français. En 1864, le roi Taewonkun déclara le christianisme hors la loi et repoussa les interventions militaires de la France (1866) et des États-Unis (1871). Il tenta aussi d'éliminer la corruption et de restaurer le prestige de l'État. Les réactions politiques suscitées par ces réformes provoquèrent néanmoins la chute du Taewonkun. Le Choson demeura un royaume relativement isolé du monde occidental, mais fidèle dans son alliance avec la Chine. En réalité, la Corée devint l'enjeu des puissances chinoise, japonaise et russe. En 1876, les Japonais obligèrent le pays à établir des relations diplomatiques avec eux, tout en affaiblissant les liens traditionnels du royaume avec la Chine. La victoire du Japon sur la Chine (1895) et sur la Russie (1905) permit l'annexion officielle de Choson par le Japon en 1910, ce qui mit fin à la plus longue dynastie (celle des Choson) qu'ait connue l'histoire du monde.

En 1897, le 26e roi de la dynastie Choson (1392-1910), agissant sous l'influence des idées occidentales et poussé par les Japonais, se déclara «empereur des Han» (le nom ancien des tribus coréennes, à ne pas confondre avec la dynastie chinoise du même nom) et proclama ainsi son égalité avec l'empereur de Chine tout en affirmant son indépendance politique. Un nouveau nom pour le pays a été donné: Taehancheguk («le Grand Empire Han»).

Au chapitre de la langue, le coréen, qui n'avait jusqu'alors qu'un statut de langue orale, commença à s'affirmer comme langue écrite à partir des réformes amorcées en 1894.  Le statut officiel du chinois mandarin fut supprimé et le coréen est devenu la seule langue officielle (kugo); les anciens noms péjoratifs accolés au coréen (onmun «langue de mauvais goût», pancheol «dialecte», etc.) tombèrent en désuétude. Néanmoins, l'enseignement du chinois classique se poursuivit dans les écoles ainsi que l'influence du système d'écriture japonais (la combinaison de caractères chinois et des lettres coréennes). Le premier journal en langue coréenne, le Tongnipsinmun (Journal de l'Indépendance) fut publié en 1896. Il se développa alors en Corée une période de purification linguistique destinée à supprimer l'écriture chinoise dans la langue coréenne écrite. Après la signature des traités d'amitié et de commerce (1882-1886), l'enseignement des langues occidentales (anglais, allemand et français) et des sciences humaines dans les nouvelles écoles permit aux Coréens de se rendre compte des dimensions du monde.

4 La domination japonaise (1910-1945)

[Zainihon Daikanminkoku Dan (Mindan)] L'occupation japonaise avait commencé avec le «traité de protection» de 1905, imposé au pays après la guerre russo-japonaise, par lequel le Japon prenait le contrôle des Affaires étrangères de Choson, puis de la police et de l'armée, de la monnaie et du système bancaire, des communications ainsi que de tous les secteurs vitaux. L'assassinat de la reine coréenne pro-russe mit fin à la dynastie Choson en 1910 et, le 29 août de la même année, la Corée fut annexée par le Japon, malgré l'hostilité des Coréens. Cette occupation allait durer trente-cinq ans, soit jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. De 1910 à 1918, le Japon consolida ses positions en éliminant les nationalistes, en prenant le contrôle des terres et en imposant des changements administratifs draconiens.

Au plan linguistique, le Japon fit tout pour éliminer la langue coréenne et la remplacer par le japonais. Le chinois fut placé au même rang que les autres langues étrangères, le japonais devenant la langue officielle de la Corée. La politique linguistique reposa sur l'enseignement forcé du kokugo, la «langue nationale», c'est-à-dire le japonais. Dès 1911, un décret impérial fut promulgué en Corée sur l'éducation; il était destiné à «faire des Coréens un peuple fidèle». Après le soulèvement coréen du 1er mars 1919, un second décret impérial établit en 1922 un système d'enseignement primaire en six années, comme au Japon, et supprima les écoles traditionnelles coréennes qui assuraient l'éducation en coréen. Dans ces nouvelles écoles, on utilisa uniquement des manuels japonais identiques à ceux de la métropole. Un autre décret impérial fut promulgué en 1937. C'est alors que la japonisation devint plus sévère. Naisen ittai était le slogan officiel, c'est-à-dire «faire des Coréens des Japonais à part entière» (littéralement Japon et Corée, un seul corps). Des linguistes coréens patriotes tentèrent de réagir contre la normalisation japonaise en publiant une première grammaire moderne (Tachan munjôn) en 1909, suivie d'une grammaire nationale (kugô munbôp) en 1910 et d'une phonétique (Mal-ûi sori) en 1914. Des sociétés savantes se formèrent pour définir la langue coréenne. Lorsque cde fut le temps de rédiger un dictionnaire, plusieurs linguistes coréens furent arrêtés «pour activités anti-japonaises» et certains moururent en prison. En 1933, commença le Projet d'unification de l'orthographe du coréen effectué par la Société d'étude de la langue coréenne. Mais les conditions coloniales qui régnait alors en Corée ne permit pas de mener à bine cette entreprise.

La politique linguistique reposa sur l'enseignement forcé du kokugo, la «langue nationale», c'est-à-dire le japonais. Les autorités japonaises encouragèrent les populations locales à abandonner d'elles-mêmes le coréen pour la «langue nationale». Dès 1911, un décret impérial (Rescrit) sur l'éducation fut promulgué en Corée sur l'éducation; très similaire à celui de Taiwan, il était destiné à «faire des Coréens un peuple fidèle». Les article 2 et 5 se lisent comme suit: :

Article 2

Les activités pédagogiques doivent être basées sur la pensée fondamentale du Rescrit impérial concernant l'éducation, et éduquer les Coréens à devenir de pieux sujets de l'Empire.

Article 5

L'éducation normale doit viser comme objectif, de dispenser aux enfants des connaissances et des habiletés normales, et de leur inculquer les caractéristiques de la citoyenneté japonaise et la diffusion de la langue nationale.

Après le soulèvement coréen du 1er mars 1919, un second décret impérial établit en 1922 un système d'enseignement primaire en six années, et supprima les écoles traditionnelles coréennes qui assuraient l'éducation en coréen. Dans ces nouvelles écoles, on utilisa uniquement des manuels japonais identiques à ceux de la métropole. Un autre décret impérial fut promulgué en 1937. C'est alors que la japonisation devint plus sévère. Naisen ittai était le slogan officiel, c'est-à-dire «faire des Coréens des Japonais à part entière» (littéralement «Japon et Corée, un seul corps»).

La troisième version du programme japonais en éducation (en 1938) supprima l'enseignement de la langue coréenne, demeuré facultatif, et accentua la japonisation dans les programmes d'études.  Le Règlement sur les écoles primaires, qui a été révisé la même année, déclarait : 

Article 1er

L'école primaire, tout en portant une attention prudente au développement physique des enfants, doit inculquer chez les enfants les principaux moraux de la nation et leur dispenser des connaissances normales essentielles à la vie nationale, et éduquer les Coréens à devenir de pieux sujets de l'Empire

Plus loin, l'article 16 obligeait les écoles à utiliser le japonais (la «langue nationale») comme langue d'enseignement. Ainsi, l'enseignement du coréen fut interdit dans les écoles primaires dès 1939, les élèves étant surpris à parler coréen étaient punis ett devaient parfois porter une pancarte infamante. Les Coréens furent obligés d'adopter des noms japonais s'ils voulaient bénéficier de droits comme citoyens. Cette obligation de renoncer à leur nom a vivement marqué les mentalités en Corée, où elle se heurta à une vive résistance. Le gouvernement japonais interdit aux Coréens de parler coréen dans la rue et décerna des diplômes d'honneur aux «familles qui n'utilisaient que le japonais à la maison». Toutes les publications en langue coréenne furent interdites: les premiers rédacteurs du grand dictionnaire de coréen furent arrêtés en 1942; l'année suivante, la Société pour l'étude de la langue coréenne, fondée en 1921, fut dissoute. Les écrivains coréens furent forcés de publier seulement en japonais. L'enseignement de l'anglais régressa (supplanté par le japonais) et fut même interdit à la suite de la guerre entre le Japon et les Alliés. 

Parallèlement, l'enseignement de la langue allemande fut renforcé vers la fin de l'occupation japonaise. Suivant une tradition instaurée par les Japonais, la plupart des lycées coréens enseignaient l'allemand. Curieusement, la mobilisation des jeunes conscrits coréens dans l'armée japonaise se fit sans difficultés majeures; beaucoup de Coréens réquisitionnés furent employés à la garde des prisonniers de guerre. Puis, après la guerre, les Américains les considéreront comme des «criminels de guerre» parce qu'ils les assimileront à des «collaborateurs du Japon», la politique de japonisation s'étant retournée contre ces Coréens abandonnés par les Japonais.

Mais avant la guerre, le Japon intensifia son contrôle en supprimant les mouvements nationalistes de gauche et en favorisant ceux de droite. Les efforts d'assimilation, incluant des mesures draconiennes telles que l'interdiction de la langue coréenne et même des noms de famille coréens, ne prirent fin qu'avec la défaite du Japon (1945) pendant la Seconde Guerre mondiale. Parallèlement, les Japonais favorisèrent la chasse aux mots chinois dans la langue coréenne et dévalorisèrent l'usage des caractères chinois restés populaires en Corée. Cette période d'occupation a entraîné un rejet systématique de la culture japonaise par les Coréens et la montée du nationalisme coréen, bien que la langue coréenne s'imprégna de quantités de mots japonais. Les intellectuels, exaspérés par la politique japonaise d’assimilation, revendiquèrent leurs différences et luttèrent pour se distancier culturellement de leurs oppresseurs. Les mouvements pour l’indépendance développèrent chez les Coréens un fort sentiment d’identité nationale et de patriotisme.

5 La partition de la Corée (1948)

En février 1945, à la conférence de Yalta, peu de temps avant la fin de la guerre dans le Pacifique, les États-Unis et l'URSS s'entendirent pour diviser la Corée au niveau du 38e parallèle pour veiller à la reddition et au désarmement des troupes japonaises. Voici comment le Département d'État américain explique la situation:

Japan surrendered in August 1945, and Korea was liberated. However, the unexpectedly early surrender of Japan led to the immediate division of Korea into two occupation zones, with the U.S. administering the southern half of the peninsula and the U.S.S.R taking over the area to the north of the 38th parallel. Le Japon s'est rendu en août 1945 et la Corée a été libérée. Cependant, la reddition du Japon, hâtive et inattendue, mena à la division immédiate de la Corée dans deux zones d'occupation, les États-Unis administrant la moitié du sud de la péninsule et l'URSS s'emparant de la zone située au nord du 38e parallèle.

La reddition du Japon ne fut pas «hâtive et inattendue» («the unexpectedly early surrender»), puisque les États-Unis savaient depuis des mois que le Japon avait l'intention de capituler, soit bien avant que les bombes atomiques soient larguées sur Hiroshima et Nagasaki. En réalité, les Américains virent d'un mauvais oeil l'entrée de l'URSS (le 8 août 1945) dans le conflit contre le Japon, car ils craignaient une mainmise soviétique sur l'ensemble de la péninsule coréenne. C'est alors que Washington proposa que les Soviétiques occupent le pays depuis le nord jusqu'au 38e parallèle et que les États-Unis occupent le reste. Staline accepta aussitôt! Il est donc farfelu de croire que les État-Unis voulurent simplement administreradministering») un territoire, tandis que l'URSS s'emparait du Nord («taking over the area to the north»). C'est beaucoup plus simple: les soi-disant libérateurs de la Corée avaient décidé de s'en partager les dépouilles afin d'assurer leur influence dans cette région devenue hautement stratégique pour leurs intérêts. Autrement dit, les efforts des Coréens en vue d’établir un gouvernement indépendant furent réduits à néant par l’«influence» l'occupation des États-Unis au sud et celle de l'Union soviétique au Nord.

Puis les deux grandes puissances utilisèrent leur présence militaire pour imposer des gouvernements amis. L'URSS supprima les nationalistes modérés dans le Nord et apporta son soutien à Kim il Sung, un communiste qui avait mené une guérilla anti-japonaise en Mandchourie. Dans le Sud, il existait un mouvement de gauche très développé, opposé à plusieurs mouvements nationalistes de droite. Incapables de trouver un mouvement modéré favorable aux Américains, qui aurait pu rapprocher les deux extrêmes, les États-Unis finirent par éliminer la gauche et apporter leur soutien à Li Sungman [Syngman Rhee], un nationaliste qui s'était opposé aux Japonais et avait vécu en exil aux États-Unis.

Tous les Coréens furent favorables à la réunification, mais, dans le contexte de la guerre froide, les conférences américano-soviétiques pour l'unification (1946 et 1947) suscitèrent une méfiance réciproque. En 1947, les deux grandes puissances commencèrent à organiser des gouvernements distincts. Des élections organisées par les États-Unis le 10 mai 1948 (observées par les Nations unies) aboutirent à la victoire du parti de Li Sungman — qui fut élu président — et à la création de la république de Corée, proclamée le 15 août 1948. En réaction, le Nord fit de même et, le 25 août 1948, créa la République populaire démocratique de Corée proclamée le 18 septembre 1948. Kim il Sung devint premier ministre du nouveau gouvernement. Dès lors, l'armée soviétique et l'armée américaine se retirèrent temporairement des deux moitiés de pays qu'elles occupaient et laissèrent face à face les deux États.

Le 25 juin 1950, les forces nord-coréennes, sans avoir été provoquées, franchirent le 38e parallèle et attaquèrent le Sud, ce qui déclencha la guerre de Corée, qui devait durer trois ans. Plus de 1,4 million de Coréens perdirent la vie au cours du conflit. Aux États-Unis, on vit dans cette guerre la preuve flagrante que le communisme représentait la plus grave menace à la sécurité nationale.


Voyage dans l’imaginaire coréen. Légendes, mythes et contes de Corée

Hye-Gyeong Kim

 

En 2000, paraissait en coréen, traduit du japonais, l’ouvrage de l’historien coréen Shon Chin-T’ae (손진태) (1900- ?) Légendes, mythes et contes  de Corée (한국 민화에 대하여). Ce livre écrit dans les années 1930 marque un tournant dans la recherche ethnologique en Corée.

Shon Chin-T’ae, né en 1900, à Pusan dans la province du Kyǒngsang, part en 1921 effectuer ses études d’histoire au Japon, à l’université de Waseda, où dès cette période, il porte un grand intérêt au folklore. Pendant ses études, il revient souvent en Corée pour les vacances et commence la collecte de son matériau scientifique. Il termine ses études en 1927, travaille dans l’édition au Japon, part ensuite voyager dans toute la Corée, alors un seul pays, et rassemble les contes, les légendes et les mythes racontés par les gens du peuple.

En 1933, il retourne définitivement en Corée et enseigne à l’actuelle université de Yǒnse. En 1945, il est nommé professeur au département d’histoire de l’Université nationale de Séoul et devient, en 1950, président de la faculté de lettres de l’Université nationale de Séoul et vice-ministre de l’Éducation Nationale.

La même année, la guerre de Corée éclate (1950-1953) ; Shon Chin-T’ae est kidnappé et emmené en Corée du Nord. L’information selon laquelle il serait mort en 1950 n’a jamais pu être confirmée.

Historien, ethnologue, Shon Chin-T’ae crée à son retour du Japon en 1933 l’Association pour la recherche sur l’ethnologie coréenne et publie la première revue d’ethnologie du folklore intitulée Folklore coréen. Le point de vue qu’il développe, de 1920 à 1930, en matière de recherche sur le folklore est de reconnaître l’universalité de la culture populaire, en dépassant la situation du moment (dans cette période, la Corée est occupée par le Japon). Il n’aborde pas seulement les contes, mythes et légendes, mais s’intéresse aussi aux religions primitives du peuple, telles que le chamanisme, par exemple.

En tant qu’historien, il se fixe comme objectif, à la fin des années 1930, de construire une pratique scientifique neuve. Il publie des ouvrages sur l’histoire de la Corée, qui ne sont pas seulement l’histoire de la royauté et de la noblesse, mais aussi l’histoire du peuple coréen. Son action, en avance sur son temps, a été décisive pour la recherche en histoire et en ethnologie, et l’est aujourd’hui encore.

Au mois de décembre 2002, il a été désigné par le ministère de la Culture et du Tourisme coréen comme « personnage représentatif de la culture coréenne ».

Légendes, mythes et contes de Corée (한국 민화에 대하여)

Durant des années, Shon Chin-T’ae sillonna le pays et écouta les histoires racontées par les gens simples. L’ouvrage qui s’ensuivit est un recueil de contes, de mythes, de légendes populaires de Corée. Publié pour la première fois au Japon en 1930 sous le titre Collection de contes populaires de Chosǒn, il présente cent cinquante-quatre contes rassemblés par l’auteur lui-même. Ce livre sera traduit pour la première fois en coréen en 2000.

L’ouvrage se divise en quatre parties : les mythes et légendes ; les contes folkloriques, les histoires ironiques et anecdotes ; les contes populaires. On trouve dans cet ouvrage des thèmes chers aux Coréens, l’honneur, la famille, les valeurs traditionnelles, la nature, traités avec humour et parfois ironie.

Dans le premier chapitre consacré aux mythes et aux légendes, on découvre la manière dont le peuple coréen se représente l’origine du monde, du temps, le soleil, la lune, les étoiles, la montagne, la mer, les rivières… Dans le deuxième chapitre intitulé « Contes folkloriques sur la croyance », sont évoqués les coutumes et les tabous des Coréens, par exemple celle de l’heure des offrandes aux ancêtres ou pour quelle raison on ne doit pas jeter les rognures d’ongles des mains et des pieds n’importe où ni n’importe comment. Des fables, des histoires ironiques sont rassemblées dans le troisième chapitre de cet ouvrage. On y rencontre le bestiaire coréen, du tigre un peu ridiculisé, métaphore de la critique des grands, jusqu’aux dérangeantes puces. On découvre aussi comment les trois sœurs naïves ne savent pas du tout se comporter la nuit de leurs noces, mais aussi comment les hommes mariés agissaient préventivement contre l’adultère de leur femme. Enfin, dans le quatrième chapitre, on peut lire vingt-trois contes populaires sur les quatre géants, les dimensions de la baleine et la taille de la crevette, le voleur à neuf têtes…

Ce livre n’est pas une adaptation de contes souvent transformés en histoires à raconter aux enfants, mais le fruit d’un travail de chercheur, historien, ethnologue, profondément convaincu de la valeur de la culture populaire et désireux de saisir, dans cette période trouble de l’occupation japonaise, les éléments qui cimentent la culture nationale de la Corée.

Cet ouvrage est particulièrement intéressant au sens où il est un travail de recherche, avec toute la rigueur scientifique que cela suppose, mais aussi le respect de la parole populaire, retranscrite fidèlement.

De Pusan à la frontière chinoise, de ville en village et en hameau, ces histoires retracent l’itinéraire de Shon Chin-T’ae à travers le pays. Jour après jour, il collecte les histoires issues de la culture populaire et de la tradition orale alors fortement ancrée.

Il n’hésite pas à multiplier les narrations, à donner plusieurs versions, à varier les locuteurs, sans jamais commenter ou intervenir. Il collecte ces histoires fantastiques ou superstitieuses, souvent considérées par leurs auteurs comme déraisonnables, au point que bon nombre d’entre eux ne veulent plus les raconter à leurs enfants et à leurs petits-enfants, au risque de voir un pan entier de la culture orale s’éteindre.

Transmises oralement à travers les générations, ces histoires le plus souvent racontées par les gens des campagnes, jeunes ou vieux, leur permettent d’interpréter le monde. Ces contes témoignent de l’humour et de l’ironie, parfois féroce, avec laquelle les gens du peuple marquent l’histoire du pays, la vie quotidienne, le rapport avec les riches et les puissants de l’époque. Venues de la lointaine tradition, les légendes disent l’histoire de ceux qui sont partis à la découverte du monde et qui, une fois revenus, réintègrent le monde des vivants ou le monde céleste, pour former une nouvelle vision du monde et travailler à la stabilité des rapports entre les individus.

La profonde originalité de l’ouvrage repose sur l’identité de ceux qui racontent. Il ne s’agit pas ici d’histoires venues de la lointaine mythologie coréenne mais de la parole de monsieur Untel, de tel village, tel jour. Cet ouvrage est donc le recueil d’une culture vivante. Dans ce monde dominé aujourd’hui par la technologie, ces légendes et mythes illustrent un passé qui, loin de disparaître, témoigne de son étonnante vigueur imaginative.

Fidèle à la posture de chercheur qui intervient le moins possible, Shon Chin-T’ae rapporte les histoires et donne des points de repère, tels que les locuteurs le disent. Ainsi, de l’actuelle Corée du Nord à la Corée du Sud, ces conteurs deviennent les garants de ce qu’ils racontent et placent le lecteur en fidèle observateur de la tradition.

Shon Chin-T’ae entreprend ce travail dans la période d’occupation japonaise qui marqua durement le peuple coréen. Il parcourt la Corée du nord au sud nous montrant combien le patrimoine folklorique de la Corée se joue des frontières. Dans cette période de lourdes menaces sur l’identité coréenne, il montre que la culture populaire est un moyen de produire une histoire vivante du pays qui concourt à maintenir l’identité et la solidarité du peuple coréen0.

Chaque histoire est datée et le nom du village ou du hameau est signalé, de sorte que l’on peut suivre l’itinéraire emprunté par Shon Chin-T’ae et découvrir la méthode utilisée pour la collecte du matériau.

En témoignant de l’imaginaire social, le livre nous donne à voir comment le peuple se saisit du patrimoine mythologique et le prolonge en incarnant des aspects de la condition humaine ; Shon Chin-T’ae s’inscrit résolument dans le courant moderne de la recherche historique.

Avec l’édition de ces contes, on peut découvrir ou redécouvrir la Corée, telle qu’elle se présente au début du xxe siècle, dans ses contextes symboliques, linguistiques, politiques et sociaux.

Avec ce travail d’ethnologue, Shon Chin-T’ae construit aussi une pratique scientifique interdisciplinaire qui fera largement école en Corée et dont l’influence continue d’agir aujourd’hui. C’est d’ailleurs dans la même période qu’il organise cette discipline scientifique en créant une société savante et une revue.

Parmi cent cinquante-quatre mythes, légendes et contes de ce livre, nous présentons ici deux mythes qui reflètent l’imaginaire des Coréens à propos du soleil, de la lune et des étoiles, avant que les humains ne les aient explorés scientifiquement.

Traduction

Le soleil, la lune et les étoiles

(Histoire racontée par le jeune Chang Dong-Wǒn, à Hamhǔng, province du Hamkyǒng du Sud, le 14 août 1923.)

1-Jadis, il y a de cela de longues, longues années, vivait une mère avec ses trois fillettes et son nouveau-né. Une nuit, au retour des courses, la mère se trouva dans la montagne face à face avec un tigre qui s’apprêtait à la dévorer.

2-« Ne vaudrait-il pas mieux dévorer mes quatre enfants qui sont à la maison, au lieu de me dévorer moi ? » dit-elle. Le tigre lui demanda alors le prénom de ses enfants. La mère lui donna les noms de ses fillettes : « Haesuni, Talsuni, Pyǒlsuni », tandis qu’elle lui disait que le bébé n’avait pas encore de prénom. Le tigre pourtant la dévora et alla frapper à la porte de chez elle : « Haesuni, Talsuni, Pyǒlsuni, ouvrez vite la porte », s’écria-t-il.

3-Les fillettes, ne reconnaissant pas la voix de leur mère, eurent des soupçons.

4-« Si vous êtes vraiment notre maman, montrez-nous votre main », demandèrent alors les enfants. Après avoir observé cette main, les enfants lui dirent : « Pourquoi votre main est-elle aussi jaune que cela ?

5– J’ai glaise le mur de la grand-maison, c’est pour cette raison que mes mains sont devenues ainsi », répondit le tigre.

6-« S’il en est ainsi, montrez-nous vos jambes », demandèrent alors les enfants.

7-Le tigre tendit ses pattes. Les fillettes les regardèrent en détail et lui demandèrent : « Pourquoi vos jambes sont-elles si noires ?

8– J’ai été battu à la grand-maison et cela m’a laissé une trace bleue sur les jambes. C’est pour cela qu’elles sont devenues ainsi », répliqua le tigre.

9Pensant qu’il s’agissait tout de même de leur mère, elles ouvrirent la porte. À la demande du tigre : « Passez-moi le bébé », les fillettes le lui passèrent. L’ayant pris, le tigre se dirigea vers la cuisine. Peu de temps après, les enfants entendirent mâcher durement quelque chose, ududuk, ududuk…

10Justement, les enfants avaient très faim. « Maman, qu’est-ce que tu manges toute seule ? Donne-nous-en un peu», demandèrent-elles. Mais elles ne reçurent aucune réponse. Les fillettes allèrent à la porte et jetèrent alors un coup d’œil furtif par un trou fait dans le ch’anghoji, pour voir ce que celle-ci mangeait. Elles découvrirent le tigre en train de mâcher les os des doigts du bébé. Elles voulurent alors s’enfuir, mais elles pensèrent que si elles étaient prises au moment de filer, il leur arriverait un grand malheur. Si bien qu’elles mirent au point la ruse suivante. « Maman, nous avons tellement envie d’aller aux toilettes. C’est possible ? » demandèrent-elles. Mais le tigre ne leur donna pas la permission et leur dit : « Non, c’est impossible. » Les enfants lui demandèrent de nouveau : « Est-il permis alors de faire caca sur le seuil de la porte de derrière ? » Cette fois, le tigre donna la permission. Faisant semblant d’aller faire leurs besoins, les petites s’échappèrent par la porte de derrière et grimpèrent dans un grand arbre qui s’élevait au milieu de la cour, à côté du puits.

11-La terrible bête sauvage chercha les fillettes jusqu’au puits. Le tigre remarqua à la surface de l’eau le reflet de trois visages d’enfants. C’est ainsi qu’il découvrit les trois fillettes dans l’arbre.

12-« Haesuni, Talsuni, Pyǒlsuni, comment êtes-vous arrivées à monter là-haut ? demanda-t-il.

13– Nous avons emprunté l’huile de sésame à la grand-maison, nous avons huilé l’arbre et nous sommes montées », mentirent les enfants.

14-Le tigre fit comme elles avaient dit, mais il glissait, si bien qu’il ne put monter.

15-« Mes petites, comment êtes-vous arrivées à monter ? » demanda-t-il à nouveau.

16-Sans réfléchir, l’une des trois sœurs lui dit : « Va emprunter à la grand-maison une hache pour faire quelques entailles à l’arbre. » Le tigre fit ainsi et commença à grimper facilement, ch’ǒk, ch’ǒk.

17-Ne pouvant rien faire, les trois sœurs se mirent à prier le Seigneur des Cieux : « Hanǔnim, envoie-nous une corde d’argent. » Le Ciel écouta leur prière et fit descendre trois cordes d’argent. Aussitôt, chacune saisit une corde et les trois cordes s’élevèrent d’un trait vers le ciel, tsuk, tsuk.

18-Sur l’arbre, le tigre demanda encore : « Haesuni, Talsuni, Pyǒlsuni, comment êtes-vous arrivées à monter ?

19– Prie Hanǔnim de t’envoyer une corde pourrie », mentirent-elles à nouveau. Le tigre pria d’après le conseil des enfants. Pour le tigre aussi, évidemment, une corde descendit du ciel. Et pendant qu’il s’élevait vers le ciel, la corde, parce qu’elle était pourrie, se rompit. Le tigre, tombant dans le puits, mourut.

20-Parvenues au ciel, les trois petites filles furent transformées : Haesuni devint le soleil, Talsuni la lune et Pyǒlsuni les étoiles

L’origine de la Grande Ourse

(Histoire racontée par la grand-mère d’Ippuni, 69 ans, à Hamhǔng, province de Hamkyǒng du Sud, le 28 août 1923.)

21Il était une fois une veuve qui vivait quelque part. Elle avait sept fils tous dévoués à leur mère. En hiver, pour que la vieille mère puisse dormir au chaud, ils allaient dans la montagne chercher des bûches de bois et allumaient le feu dans l’ondol.

22Mais la mère disait tout le temps qu’elle avait froid et avait l’air toujours triste. Même s’ils mettaient tant de bûches qu’ils en risquaient de brûler le sol, la mère disait encore qu’elle avait froid. Et même pendant les périodes de chaleur caniculaire, elle disait avoir froid. Ses fils ne pouvaient plus la comprendre.

23Un jour, le fils aîné se réveilla dans la nuit et remarqua que sa mère n’était plus à la maison. Il eut une intuition si bien qu’il attendit le retour de sa mère et passa une nuit blanche. En fin, à l’aube, la mère rentra furtivement.

24La nuit d’après, le fils aîné suivit sa mère en cachette. Elle arriva au bord d’un ruisseau qui courait à l’entrée du village, remonta le bas de sa jupe et franchit le ruisseau en répétant : « Ah ! Elle est glaciale » – c’était l’hiver. Ensuite, elle se dirigea vers une pauvre chaumière, de l’autre côté de la rivière. S’arrêtant devant cette maison, la mère dit : « Monsieur, vous êtes là ? » De la chaumière, un vieux sortit et dit : « C’est vous, madame ? », et il l’accueillit.

25Ce vieil homme était veuf, pauvre et vivait en tressant des sandales de paille, pour gagner sa vie. Les deux rentrèrent et se grattèrent le dos l’un l’autre.

26Le fils aîné comprit sa mère. Il rentra immédiatement à la maison, réveilla ses petits frères et leur raconta tout. Aussitôt, les sept frères fabriquèrent un passage à gué, pour que leur mère puisse franchir sans peine la rivière en hiver. Ensuite, ils firent semblant de rien et allèrent dormir.

27Au moment où la mère s’en retourna à la maison, elle fut surprise de trouver le passage à gué, qui n’existait pas à l’aller. Pourtant, même en rêve, elle ne pouvait imaginer que ce fût ses fils qui l’avaient fait. Tout de même, elle ne savait pas comment remercier la personne qui avait fait cela et pria le Ciel : « Dieu des Cieux, fais que la personne qui a fabriqué ce passage à gué devienne la Grande Ourse, au nord ou bien au sud. »

28Par la suite, après la mort des sept enfants, suivant la prière de leur mère, ils devinrent la Grande Ourse dans le ciel du Nord.

 

 

 

 

 

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